Association française pour l’enseignement du français

Notes de lecture

  • 01
    Sep

    Notes de lecture...

    ... en sciences du langage et en didactique du français

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    ... en sciences du langage et en didactique du français

    La Langue et l'intégration des immigrants. Sociolinguistique, politiques linguistiques, didactique, par James ARCHIBALD et Jean-Louis CHISS (dir.), Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2007 (406 p., 32 ').
    Cet ouvrage constitue les actes d'un colloque international (portant le titre éponyme de l'ouvrage) qui s'est déroulé à l'université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle et à l'université Mc Gill de Montréal à l'automne 2005. Il comprend vingt-cinq études sur les relations entre les langues-cultures et les situations d'immigration, relations qui sont souvent l'objet de débats vifs, voire polémiques, dans les différents contextes socio-politiques et dans le cadre des recherches en sciences humaines, qui décrivent les politiques linguistiques, les conceptions philosophiques de l'identité linguistique et culturelle, les orientations éducatives et didactiques. Les auteurs abordent ainsi la complexité des pratiques langagières, en particulier celles liées au bilinguisme ' ou plurilinguisme ' et aux variations internes à la langue française, au poids des représentations des langues en présence (langues maternelles et langue d'accueil), aux conflits à l''uvre dans les situations de contact, au rôle de la scolarisation en français... un ensemble de questions abordées en trois parties articulées, introduites par les deux directeurs de l'ouvrage : J. Archibald et J.-L. Chiss, « Langue(s) et immigration(s) » et J. Archibald, « Mise en situation. La langue citoyenne. Droits et obligations linguistiques des migrants en France et au Canada ». La première partie, intitulée « Sociolinguistique », comprend les contributions de M.-J. Berchoud, « 'Migrant', 'immigrant' : questionnement sur nos mots » ; A.S. Calinon, « Les cours de francisation : accès, résultats, réinvestissement » ; H. Adami, « Le niveau de scolarisation des migrants : un facteur déterminant dans le processus d'intégration » ; J.-P. Jeantheau, « Situation linguistique en France et maitrise du français » ; F. Mourlhon-Dallies & M. de Ferrari, « La maitrise du français : un facteur d'intégration en entreprise pour les migrants ? » ; M. Moldoveanu, « De la dynamique entre l'offre de formation et les attentes des immigrants adultes en cours de francisation au Québec » ; A. Maravelaki & G. Painchaud, « Compétences langagières, perceptions du marché du travail et aspirations professionnelles des jeunes issus de l'immigration » ; A. Ousset-Krief, « Entre rejet et intégration : le cas de l'immigration juive d'Europe orientale aux États-Unis, 1880-1910 » ; K. Sefta, « De la discrimination à l'intégration. Les Villon de banlieue ». La deuxième partie, consacrée aux « Politiques linguistiques », regroupe les articles de C. Candide, « L'apprentissage du français : un enjeu pour l'accès aux droits » ; E. Lemaire, « L'intégration des mineurs étrangers isolés en France un défi » ; M. Kara, « Les jeunes Franco-Maghrébins et les risques d'une conception agonistique des contacts de langues » ; L. Le Ferrec, « Le dispositif national d'apprentissage de la langue par les migrants : quelle place pour l'écrit ? » ; J.-F. Thuot, « La langue française et l'exercice d'une profession au Québec : un enjeu de protection du public » ; N. Dankova, « De la peur de l'étranger - à l'intégration des immigrants diplômés au Canada ». La troisième partie, réservée à la « Didactique », rassemble les textes de A. Vicher, « Le français langue seconde dans l'enseignement-apprentissage de la langue et de la culture du pays d'accueil aux migrants » ; S. Galligani, « (Ap)prendre le français comme condition d'intégration de l'étranger en France » ; M. Jacquet-Galiacy, « Les situations d'enseignement/apprentissage du français langue seconde et les freins aux manifestations des compétences civique et culturelle chez les adultes immigrants » ; N. Auger, « 'Va te faire intégrer'. Des freins à l'intégration : pratiques interactionnelles et représentations dans le milieu scolaire » ; C. Peigné, « Le parcours d'adolescents nouvellement arrivés dans la scolarisation française : l'accueil de l'Autre à l'école » ; A. Alba Papakonstantinou, « Les pratiques pédagogiques des enseignants grecs et la gestion de l'intégration des élèves étrangers » ; R. Naqvi, « Créer des liens en littératies multiples : un moyen d'accélérer l'intégration des enfants immigrés » ; J.-L. Chiss, « Conclusion. La problématique de l'immigration dans le contexte linguistique, éducatif et culturel français ».

