La récente prise de fonction du Conseil Supérieur des Programmes nous rappelle que la "Refondation de l'école" passe aussi par la question des programmes : relecture ? révision ? refonte ? Dans l'entretien qu'il a donné au Café Pédagogique (9/12/2013), Alain Boissinot, président du CSP, avance l'idée du curriculum, qu'il présente comme "une nouvelle approche, une nouvelle manière d'aborder les questions au programme", dans une généralisation qui englobe "les compétences, l'évaluation, les outils numériques, la formation professionnelle". Ce raccourci peu explicite, s'il montre bien la volonté du CSP de sortir de la logique programmatique dont l'institution scolaire française est coutumière, nous aide peu à comprendre et penser les différences de conception entre "programmes" et "curriculum", et leurs effets sur les enseignements et les apprentissages. La recension qui suit a pour objectif de rassembler quelques outils pour aider à la réflexion : un dossier récent de l'Ifé, exhaustif et documenté, sert d'ouverture, suivi du Rapport de synthèse nationale de la consultation sur les programmes de l'école primaire ; une série d'articles de chercheurs permet d'alimenter la réflexion, que l'introduction d'un dossier du CIEP clôturera à l'aide d'une comparaison internationale. D'autres articles que vous nous signalerez pourront rejoindre cette recension.
Quels contenus pour l’enseignement obligatoire ?
Annie Feyfant, Dossier d’actualité veille et analyses • n° 85 • Juin 2013
"Le code de l’éducation affirme que l’une des missions premières de l’école est la transmission des connaissances. Un certain nombre d’ingrédients sont certainement nécessaires pour réaliser cette mission dans les meilleures conditions : des enseignants, des pratiques pédagogiques « efficaces », un cadre administratif et organisationnel d’accueil des élèves, etc. Il reste toutefois à déterminer quelles sont ces connaissances à transmettre et pourquoi ?" Lire la suite
Rapport de synthèse nationale
Consultation nationale sur les programmes de l'école primaire
Ministère de l'Education Nationale - 3 décembre 2013
Conclusion générale
"Cette consultation montre que les équipes pédagogiques des écoles, les enseignants parfois plus individuellement ainsi que les équipes de circonscription et les IEN se sont particulièrement investis pour apporter leurs avis et suggestions sur les programmes de l’école primaire mis en œuvre depuis 2008. Il ressort une volonté affirmée d’inscrire les programmes dans le cadre de la refondation de l’école.
Les enseignants déclarent qu’ils veulent des programmes stables et une amélioration de ceux existants sur beaucoup de points, une réduction générale des contenus, mais en aucun cas ils ne veulent de changement brutal.
Les défauts des programmes relèvent majoritairement de leur faisabilité ainsi que de leur conception pédagogique et didactique. Des programmes trop chargés, trop lourds, trop détaillés ou pas assez précis : les réponses montrent que les enseignants sont en difficulté. Ils souhaitent terminer le programme, le « boucler », mais déplorent la conception même de ce programme et le temps dont ils disposent pour le mettre en œuvre.
La volonté de réaffirmer les cycles dans l’écriture des prochains programmes est clairement énoncée : des programmes par cycles, allégés, mieux répartis au cours de la scolarité à l’école primaire dans le cadre du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le programme pourrait alors devenir le gage d’une scolarité réussie, le garant de l’équité et de l’égalité sociale et scolaire." Lire le Rapport
Programmes, curriculum, quelques éclairages
Savoirs scolaires, contraintes didactiques et enjeux sociaux
Jean-Claude Forquin, Sociologie et sociétés XXXIII 1, printemps 1991, p. 25-39
"La question du choix des contenus d'enseignement et de leur incorporation dans des programmes institutionnalisés est restée longtemps une espèce de point aveugle de la sociologie de l'éducation." Lire la suite
Les conceptions changeantes du curriculum prescrit : hypothèses
Philippe Perrenoud, In Educateur, Numéro spécial “ Un siècle d'éducation en Suisse romande ”, 2002, n° 1, pp. 48-52.
"L’approche sociohistorique des institutions se heurte à leur manque de permanence : il n’a pas toujours existé un système scolaire et rien ne garantit sa pérennité. On rencontre le même problème, sur des temps plus courts, à propos de certaines composantes de l’institution scolaire. La notion de “ programme ” ne renvoie pas, par exemple, à une réalité homogène facilement identifiable à chaque moment de l’histoire d’un système scolaire.
Qu’est-ce au juste qu’un programme scolaire ? Tout travail historique ou comparatif est dépendant de la polysémie du vocabulaire courant, des rapports incertains entre la notion de programme et des notions proches (syllabus, plan d’études, plan de formation, objectifs) et surtout de l’évolution des concepts et du langage des acteurs scolaires." Lire la suite
Comment abandonner une logique cumulative
Joaquim Dolz et Bernard Schneuwly, Curriculum et progression. La production de textes écrits et oraux, p. 9-12, (www.r-lecole.fr/AncienSite/johs/dolz.PDF)
"La notion de curriculum est utilisée ici par opposition à celle de programme scolaire. Alors que le programme scolaire suppose une centration plus exclusive sur la matière à enseigner et présente un découpage selon la structure interne des contenus, dans le curriculum, ces mêmes contenus disciplinaires sont définis en fonction des capacités et des expériences requises de la part de l’apprenant. Par ailleurs, les contenus sont systématiquement mis en relation avec les objectifs d'apprentissage et les autres composantes de l'enseignement.
Parmi les différentes composantes du curriculum, la progression, l’organisation temporelle des enseignements pour arriver à un apprentissage optimal, reste un problème complexe, difficile à résoudre. Comment dès lors penser la progression en termes non cumulatifs? Huit conditions nous semblent requises pour l’élaboration d’un curriculum dans le domaine de la production de textes oraux et écrits." Lire la suite
Plaidoyer pour le "français" comme discipline scolaire autonome, ouverte et articulée
Bernard Schneuwly, Actes du 9° colloque de l'AIRDF (Québec aout 2004)
"Je considère qu'un discours clair en faveur des disciplines est aujourd'hui nécessaire. Non tellement pour les défendre contre leur disparition - je viens de dire qu'à mon avis il s'agit d'une tendance superficielle -, mais pour clarifier les finalités de l'école et préciser la contribution des différentes disciplines à ces finalités." Lire la suite
Politiques curriculaires - Une autre façon de penser l’éducation ?
Roger-François Gauthier, Revue internationale d’éducation de Sèvres (CIEP), N° 56 - avril 2011
"Le comité de rédaction de la Revue internationale d’éducation de Sèvres s’était interrogé, avant de décider de consacrer ce numéro au thème des politiques curriculaires : n’était-il pas hasardeux d’attacher une telle importance à ce simple mot de « curriculum », qui ne fait à ce stade pas partie du langage éducatif français de France, ni, à quelques exceptions près, évoquées ici par le Bureau international d’éducation (BIE) de Genève, de ce vocabulaire voyageur1 qui passe les frontières avec le passeport puissant d’une organisation internationale ?" Lire la suite