Association française pour l’enseignement du français

Notes de lecture

  • 25
    Juin

    Notes de lecture du FA 181

    Jean-Michel ADAM, Genres de récit, narrativité et généricité des textes - Emmanuel FRAISSE, Littérature et mondialisation - Sylvie GARNIER & Alan D. SAVAGE, Rédiger un texte académique en français - Julien LONGHI et Georges-Élia SARFATI, Dictionnaire de pragmatique - André PETITJEAN, Études linguistiques des didascalies - Catherine DELARUE-BRETON, Discours scolaire et paradoxe - Alice KRIEG-PLANQUE, Analyser les discours institutionnels - Revues : Savoirs n° 29 ; Repères n° 26 ; Recherches n° 56 ; Lecture Jeunesse « Les jeunes et les inégalités numériques » n°143

     

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    OUVRAGES

    Jean-Michel ADAM (2011), Genres de récit, narrativité et généricité des textes, Louvain-la-Neuve (B), éditions Academia, coll. « Sciences du langage. Carrefours et points de vue », 2012 (323 p., 38 €).

    Le nouveau livre de J.-M. Adam ne se s’inscrit pas seulement dans la continuité de ses travaux de linguistique textuelle, notamment Les Textes, types et prototypes (Paris, Armand Colin [1992] 2011), Linguistique textuelle, des genres de discours aux textes (Paris, Nathan, 1999), mais s’insère également dans la réflexion qu’il mène avec Ute Heidman sur les genres et la généricité (« Des genres à la généricité », Langages, n° 153, 2004, pp. 62-72 ; Le Texte littéraire. Pour une approche interdisciplinaire, Louvain-la-Neuve, Bruymant-Academia, 2009 ; Textualité et intertextualité des contes, Paris, Classiques Garnier, 2010) et renouvèle en ce sens considérablement l’approche de la notion même de récit.

    Le postulat méthodologique de l’auteur — « J’ai choisi de considérer une forme de mise en texte, le récit, et d’en observer transversalement les réalisations discursives dans des genres liés aux pratiques discursives de différentes sphères sociales d’activité, à des époques différentes » — conduit à une composition de l’ouvrage en cinq chapitres : « Pour une narratologie textuelle et discursive », « Genres de récits de presse : brèves, faits divers et anecdotes », « Poème, récit et narrativité », « Le récit dans le discours politique », « Raconter en co(n)texte dialogal : le monologue narratif au théâtre », dans lesquels sont analysés des extraits d’une extrême variété, du Menteur de Corneille aux discours giscardiens, ou encore de L’Étranger de Camus aux slogans publicitaires.

    Mais cette variété ne vaut pas seulement pour elle-même, elle relève avant tout de considérations épistémologiques. En effet, la double entrée micro-linguistique et macro-linguistique permet de montrer que l’on peut appréhender toutes les formes de généricité dans une même perspective, dépassant ainsi le clivage genres de discours / genres littéraires, et propose une démarche à la fois textuelle et discursive qui n’oublie pas la singularité des textes. En ce sens, cet ouvrage peut se lire comme un plaidoyer en faveur d’un décloisonnement des disciplines pour penser les concepts dans le champ des sciences du langage ‑ on ne peut que renvoyer ici au numéro 175 du Français aujourd’hui ‑ et propose, de facto, un renouvèlement des disciplines qui prennent en compte les derniers apports épistémologiques tant de la linguistique textuelle, de l’analyse du discours que de la stylistique renaissante. Cet élargissement que J.-M. Adam appelle de ses vœux trouve ici une illustration convaincante, tant la rigueur et la clarté de son propos stimule le lecteur et l’invite à poursuivre la réflexion.

    Sandrine Vaudrey-Luigi

     

    Emmanuel FRAISSE, Littérature et mondialisation, Paris, Honoré Champion, coll. « Essais », 2012 (208 p., 22 €).