    Discours, diachronie, stylistique du français. Études en hommage à Bernard Combettes, par Olivier BERTRAND, Sophie PREVOST, Michel CHAROLLES, Jacques FRANÇOIS & Catherine SCHNEDECKER (éds.), Berne (Sui.), Peter Lang, coll. « Sciences pour la communication », 2008 (452 p., 68,80 ').
    Ce recueil d'articles rend hommage aux travaux de B. Combettes. Les contributions relèvent de domaines auxquels il s'est intéressé durant ces quarante années de recherches, et qu'il a largement contribué à développer. Trois parties organisent l'ensemble. La première, qui va « de la phrase au discours », présente des études de corpus oraux et écrits sur des sujets aussi divers que la ponctuation, la progression thématique, la macrosyntaxe ou la cataphore. Nous y trouvons celles de J.-M. Adam, « Autour de quelques ré-énonciations du cogito cartésien » ; C. Fuchs & P. Le Goffic, « Le français moderne : entre 'V2' et 'SVO' ? », M. Riegel, « Ces étranges 'objets internes' qui ne sont ni des objets ni internes » ; G. Achard-Bayle, « Si poly... quoi ? Pour un traitement discursif de la diversité des Si » ; D. Apothéloz, « À l'interface du système linguistique et du discours : l'exemple des constructions identificatives (e.g. pseudo-clivées) » ; J.-M. Debaisieux, « Énoncés parenthétiques et progression thématique : quelques observations sur corpus oraux » ; G. Kleiber, « Le gérondif : de la phrase au texte » ; J. Bres & A. Lauze, « Linguistique de la langue et linguistique textuelle. Le plus-que-parfait et la relation d'inclusion : un petit oiseau, un petit poisson... » ; B. Lamiroy, « Typologie et grammaticalisation » ; A. Theissen, « Ceci en emploi cataphorique » ; A. Kuyumcuyan, « On va dire : une enquête » ; H.-J. Deulofeu, « Écritures anciennes, paroles actuelles : nouveaux regards sur le système, la norme et les usages ». La deuxième partie, « diachronie du français », est plus particulièrement consacrée à l'histoire de la langue, avec des études sur la grammaticalisation, les prépositions, la place de l'objet, les constructions topicalisées, les locutions verbales... et comprend les articles de É. Oppermann-Marsaux, « Les propositions conjonctives comportant que + voici/voilà du moyen français jusqu'au français classique » ; M.-J. Béguelin, « Grammaticalisation et renouvellement formel de en veux-tu en voilà » ; A. Valli, « À propos de la notion de locution verbale. Détermination zéro et caractère locutionnel d'une construction verbo-nominale en français » ; A. Carlier, « La grammaticalisation au niveau du paradigme : de la pragmatique à la sémantique » ; W. de Mulder, « En et dans : une question de 'déplacement' ? » ; C. Marchello-Nizia, « Le comma dans un manuscrit en prose du 13e siècle : grammaticalisation d'un marqueur de corrélation, ou marquage d'intonation ? » ; J. Mortelmans & C. Guillot, « Clarté ou vérité, LEDIT dans la prose de la fin du Moyen Age », N. Fournier, « La gestion des anaphoriques en discours au XVIIe siècle : l'exemple du cardinal de Retz » ; J. Härmä, « Remarques sur les constructions 'topicalisées' en ancien français » ; M. Rouquier, « Constructions en c'est en ancien et moyen français. Clivées, 'liées' : un récapitulatif » ; R. Martin, « Pour un Dictionnaire grammatical du moyen français ». La troisième partie est réservée aux « Stylistique et didactique », à travers les articles de A. Rabatel, « Pour une approche moniste du style et de la notion de 'moyens d'expression' » ; A.-M. Chabrolle-Cerritini, « La stylistique comparée aujourd'hui : un syncrétisme qui a du caractère » ; A. Petitjean, « Corpus et genres : quelles interactions ? » ; C. Masseron & M. Laparra, « (De, par) peur / crainte de /que : petite enquête sur une concurrence énigmatique ».

