REVUES
CAHIERS DE LINGUISTIQUE, n° 41/2, 2016, dossier « Sociolinguistique et éducation – Contributions au repérage du champ avec exemples de diversités linguistiques sur des terrains variés», coordonné par Philippe Blanchet, Louvain-la-Neuve, EME Éditions (178 p., 25 euros).
Ce recueil d’articles réunit neuf travaux (précédés d’une présentation de P. Blanchet et suivis de deux notes bibliographiques) portant sur le multi-/plurilinguisme et tente de mettre en perspective quatre grands pans d’analyse : apprentissage des langues, ressenti linguistique des sujets parlants, répercussions psychologiques / politiques / sociales, éducation. Le terme éducation est ici à appréhender dans un sens large. Le terme renvoie certes à l’apprentissage scolaire ou universitaire (apprentissage des langues), mais également à la formation par le biais de sources d’informations, comme les journaux dont on connait l’impact sociologique sur les lecteurs – même si l’article en question tend à montrer l’influence du lectorat (ou de la doxa) sur la rédaction des articles journalistiques (P. Delormas).
Le recueil prend une orientation clairement politique et axiologiquement marquée, puisque certaines études dénoncent les décisions des pouvoirs publiques (immobilisme ou régression des mesures adoptées). Certains articles partent d’un constat de manque (mauvaise maitrise de la langue cible, voir M. Haidar, D. Moore et C. Sabatier ; lacunes dans les formations d’enseignants, voir É. Lebreton) et stigmatisent alors les politiques d’enseignement et les supports pédagogiques, inadaptés aux réalités culturelles et pratiques des apprenants. Une autre série de travaux insiste non plus sur les lacunes mais, au contraire, tend à montrer que ces supposés manques sont en réalité révélateurs des interférences entre langues. Les auteurs invitent alors à changer les conceptions sur le multilinguisme et à passer d’un apprentissage prescriptif à un apprentissage descriptif, par le retour à une « grammaire comparée », pourrait-on dire. Tel est le message du très riche article de C. Héliot, savamment illustré par les articles de G. N’Zapali-Te-Komongo et M. Lebon-Eyquem, les trois articles offrant une très belle cohérence. Enfin, deux travaux rappellent le poids de l’éducation, qu’elle soit familiale (E. Klett) ou sociopolitique (A. Becetti), sur les phénomènes langagiers et les préférences linguistiques des locuteurs.
En somme, en dépit de quelques coquilles et d’une hétérogénéité dans la présentation des références bibliographiques des articles, ce recueil présente des terrains d’étude variés (que ce soit d’un point de vue spatial ou sur l’angle d’approche de la thématique) et l’on espère que certains travaux, de grande qualité, aideront les enseignants à revoir leur conception sur la diversité linguistique et à saisir cette dernière comme un véritable atout.
Tatiana TAOUS
LANGAGE & SOCIÉTÉ, n° 157, 2016, dossier « Apprendre les langues. Jeux de pouvoir et enjeux identitaires », coordonné par Chiara Bemporad (148 p., 16,50 euros).
Ce numéro propose une série d’étude touchant deux disciplines : l'enseignement des langues étrangères et la sociolinguistique, au confluent de la formation des enseignants de langues et des recherches en sciences du langage. Le dossier comprend cinq contributions, avec en introduction : « Apprendre les langues : jeux de pouvoir et enjeux identitaires » par Chiara Bemporad ; « Investment and Language Learning in the 21st Century » par Ron Darvin & Bonny Norton ; « L'investissement dans la littératie : identités sociales et capital symbolique » par Chiara Bemporad & Thérèse Jeanneret ; « Les théories de l'investissement et la prise en compte de la matérialité dans les situations d'apprentissage des langues » par Diane Dagenais & Kelleen Toohey ; « Investissement langagier et économie politique » par Alexandre Duchêne... Suit la rubrique « Varia », sur « L'acculturation linguistique (français/langue régionale) des enfants de migrants en Corse : représentations et dimension socio-identitaire » par Jean-Michel Géa.
On lira également avec intérêt un numéro antérieur de cette revue (le n° 156 paru au premier semestre 2016), avec un dossier coordonné par Josiane Boutet, qui passe en revue les « Pratiques des langues en France » et « Les enquêtes statistiques » qui les légitiment.