    Ce court essai, incisif et très bien documenté, tente d’articuler deux notions qui sont plus que difficiles à stabiliser. L’auteur semble d’ailleurs avoir hésité à les mettre au pluriel : « quelles littératures et quelles mondialisations ? », est-on en droit de lui demander. Dès l’avant-propos, E. Fraisse répond en situant son essai dans le champ de l’histoire culturelle dorénavant attentive aux « histoires connectées ». Aussi cherche-t-il à pointer quelques interactions vives entre littérature(s) et mondialisation(s). Pour cela, il associe une démarche à la fois sectorielle et historique, thématique et problématique. Il commence par une approche socio-historique du rapport langue-littérature dans l’occident continental depuis le latin romain puis chrétien en passant par le français de l’âge classique jusqu’au reflux du français en regard du marché mondial des langues et des cultures. Il relève ensuite les principaux problèmes institutionnels et sociologiques que pose la littérature du dernier siècle jusqu’à nos jours entre littérature-monde et monde de la littérature notamment avec le(s) prix Nobel. Il conclut par deux problèmes spécifiques qui viendraient, selon l’auteur, concrétiser les rapports souvent conflictuels entre le local et le global jusque dans les œuvres voire les itinéraires d’écrivains : ce serait le cas avec les auteurs choisissant une autre langue que leur langue de naissance et avec les auteurs africains d’expression française. Dans ces situations souvent singulières se joueraient les délocalisations et relocalisations des langues et cultures dominantes aussi bien que dominées, dans le monde d’aujourd’hui. Autant de phénomènes difficilement maitrisables en termes de politiques culturelles qui, toutefois, peuvent infléchir durablement certaines tendances lourdes où s’entremêlent identités et altérités, particulier et universel, intimité et espace public, création et réception.

    On pourrait reprocher à cet ouvrage de laisser dans l’ombre certaines manifestations phares et récentes des rapports entre littérature et mondialisation tels que le manifeste pour une littérature-monde (Le Monde des livres, 15 mars 2007, et l’ouvrage publié sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud, Pour une littérature-monde, Gallimard, 2007) et le Parlement international des écrivains fondé en 1993 et dont les travaux d’un des animateurs, Édouard Glissant et sa Poétique de la Relation ou son Traité du Tout-Monde (Gallimard, 1990, 1997), ne sont pas évoqués. Mais, sur un sujet aussi ambitieux, on ne peut que reconnaitre la clarté didactique de la présentation et le choix pertinent des exemples retenus : avec quelques textes de référence dans une histoire longue, avec quelques recensions chiffrées très éclairantes sur les traductions dans le monde alors que les opinions à l’emporte-pièce suffisent souvent, et enfin avec la poétique d’une anthologie (celle de Senghor préfacée par Sartre en 1948), ce sont des clés qui sont proposées aux étudiants pour appréhender la littérature dans le monde d’aujourd’hui. Non seulement cela permet de « sortir » et des « siècles » et du « national », mais une telle démarche introduit également à l’écoute, et des œuvres singulières traversées de langues et de cultures, et des lectures qui ne traversent jamais de la même façon ces œuvres dès qu’on les historicise. Aucune simplification donc mais une mise au jour des tensions que seule l’approche culturelle permet par l’attention à ce qui fait bouger la littérature dans un monde qui ne cesse de changer. Prenant appui sur les travaux d’Arjun Appadurai et de Benedict Anderson, entre autres, E. Fraisse montre le travail à faire, chaque fois spécifiquement, en situation d’enseignement comme en travail de recherche, pour accompagner des continuités, tout autant que des discontinuités, qui organisent l’acclimatation linguistique et culturelle des œuvres dans des situations toujours inédites.

    Serge Martin

     

    Sylvie GARNIER & Alan D. SAVAGE, Rédiger un texte académique en français, Paris, éditions OPHRYS, coll. « L'Essentiel français », 2012 (280 p., 24 euros).

    L’ouvrage complété par un cédérom propose un ensemble d’outils d’autoformation pour qui désire rédiger avec un maximum d’efficacité et de clarté un texte académique : une dissertation, un rapport de stage, un compte rendu d’expérience, un mémoire de master, voire une thèse de doctorat. Les deux supports visent à aider les étudiants inscrits dans un cursus universitaire en France ou à l'étranger, voire à accompagner les futurs professeurs des écoles, de collèges et de lycées, qui cherchent à améliorer leurs propres capacités rédactionnelles et celles de leurs élèves. Les chapitres décrivent de façon accessible les règles et connaissances grammaticales (« l’ordre des mots dans la phrase », « la référence et la cohésion textuelle »), nécessaires à la rédaction de ces textes universitaires. Au-delà, ils proposent, notamment dans le cédérom, un ensemble d’exercices commentés et corrigés, en s’attachant à analyser les erreurs et maladresses d’expressions qui émaillent les écrits académiques des lycéens ou étudiants, mais aussi à formuler des remédiations en lien avec les règles et usages attendus dans des domaines comme « l’argumentation », « l’articulation en paragraphe », « l’exemplification ». Pour ce faire, l’ouvrage s’appuie sur un corpus étendu de textes authentiques, extraits de publications diversifiées : rapports institutionnels, revues spécialisées ou essais en sciences humaines et sociales.