    La Vision du monde de Wilhelm von Humboldt, par Anne-Marie CHABROLLE-CERRETINI, Paris, ENS éditions, coll. « Langage », 2007 (152 p., 23 ').
    L'expression vision du monde aujourd'hui très utilisée dans les médias, mais aussi en sciences humaines, est une traduction du concept de Weltansicht proposé par le linguiste allemand, W. von Humboldt. Ce concept fondamental désigne une perception du monde organisée par une langue particulière. Il permet à W. von Humboldt d'élaborer une définition innovante du langage fondée sur la prise en compte de la diversité des langues, en intégrant d'une part le rapport avec la pensée et le monde extralinguistique et d'autre part le lien avec une communauté humaine. De fait, l'auteure, A.-M. Chabrolle-Cerretini, s'emploie à en faire (re)connaitre le concept, en montrant combien il est inscrit dans les problématiques linguistiques et anthropologiques au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Elle poursuit sa démonstration en décrivant la place qu'il occupe dans la théorie du langage humboldtienne et sa portée scientifique, jusque dans les recherches linguistiques les plus contemporaines.

    Les Verbes modaux du français, par Xiaoquan CHU, Paris, Ophrys, coll. « L'essentiel français », 2008 (168 p., 14 ').
    Cet ouvrage synthétique propose une caractérisation et un classement des verbes modaux, du type : devoir, pouvoir, aller, avoir failli, risquer de, sembler... qui actualisent de nombreux actes de langage comme la proposition, la suggestion, la demande, le pronostic, l'ordre, le doute... et de bien d'autres encore qui accompagnent nos échanges les plus ordinaires comme nos discours les plus savants. L'auteur décrit avec beaucoup de précision comment ces verbes modaux se distinguent de leurs homologues en anglais du point de vue de leur syntaxe et de leur sémantisme (chap. 1 à 2), sans doute parce qu'ils peuvent se combiner, et qu'ils présentent une apparente disparité, notamment dans des expressions ou des modalisations plus ou moins figées (chap. 3). Cependant, au delà de ces disparités, X. Chu en propose une analyse relativement exhaustive qui permet de valider les principes de leur construction, selon une morphologie souvent défective et un système de temporalité interne spécifique (chap. 4). Il suggère également un classement en cinq groupes de ces verbes modaux, à partir d'une analyse de leurs différentes propriétés sémantico-syntaxiques et de leurs emplois respectifs (chap. 5). Il s'attache plus particulièrement à décrire les contraintes et emplois du verbe pouvoir dans des discours variés (chap. 6). Les différentes des démonstrations de l'ouvrage s'appuient sur des exemples tirés de divers corpus du français parlé et écrit. De toute évidence, cet ouvrage permet de compléter un enseignement des formes et des usages des verbes ; il constitue en cela une référence indispensable pour la didactique du français comme pour la recherche linguistique.

    Formation des enseignants et enseignement de la lecture et de l'écriture. Recherches sur les pratiques, par Joaquim DOLZ & Sylvie PLANE, Namur (Bel.), CEDOCEF & Presses universitaires de Namur, 2008, coll. « Diptyque » n° 13 (248 p., 23 ').
    Ce volume réunit les communications présentées lors d'un symposium international organisé à l'université de Sherbrooke, en octobre 2007, par le Réseau d'éducation francophone. Avec le même titre que l'ouvrage recensé ici, ce symposium s'est attaché à restituer un éventail diversifié de recherches sur la lecture et/ou l'écriture conduites en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Dans les présents actes écrits, les différents auteurs présentent leur analyse des dispositifs mis en 'uvre par les enseignants dans leur classe, auprès d'élèves inscrits dans divers cursus scolaires de la maternelle à l'université, en fonction des gestes professionnels qui caractérisent leurs interventions, en relation avec les modalités et contenus de leur formation professionnelle. Parce qu'aujourd'hui plus qu'hier, l'étude des pratiques d'enseignement et de formation est indispensable pour comprendre les apprentissages de la litéracie, J. Dolz et S. Plane, coordinateurs du symposium et du présent recueil, introduisent un parcours à travers diverses approches : J. David & M.-F. Morin, « Écritures approchées : des procédures métagraphiques des jeunes apprentis scripteurs aux pratiques de formation » ; J. Dolz, J.-P. Mabillard & C. Tobola Couchepin, « Problèmes d'écriture des élèves en difficulté d'apprentissage et pratiques d'enseignement du texte argumentatif » ; S. Aeby Daghe, « Lire une chronique au secondaire obligatoire : l'explication de texte au c'ur de processus de renouvèlement cumulatif » ; T. Thevenaz-Christen & G. Sales Cordeiro, « Formation initiale : capacités professionnelles d'enseignement de l'écrit avec la dictée à l'adulte » ; M. Jaubert & M. Rebiere, « L'enseignement de la lecture au cycle 2 en formation de formateurs objets et pratiques d'enseignement et de formation » ; C. Garcia-Debanc, C. Beucher & S. Volteau, « Enseigner la production d'écrit : ce que nous apprennent les pratiques observées chez des enseignants débutants pour améliorer la formation initiale » ; S. Plane, « La place de l'écriture dans les mémoires des enseignants stagiaires français un révélateur des tensions internes au processus de formation » ; et en postface J.-P. Laurent, « Le savoir enseignant ».