CARREFOURS DE L’ÉDUCATION, n° 41, juin 2016, dossier « La réforme en éducation au XXe siècle en France », coordonné par Bruno Poucet & Antoine Prost (292 p., 20 euros).
Au sommaire, après l’introduction de B. Poucet et A. Prost, dans la rubrique « Études et recherches », les articles d’A. Prost « Réformes, rapports et commissions », d’Évelyne Héry « La réforme pédagogique des lycées en 1902 », de Jean-Yves Seguy « L’amalgame : une réforme inaboutie », d’André D. Robert « La commission Cathala et le modèle anglais, Londres 1942- 1943 », d’Yves Verneuil « La création du CAPES : révolution ou innovation contrariée (1950- 1952) ? », de Jean-François Condette « Réformer l’Enseignement supérieur français. L’action du recteur d’académie (1896-1968) », de Yann Forestier « Face aux réformes, les réticences influentes de “ceux qui aiment l’École” : analyse sociohistorique », de Lydie Heurdier « Expansion et transformation de l’enseignement spécial : le tournant des années 1960 », de Fabienne Maillard « La réforme de la voie professionnelle : une politique scolaire ? », de Claude Lelièvre « Le “socle commun” » ; suivi d’une note de synthèse d’Ismail Ferhat « Les gauches et les réformes éducatives : quel(s) regard(s) des sciences sociales sur un couple complexe ? » ; d’une rencontre avec Dominique Raulin & Bernard Toutlemonde, mise en texte par B. Poucet, « La réforme en éducation, vue par des acteurs » ; et, dans la rubrique « Varia », les articles de Julien Netter « Élise Freinet, une pédagogue de l’art enfantin », de Julien Netter « Une exposition “clés en main” : la difficile prise en compte des apprentissages dans le partenariat scolaire ».
RECHERCHES EN DIDACTIQUES – LES CAHIERS THÉODILE, n° 21, mars 2016, dossier « Pratiques et recherches en didactiques », coordonné par Ana Dias-Chiaruttini & Nathalie Salagnac (142 p., 15 euros).
Ce volume reprend les objectifs généraux de la revue en prolongeant le dialogue entre chercheurs de didactiques différentes, à partir de travaux qui se centrent sur le sujet apprenant, notamment en Tunisie, en France et au Québec. Au sommaire : « Traiter de l'histoire du vivant : assujettissements et problématisation non formelle » par Sonia Kebaïli & Atf Azzouna ; « L'oral “pour soi” : tactiques automédiatrices pour l'élaboration de justifications écrites » par Marie- Hélène Forget; «La posture de décentration de l'enseignant au cours des interactions langagières » par Dalila Moussi ; « Le processus didactique en sciences médicales et éducation thérapeutique » par Dominique Bonnet & Chantal Eymart ; et dans la rubrique « Documents et textes de références, l’« Entretien avec Christian Grataloup », par Catherine Souplet. Enfin, une lecture critique est proposée d'un ouvrage récent sur les référentiels en didactique du curriculum.
RECHERCHES, », n° 64, juin 2016, dossier « Aider (222 p., 15 euros).
Ce numéro montre que « enseigner, c’est aider à apprendre, et aider à apprendre, c’est identifier les obstacles à l’apprentissage, utiliser et concevoir des moyens de les lever, et imaginer des facilitations ». Les contributions vont de la conception des cours pour une classe entière à l’aide individualisée et/ou spécialisée, du cadre de la classe à l’extérieur, du cadre disciplinaire à un cadre transdisciplinaire... Le sommaire aborde ainsi : « La prescription institutionnelle de l'aide : mots d’ordre et désordres » par Marie-Michèle Cauterman & Bertrand Daunay ; « La prescription institutionnelle de l’aide en fiches » par la rédaction de la revue ; « Aider : récit d’une journée ordinaire » Stéphanie Michieletto-Vanlancker ; « Quelles médiations pour accompagner la construction de la littéracie en première année d’université ? » par Catherine Frier, Isabelle Estève & Alain Chartier; «Les ressources numériques et la littérature en classe, entre ambitions présomptueuses et adaptation aux besoins » par Magali Brunel & François Quet ; « De l’aide spécialisée... pour tous » par Sophie Dziombowski ; « Aider les élèves de GS ou de CP à comprendre des histoires, oui mais comment ? » par Marie-France Bishop & Véronique Boiron ; « Aider des lecteurs débutants à la lecture collective d’un album » par Michèle Lusetti ; « En fait, vous voulez nous aider ? » par Olivier Markwitz ; « Aider les enseignants à cerner les besoins grammaticaux des élèves. Le projet Scolagram » par Jean-Pierre Sautot ; « Des vertus de l’écart » par Malik Habi ; « Des nouvelles du livre pour la jeunesse : encore adolescents, déjà parents... » par Élizabeth Vlieghe.