    Jacques David

     

    Julien LONGHI et Georges-Élia SARFATI, Dictionnaire de pragmatique, Paris, Armand Colin, coll. « Dictionnaire », 2012 (256 p., 25 euros).

    Ce Dictionnaire de pragmatique constitue à la fois un ouvrage d'information et d'apprentissage à propos des connaissances qui font désormais partie du bagage intellectuel de l'étudiant, de l’enseignant, comme du chercheur en sciences sociales et humaines, et plus particulièrement en sciences du langage. Les deux auteurs, linguistes et spécialistes reconnus dans le domaine, présentent dans le détail un paradigme de recherche dont les multiples apports intéressent un éventail de disciplines qui va bien au-delà des sciences du langage. Ils font ainsi le point sur un état des connaissances, désormais institutionnalisées autant par son enseignement que par ses recherches fondamentales et sa vulgarisation éditoriale.

    La lecture des articles nous permet ainsi de mesurer la somme des connaissances accumulées dans le domaine et de les clarifier selon quatre principes récurrents : la caractérisation du domaine pragmatique, sa délimitation en différents champs, son identification théorique et l’exposition des multiples problématiques qui le traversent.

    Nous reconnaissons, de la part des auteurs, un très grand souci didactique dans la présentation synthétique des concepts recensées. De fait, loin d’y voir éparpillement notionnel, que la présentation dictionnairique ferait craindre, nous comprenons parfaitement comment la pragmatique se définit dans un continuum qui engage la conceptualisation et la description des mécanismes de l'interaction humaine, à partir d’un ensemble construit de données verbales et non verbales. Le lecteur peut alors constater que la pragmatique est avant tout une pragmatique linguistique, qui se constitue par degré en pragmatique du langage, en intégrant les diverses formes de communication, d'abord linguistiques puis non linguistiques.

    Jacques David

     

    André PETITJEAN, Études linguistiques des didascalies, Limoges, Lambert-Lucas, 2012 (120 p., 12 euros)

    Le statut de plus en plus complexe des didascalies dans le théâtre contemporain rend difficiles la définition et la délimitation de ces unités textuelles longtemps considérées comme secondaires par rapport aux dialogues. D'où l'intérêt de s'interroger en termes linguistiques sur leurs fonctions et sur leur fonctionnement, selon qu'elles appartiennent à un état passé ou présent de la production dramatique. Après une mise au point sur la nature, les formes et les fonctions des didascalies, on s'interroge sur la voix qui s'exprime à travers elles. Est-ce celle de l'auteur de la pièce ou relève-t-elle d'un narrateur, le didascale, interne à la fiction ? On étudie ensuite différentes classes de didascalies : les didascalies spatiotemporelles dont la fonction majeure est de préciser le contexte et le cadre dans lesquels se déroulent les interactions entre les personnages ; les didascalies gestuelles qui permettent d'inférer les identités, les qualités, les états affectifs des personnages, éclairant ainsi le sens de leurs relations et de leurs interactions. La deuxième moitié de l'ouvrage s'attache à rendre compte du style didascalique de Bernard-Marie Koltès puis analyse les relations syntagmatiques entre les différentes classes de didascalies présentes dans En attendant Godot de Beckett. Traitant à la fois de poétique et de stylistique, l'ouvrage s'adresse tant aux linguistes qu'aux littéraires. 

    Jacques David

     

    Catherine DELARUE-BRETON, Discours scolaire et paradoxe, Louvain-la-Neuve (Belgique), éditions Academia, coll. « Sciences du langage : carrefours et points de vue », n° 5, 2012 (240 p., 26€). 

    Prenant appui sur des travaux pluridisciplinaires qui mettent en évidence l’hétérogénéité du discours et des situations auxquelles sont confrontés les élèves à l’école, cet ouvrage revisite, dans une approche d’orientation psychanalytique, la notion de co-construction des inégalités scolaires.
    Le déplacement de la notion de réussite scolaire vers celle d’expérience culturelle entraine une redéfinition du rôle de l’école, considérée comme lieu de socialisation dont la spécificité réside dans l’apport d’une dimension commune, partagée, à la médiation individuelle entre réalité intérieure et réalité extérieure. La figure centrale du paradoxe y fait l’objet d’une ébauche de théorisation : prise dans sa double acception (négative et positive), elle y apparait tantôt comme l’expression manifeste de l’incommensurabilité du monde et de l’homme, tantôt au contraire comme une formulation susceptible d’exprimer une possible commensurabilité, pour l’homme, entre monde intérieur et monde extérieur.                