    Écrire à l'université. Analyse comparée en France et aux États-Unis, par Christiane DONAHUE, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Éducation et didactiques », 2008 (262 p., 20 ').
    L'ouvrage s'intéresse aux pratiques liées à l'enseignement de l'écriture au début des études supérieures aux États-unis et en France, des pratiques qui attirent aujourd'hui toute notre attention, particulièrement en France depuis 2007 avec la mise en place de la loi LRU. La partie théorique est ainsi suivie de l'analyse interprétative de textes écrits en première année universitaire, dans les deux pays. Les différences culturelles majeures sont repérées et l'auteure montre comment elles s'ancrent dans les écarts entre les exigences institutionnelles. Ces textes sont soumis à une lecture convoquant différentes approches analytiques : littéraire, linguistique et dans une démarche relevant de la composition theory nord-américaine. Elle s'attache ainsi à repérer les mouvements textuels de reprise-modification au c'ur du fonctionnement de ces textes. Elle constate dès lors qu'à travers cette lecture, ce qui semble être « différence » culturelle ou institutionnelle dans l'écrit académique se révèle moins importante que ce qui est partagé. Ces données lui permettent de poser l'existence d'un écrit servant, dans le cadre des apprentissages universitaires, à négocier les exigences académiques au sein de cultures, d'institutions, voire de disciplines différentes.

    La Mise en 'uvre. Itinéraires génétiques, par Almuth GRESILLON, Paris, CNRS éditions, 2008 (312 p., 30 ').
    A. Grésillon, auteure bien connue du FA, propose ici un parcours stimulant au c'ur du processus de la création textuelle. Après avoir consacré de nombreuses recherches aux fondements de la « critique génétique » (entre autres à travers son précédent livre : Éléments de critique génétique. Lire les manuscrits modernes, Paris, PUF, 1994), elle nous engage aujourd'hui à poursuivre la réflexion sur l'étude des brouillons et manuscrits de cinq écrivains : Flaubert (Salomé), Zola (La Bête humaine), Proust (La Prisonnière), Supervielle (« Vivre encore ») et Ponge (« L'ardoise »). Elle en décrit les multiples traces et les interprète afin de reconstruire la lente et progressive élaboration des textes. Le pouvoir explicatif de la méthode génétique ' dont les principes sont rappelés dans la première partie ' est ainsi parfaitement illustré par l'analyse de ces cinq trajectoires et autant de mises en 'uvre. L'étude se prolonge par une réflexion sur le travail du généticien confronté à des 'uvres sans brouillons telles que les pièces de théâtre, où la genèse des écrits se double de la genèse de la scène, et les textes que propose l'écriture électronique.