LITTÉRATURE, n° 181, mars 2016, dossier « À l'écart de soi » (128 p., 18 euros).
Au sommaire, les contributions de Rony Klein « L’ultime victoire de l’enfance chez Sartre », d’Anne Strasser « L’autobiographe et les siens : envers et contre tous », de Jean-François Perrin « Les styles du dialogue dans Rousseau juge de Jean-Jacques», de Dorine Rouiller «“Fantaisies” montaigniennes dans la Première journée (1623) de Théophile de Viau », d’Aukje van Rooden « La traduction comme partage d’une instabilité originaire », suivis de la rubrique « Réflexion critique » par François Rastier « Apprendre auprès des œuvres : la linguistique à l’école de la littérature », et de la rubrique « Documents » tenue par Isabelle Diu « La dédicace, règle du jeu littéraire dans la bibliothèque de Michel Leiris ».
LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS, n° 290, septembre 2016, dossier « Fred Bernard et François Roca, 20 ans d’aventures » (190 p., 12 euros).
Le dossier propose une série d’entretiens, de rencontres, d’analyses, d’enquêtes avec et sur l'œuvre de Fred Bernard et François Roca ; deux créateurs qui, depuis 20 ans, invitent à partir à l'aventure. Plus de 20 albums jalonnent leur parcours, un parcours marqué par une exigence, celle de « faire des livres dont on n'a pas envie de se débarrasser quand on déménage », des livres respectueux des jeunes lecteurs auxquels ils s'adressent. Au sommaire : « Fred Bernard et François Roca à deux voix », propos recueillis par Brigitte Andrieux et Marie Lallouet ; « Non conventionnels » par Philippe-Jean Catinchi ; « Quand Fred Bernard s’en va-t-en BD : essai d’enquête sur l’Homme-Bonsaï », entretiens avec Grégoire Seguin ;
entretien avec Nicolas Vesin ; « François Roca, peintre » ; « La rude vie des albums pour grands », conversations avec Élisabeth Paré & Solène Richard ; « Dans les coulisses du Cirque d’Hiver : un album comme il se fait », François Roca & William Boni ; « Fred Bernard et François Roca en 20 ans et 22 couvertures ». À lire également les rubriques : « Critiques et nouveautés », « Libre cours », « Actualités », notamment des recherches sur le livre et la lecture des enfants et des jeunes, « Vie de l’édition », « Revue des revues » et « Formation ».
LECTURE JEUNE, n° 159, septembre 2016, dossier « L’écriture des jeunes et les jeunes auteurs » (128 p., 14 euros).
On pense souvent que les écrits adolescents sont l’expression d’une révolte ou d’insignifiants échanges sur Twitter, Facebook ou Snapchat... C’est oublier que parmi ces écrits, certains n’ont rien du journal de bord d’un mal-être, et que nombre d’écrivains ont pris la plume très tôt » (comme le rappelle, dans son éditorial, Sonia de Leusse-Le Guillou). De fait, le sommaire rend compte de cette production souvent intensive et originale : « Le rapport à l’écrit des jeunes », entretien avec Hugues Draelents ; « Mots d’ados », entretien avec Irvin Anneix ; « Les plateformes d’écriture en ligne », panorama par Marieke Mille ; « De Plume d’argent au concours du premier roman », entretien avec Christelle Dabos... Suivent trois études de notre collègue Anne-Marie Petitjean : « Le net, un vaste atelier d’écriture » ; « Une année d’atelier d’écriture en microlycée » ; « Des ateliers d’écriture à l’écriture créative, ce que nous apprend le regard porté sur le cursus américain ». Le numéro se clôt sur « Le Labo des histoires », un entretien avec Charles Autheman et « Le Prix du jeune écrivain (PJE), “cueilleur d’étincelles” » par Marieke Mille.