    Jacques David

     

    Alice KRIEG-PLANQUE, Analyser les discours institutionnels, Paris, Armand Colin, coll. « I.COM », 2012 (238 p., 17,60 euros)

     Analyser des discours émanant de partis politiques, d’associations, d’organisations publiques ou privées demande des compétences, des concepts et des méthodes précises et solides. Dans cet ouvrage, l’auteure expose les catégories d’analyse utiles qu’elle illustre à l’aide de nombreux exemples, éclairant les enjeux politiques et sociaux contemporains des déclarations politiques, textes journalistiques, documents administratifs, prises de parole publiques, supports de communication… Au fil des chapitres, l’étudiant apprend ainsi à poser un regard spécifique sur les textes et les énoncés pour repérer différents types d’implicites (présupposés, sous-entendus…), identifier les équivoques d’un discours (phénomènes de flou et d’ambigüité), ou encore saisir les stéréotypes langagiers (slogans, formules, phraséologie…). Ce livre s’adresse en particulier aux étudiants des différentes sciences humaines et sociales qui ont besoin d’appréhender la dimension discursive des objets sur lesquels ils travaillent.

    Jacques David


    REVUES

    Savoirs. Revue internationale de recherches en éducation et formation des adultes, n° 29, 2012, « La formation linguistique des adultes migrants », Paris, L’Harmattan, publiée avec le concours de l’association Interface, recherche de la chambre de commerce et d’industrie de Paris et de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense.

    Après un bref éditorial de Véronique Leclercq présentant la structure interne du numéro, c’est la note de synthèse rédigée par Hervé Adami (pp. 11-44) qui apparait comme le point nodal de la publication. La question de « la formation linguistique des adultes migrants » qui constitue aussi le titre du numéro 29 de la revue Savoirs y est donc essentiellement abordée via ce prisme et à travers la bibliographie sur laquelle s’est appuyé l’auteur. Deux articles de recherche lui font suite. Le premier porte sur l’apprentissage collaboratif en situation de travail (S. Coulombe, « Une modélisation des processus et des stratégies d’apprentissage en situation de travail », pp.47-58). Le second aborde sur la problématique de la formation des enseignants en interrogeant le partenariat institutionnel voulu entre écoles/enseignants stagiaires/tuteurs-conseillers pédagogiques et formateurs universitaires et montre qu’elle ne suffit pas à garantir une formation optimale pour les jeunes recrues (S. Chaliès : « Étude d’un travail collaboratif de formation professionnelle initiale des enseignants : résultats et propositions », pp. 59-80). Quatre compte rendus de lecture et enfin une recension, sous le chapeau « Vie de la recherche », de quatorze thèses soutenues entre 2007 et 2011 dans le champ de la formation des adultes concluent le numéro.

    En ce qui concerne plus particulièrement la note de synthèse qui fera l’objet de ce compte rendu, H. Adami commence par rappeler, et le souligne ensuite à plusieurs reprises dans son texte, que le champ de la formation linguistique des adultes migrants n’a, jusqu’à présent, fait l’objet que de peu de travaux de recherche, contrairement à la question de l’apprentissage des élèves allophones nouvellement arrivés en France (p. 29). Il va même jusqu’à considérer que c’est un domaine de recherche qui « n’existe pas encore » (p. 11) et propose, dans la dernière partie de son texte, quelques pistes de recherches à exploiter comme par exemple une analyse des documents didactiques archivés dans les organismes de formation et les associations qui permettrait de construire une « histoire parallèle des méthodologies en didactique des langues » (p. 31).