    Usages et analyses de la reformulation, par Mohamed KARA (dir.), Metz, Université Paul Verlaine, coll. « Recherches linguistiques », n° 29, 2007 (368 p., 18 ').
    La reformulation est ici observée dans les situations les plus variées : des interactions marquées aux pratiques monologales, dans les communications sociales ou les discours scolaires, à l'écrit comme à l'oral. La reformulation est analysée dans une telle diversité d'usages que l'on pourrait douter d'en décrire le noyau conceptuel. Or les quinze contributions rassemblées dans l'ouvrage parcourent, selon des approches spécifiques, les descriptions et les usages de la reformulation, au terme desquelles s'impose l'idée d'une conception étendue de l'objet, mais aussi une définition restreinte à ses deux constituants de base : l'énoncé source et l'énoncé cible, assortis ou non de marqueur spécifiques. Deux parties organisent l'ouvrage. La première s'attache à l'analyse des « reformulations, entre réitérations linguistiques et stratégies discursives » avec les contributions de C. Rossari, « Aux frontières de la consécution et de la reformulation : le cas de conclusion et de en conclusion » ; de F. Hammer, « Parataxe, reformulation et ampliation dans la glose » ; de A. Steuckardt, « Usages polémiques de la reformulation » ; de A. Rabatel, « Répétitions et reformulations dans L'Exode coénonciation entre Dieu, ses représentants et le narrateur » ; de M. Kara & B. Wiederspiel, « Anaphores résomptives et reformulations » ; de M.-A. Morel, « La reformulation dans le dialogue finalisé en français. Propriétés intonatives et mimico-gestuelles » ; de D. Apothéloz, « Note sur l'activité de reformulation dans la conversation » ; de G. Schmale, « Paraphrases phraséologiques dans la conversation ». La seconde partie explore les « reformulations comme matrices didactiques », avec les contributions de C. Martinot, « Quand acquisition rime avec reformulation : nécessité d'une réponse linguistique aux phénomènes d'acquisition de la langue maternelle » ; de C. Masseron, « Paraphrase, synonymie et reformulation lors d'un travail d'explicitation interprétative » ; de T. Donahue, « Activités de reformulation dans des textes d'étudiants en première année universitaire » ; de P. Prior & J. Hengst, « Exploring reformulation as a multimodal discourse practice » ; de J. Picoche, « La reformulation, base de l'enseignement du vocabulaire » ; de C. Garcia-Debanc & S. Volteau, « Formes linguistiques et fonctions des reformulations dans les interactions scolaires » ; de C. Gannett, « Engaging 'reformulation': writing centers as sites for multitiered reformulation ». De la langue au discours, intégrant bien évidemment les paramètres énonciatifs, la reformulation se trouve déclinée ainsi selon les différentes formes qu'elle peut prendre et les singularités théorico-disciplinaires qui en permettent l'analyse.

    Les Boites noires de Louis-Jean Calvet, par Auguste MOUSSIROU-MOUYAMA (dir.), Paris, Écriture, coll. « L'essentiel français », 2008 (505 p., 28 ').
    Cet ouvrage-hommage à L.-J. Calvet vient rappeler et prolonger l'immense travail accompli par ce linguiste atypique, qui est à la fois l'auteur d'études fondamentales en sciences du langage et plus particulièrement dans le champ sociolinguistique : de Linguistique et Colonialisme (Payot, 1974), aux Essais de linguistique. La langue est-elle une invention de linguistes ? (Plon, 2004), en passant par Pour et Contre Saussure. Vers une linguistique sociale (Payot, 1975), Le Marché aux langues. Les effets linguistiques de la mondialisation (Plon, 2002), et le biographe de Brassens, Ferré et Moustaki. Abdou Diouf et Pierre Encrevé introduisent cette somme et rappellent à la fois son attachement à la Francophonie et la force d'une pensée engagée sur des terrains aussi variés que la politique des échanges mondiaux, la linguistique sociale et l'intérêt pour la chanson française. Ce sont ainsi plus de quarante contributions qui invitent à comprendre et à suivre un parcours où se mêlent recherches scientifiques et témoignages d'amitié. La première partie est justement intitulée « Témoignages » avec trois souvenirs de J.-L. Pidoux-Payot, L. Porcher, A. Moussirou-Mouyama. Suit la deuxième partie « Sorties de pistes et autres parcours croisés sans boussole » avec d'autres témoignages d'anciens étudiants, d'amis, de collègues sur des questions aussi diverses que l'école (M. Auzanneau) , l'université (V. Nicolas), l'Afrique (T. Klinger), le discours politique (J. Véronis) ; puis une troisième partie en « Échos du marché des linguistes dans les boites noires de la langue » qui développe un axe de recherches majeur chez L.-J. Calvet, entre autres, sur l'origine des langues (S. Auroux), la (non)compréhension des phénomènes culturels (J.J. Gumperz & J. Cook-Gumperz), les rapports entre linguistique et colonialisme (D. Morsly), au Brésil (I. Oseki-Dépré), au Maroc (A. Boukous), en Égypte (M. Doss), sur le statut de la langue arabe (P. Larcher), la situation du grec à Chypre (M. Karyolemou), sur la question du puritanisme en linguistique (D. de Robillard) et pour une linguistique à visée sociale (P. Blanchet). La troisième partie poursuit un sillon conséquent « Les voix de la ville et des gens qui passent » à partir de travaux plus spécifiquement sociologiques, sur les démarches en sociologie urbaine (C. Julliard), les rapports langagiers dans l'entreprise (L. Zeng), les échanges linguistico-commerciaux en ville (C. Deprez), les pratiques langagières des jeunes filles en banlieue (J. Billiez & P. Lambert), les voix et langues des villes arabes (C. Miller), les temporalités discursives en zone urbanisée (T. Bulot). La cinquième partie intitulée « La boite à musique », comme en écho aux « boites noires » de L.-J. Calvet, présentent un ensemble d'interview, de témoignages, de réflexions biographiques rappelant son inventaire des Cent ans de chanson française (Seuil, 1972[1996]) par son éditeur (J. Belfond), l'inscription de l'art lyrique dans la recherche universitaire (M. Ferrier), le travail du biographe rapporté par l'interviewé (G. Moustaki) ou évoqué sur Brassens (M. Le Forestier), le rapport de la chanson avec la sociolinguistique (M. Rispail), l'apport du rap à la chanson (J.-M. Jacono). Et enfin une sixième partie, plus courte, rappelant la rencontre de L.-J. Clavet avec le cosmopolitisme méditerranéen à travers le Quatuor d'Alexandrie de L. Durrell (C. Bourgeois), la présence insolite d'un helléniste (C. Brixhe), des alexandrinades (J.-Y. Empereur). L'ouvrage comprend une bibliographie des travaux publiés par L.-J. Calvet, ce qui n'est pas le moindre des intérêts de ce recueil. La lecture de ce volumineux ouvrage collectif permettra-t-elle d'ouvrir toutes les « boites noires » du sociolinguiste ? Ce n'est pas certain, mais ce n'est pas non plus l'objectif. Elles ne pourront en tout cas se fermer aujourd'hui. Gageons au contraire que les boites (entr)ouvertes ici continueront d'interroger les multiples objets d'une recherche aussi foisonnante que cohérente, car au delà de l'apparent éclectisme d'une activité scientifique étendue, L.-J. Calvet a toujours maintenu une conception du langage compris dans la complexité de l'homme et la diversité des sociétés et des cultures.

    La Notion d'énonciation chez Émile Benveniste, par Aya ONO, Limoges, Lambert-Lucas, 2007 (240 p., 30 ').
    L'ouvrage, issu d'une thèse soutenue à Paris 10 - Nanterre, analyse les deux tomes des Problèmes de linguistique générale (1965 et 1974) de É. Benveniste, mais aussi deux autres volumes moins connus : Noms d'agent et noms d'action en indo-européen (1948) et le Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969). L'analyse vise ainsi l'exhaustivité et se présente comme une recherche « archéologique », permettant de retracer l'émergence et l'évolution de la notion d'énonciation. L'auteure montre que Benveniste n'est certes pas l'inventeur de cette notion, mais qu'il l'a développée dans de telles proportions qu'elle s'est construite, à sa suite, comme un nouveau paradigme de recherche en linguistique, et plus largement en sciences humaines. Pour autant, à l'instar de ses prédécesseurs dans l'histoire de la linguistique, pouvons-nous considérer que « l'appareil formel de l'énonciation » (1970) de Benveniste est inachevé ? A. Ono montre certes que la notion d'énonciation fut à la base de profonds bouleversements, ouvrant la linguistique française à la parole, en mettant l'accent sur la place du sujet parlant, en soulignant l'importance des interactions dans la communication verbale. L'auteure va cependant au delà en passant en revue les différents emplois du mot énonciation (chap. 1), puis son rapport avec trois autres notions plus ou moins conflictuelles : la phrase, l'instance énonciative et l'énoncé performatif (chap. 2). Elle poursuit la démonstration sur les relations entre énonciation et signification (chap. 3), notamment à travers la dichotomie langue vs parole ; puis sur les rapports avec la subjectivité dans l'histoire, dans la langue et hors la langue (chap. 4) ; et enfin sur les apports critiques d'autres auteurs (Austin, Derrida) concernant notamment l'approche des actes de langage (chap. 5), qui conduisent à un « réexamen de la théorie benvenistienne du performatif ».

    Les Voix du peuple et leurs fictions, par André PETITJEAN et Jean-Marie PRIVAT (dir.), Metz, Université Paul Verlaine, coll. « Recherches textuelles », n° 7, 2007 (506 p., 19 ').
    Cet ouvrage collectif présente une vingtaine de contributions qui traitent des formes orales et populaires au sein de la littérature écrite, selon une double approche qui correspond aux deux parties organisant l'ensemble : l'une littéraire et historico-culturelle, l'autre sémiotique et linguistique. Les coordinateurs, A. Petitjean et J.-M. Privat, introduisent le volume par un article liminaire : « Les voies fictionnelles du populaire », qui présente les questions liées à l'inscription de ces voix populaires et à leur conversion langagière, en ce qu'elles offrent des possibilités narratives et expressives, toujours renouvelées. La première partie, relatif aux « Aspects littéraires », comprend une dizaine d'études de N. Wolf, « Fiction et diction démocratiques » ; J. Meizoz, « Techniques et idéologies à l'âge du 'roman parlant' 1919-1939 » ; G. Drouet, « Épouvantails hugoliens. L'argot et le patois dans Les Misérables » ; J. Wulf, « Parole populaire / parole littéraire dans les romans de V. Hugo » ; R. Michel, « François Bon, Daewoo. Le bonheur des mots pour dire le malheur des corps » ; D. Chaperon, « Voix plurielles et voix populaires au théâtre. Corneille, Molière, Voltaire, Vinaver » ; K. Birat, « 'Parler en proximité' : oralité et écriture dans la fiction des Caraïbes » ; J.-L. Picard, « Les voix inouïes de la littérature féminine polynésienne » ; M. Castellana, « Vox Populi, Vox Dei. Dante, Divine Comédie, Enfer, XXI-XXII » ; S. Disegni, « Censure et autocensure dans les avant-textes réalistes (1850-1900) ». La seconde partie, regroupant les « Approches linguistiques », rassemble les articles de D. Mainguenau, « Parole populaire, ethos discursif et roman » ; A. Rabatel, « La re-présentation des voix populaires dans le discours auctorial chez A. Ernaux : surénonciation et antihumanisme théorique » ; J.-M. Barbéris, « Le processus dialogique dans les phénomènes de reprise en écho » ; M. Laparra, « La langue de Rabelais est-elle populaire ? » ; A. Petitjean, « Effets d'oralité et de parlure populaire dans les textes dramatiques contemporains » ; J. Cabot, « Le Marseillais, le petit bourgeois et la bonne. Paroles populaires dans les romans d'Albert Cohen » ; P. Péroz, « Le récit parmi ses voix chez Robert Pinget » ; A. Kozelak, « Les voix paysannes et les problèmes de traduction. L'exemple de Les Paysans de L. Reymont » ; L. Perrin, « Le récit parmi ses voix chez Robert Pinget ».

    L'Homophonie, par Chantal RITTAUD-HUTINET, Limoges, Lambert-Lucas, 2007 (146 p., 20 ').
    L'ouvrage s'intéresse à une notion, l'homophonie, difficile à cerner. Son sens apparait en effet sous une grande diversité, notamment dans les dictionnaires ou les grammaires qui en donnent des définitions souvent floues, incomplètes ou contradictoires, comportant des critères variables où les traits d'oralité restent quasi absents. De fait, l'auteure montre que cette notion relève intrinsèquement de la variation parce qu'elle se comprend relativement aux groupes d'appartenance, à l'âge et au sexe des individus, aux milieux sociaux, aux parlers régionaux ou locaux, aux activités professionnelles. Elle nous en propose ainsi une typologie cohérente et fonctionnelle, à partir de catégories ou figures comme l'ambigüité, l'équivoque, le quiproquo, le malentendu, l'à peu-près, le jeu de mots, le calembour, le rébus, la charade, le kakemphaton (énoncé cocasse construit involontairement sur des associations sonores malencontreuses), l'homographie, l'homonymie, la paronomase, la paronymie, la polysémie, la synonymie... chacune étant illustrée par de nombreux exemples qui vont de la chanson au jeu de société, de l'anecdote au sketch humoristique, de la poésie aux mots croisés. Mais loin de limiter l'étude à l'anecdote ou à l'humour, C. Rittaud-Hutinet décrit précisément les phénomènes linguistiques mis en 'uvre ainsi que leurs effets sémantiques et pragmatiques sur les interactions langagières. En témoigne également le dernier chapitre qui énonce un projet de dictionnaire à entrées homophoniques destiné aux élèves, étudiants et enseignants de français, notamment en langue étrangère. Les annexes comportant les termes fondamentaux, les mots associés, le lexique de l'homophonie... prolongent les six chapitres de l'étude et fournissent des données dont tout professeur de français pourra s'emparer pour construire ou ajuster son enseignement.

    Grammaire rénovée du français, par Marc WILMET, Bruxelles, De Boeck, 2007 (336 p., 15,50 '). Difficile de résumer une grammaire, surtout quand sa matière est présentée de façon aussi dense, et avec une telle cohérence d'ensemble. Car M. Wilmet réussit à nous captiver dans un style très imagé et un parcours à travers les différentes classes de mots (partie 1 : avec le nom, l'adjectif, le pronom, le verbe, les mots invariable), puis les trois syntagmes de la phrase simple (partie 2 : avec les syntagmes nominal, adjectival, verbal), et enfin l'analyse des types et formes de phrases simples et complexes (partie 3 : avec les phrases simple, complexe et multiple). L'auteur nous invite ainsi à « une promenade intellectuelle » qui ravira tous les lecteurs ' et en premier lieu les enseignant de français ' passionnés par la découverte de descriptions parfaitement argumentées, adossées à de nombreux exemples littéraires, classiques et contemporains. Nous ne pouvons pas restituer toute l'originalité et l'intérêt de cette approche grammaticale. Tout au plus nous arrêterons-nous à l'étude de l'adjectif dont on pourra (enfin !) comprendre les classifications anciennes par rapport aux typologies modernes, et en cela mieux les comprendre dans leur distinction aux classes de déterminants, une distinction aujourd'hui nécessaire mais toujours difficile à repérer dans les programmes et les grammaires scolaires, même les plus avancés. De même, nous serons séduits par la clarté des procédures de traitement des compléments du verbe, dans l'étude du SV (pp. 191-194), des procédures qui recourent de façon progressive à la pronominalisation et à l'adverbialisation, dans un cheminement très opératoire propre à guides l'activité métalinguistique des élèves et à assurer le discours explicatif de l'enseignant. Pour autant, M. Wilmet ne se laisse pas entrainer sur la pente délicate de l'exhaustivité grammaticale. Il reconnait que l'étude des natures et des fonctions des mots, syntagmes ou phrases ne se réduit pas à l'application d'un ensemble fini de règle ; pour cela il signale systématiquement les problèmes de nomenclature rencontrés. Ainsi, et pour reprendre nos deux exemples, l'auteur montre en quoi le terme déterminant ' qui désigne plus une fonction qu'une nature ' devrait avoir un emploi limité aux articles et à certains adjectifs « à fonction déterminative » (p. 42) ; et du côté des verbes, il constate que les notions de transitivité vs intransitivité malheureusement jusque dans les définitions des dictionnaires les plus autorisés, alors que l'incapacité explicative de cette opposition a déjà été dénoncée par M. Gross, depuis plus de trente ans (p. 190). Au delà, la grammaire « rénovée » de M. Wilmet veut « éviter les difficultés gratuites, les approximations et les silences ». Elle propose de ramener l'analyse grammaticale à un niveau parfois plus modeste pour ne rien avancer de mensonger. Pour ce faire, elle expose clairement ce qui est régulier et pointe résolument les problèmes au lieu de les occulter Cette grammaire apparait donc comme un outil de réflexion parfaitement construit, qui aide au maniement raisonné du français écrit et parlé.

    Jacques DAVID

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