    La première partie de son propos est historique. C’est en effet de l’histoire de la formation linguistique des adultes migrants en France, dans son rapport d’interdépendance avec les contextes économiques, sociaux et politiques fluctuants des années 1960 à nos jours, dont il est tout d’abord question. À travers les époques, l’auteur montre comment d’informel et assumé par le tissu syndical et associatif militant, le secteur est petit à petit devenu un champ éducatif à part entière pris en charge par les instances de l’État. L’auteur montre que c’est à partir des années 2000 que la question de l’intégration linguistique des adultes migrants est véritablement prise en charge par les politiques publiques de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, dont la France. En 2005, un cadrage institutionnel mais aussi et surtout didactique est plus clairement donné à travers la création du Contrat d’accueil et d’intégration (CAI) tout d’abord puis à travers la mise en place du Diplôme initiale de langue française (DILF). Correspondant au niveau A.1.1, conçu en-deçà du premier niveau (A1) du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), il doit avant tout permettre à un public peu à l’aise avec l’écrit d’obtenir un premier diplôme officiel. Ce faisant, des objectifs communs, insufflés par ce mode d’évaluation, sont fixés aux différents organismes de formation. Pour H. Adami, en 2011, la création du label « Français langue d’intégration », à l’initiative de la Direction accueil et intégration citoyenneté (DAIC) et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), et par extension l’apparition de l’acronyme FLI comme nouvelle catégorie, par ailleurs très controversée, couronne l’institutionnalisation du domaine.

    Une deuxième partie s’intéresse à la question de l’appropriation linguistique des publics adultes migrants et la place sur le continuum de l’acquisition et de l’apprentissage. Le processus étant en effet sans cesse influencé par les apports du milieu naturel comme par ceux du cadre plus formel de formation. Plus particulièrement, il s’agit ici d’expliciter pour l’auteur les deux aspects de l’acquisition mis en évidence par les sciences du langage à savoir la « construction de l’interlangue et le rôle de l’interaction verbale dans le processus d’appropriation » (p. 23). Sur ce dernier point, H. Adami rappelle que ces précédents travaux (2011) ont mis en évidence « quatre voies sociolangagières d’acquisition en milieu naturel qu’il ne faut pas négliger : a) les relations sociolangagières professionnelles ; b) les relations sociolangagières transactionnelles (relations de service privé ou contacts avec les administrations); c) les relations sociolangagières interpersonnelles (relations amicales, de voisinage, etc. ; d) les relations médiatisées (annonces publiques, écrits urbains, boites vocales, etc.) » (p. 26).

    Dans la dernière partie de la synthèse, c’est des rapports difficiles, distendus, discontinus pour reprendre les termes de l’auteur (p. 27) avec la recherche en sciences de l’éducation et de la formation, en sciences du langage et en didactique des langues et du français en particulier dont il est d’abord question. Pour H. Adami, les terrains naturels de recherche pour chacun de ces champs, l’école pour les uns, l’enseignement du français à l’étranger pour les autres, expliqueraient les difficultés qu’on rencontrées ces différents champs à entrer sur le terrain de la formation linguistique des migrants ainsi que les différentes formes d’incompréhension qui apparaissent aujourd’hui entre les partisans de la nouvelle appellation « FLI » et ses opposants. Enfin, la question de la formation, celle des démarches, des contenus, des outils (p. 30) est abordée. Pour l’auteur, les compétences attendues par les intervenants de la formation linguistique des adultes migrants sont protéiformes et doivent donc aussi se construire en rapport avec des disciplines connexes comme le travail social, l’insertion et l’ingénierie de la formation. Enfin, pour conclure son propos, H. Adami évoque un champ de recherches qui émerge, celui de « la formation linguistique en milieu ou à orientation professionnelle destinée aux publics concernés par la formation de base » (p. 35). Elle est liée au FLP (français langue professionnelle).

    Lucile Cadet

     

    Repères, « Vingt ans de recherches endidactique du français (1990-2010).Quelques aspects des recherches dans les revues », n° 46, 2012, Paris, École normale supérieure de Lyon & Institut français de l’éducation (244 p., 18 euros).

    Ce numéro de la revue dirigé par Bertrand Daunay et Francis Grossmann s’interroge sur les vingt ans de recherches en didactique du français, de la période 1990-2010, telles qu'elles apparaissent dans les différentes revues publiées dans le champ. Il permet ainsi d’analyser ce qui a permis d'en assurer les fondements théoriques, mais aussi les éléments de fragilité et de débats encore largement ouverts.

    Pourquoi une telle étude ? Sans doute parce que l’analyse de ces revues de didactique du français se confond avec l’histoire même de la discipline et, pour le moins, permet d’en dessiner les contours, notamment sur l'évolution, la diversité et l’ampleur des objets didactiques. Cependant, de l’aveu même des différents auteurs sollicités, ce parcours à travers les périodiques les plus utilisés ne rend pas toujours compte de la variété des approches visées, notamment au plan sociolinguistique, et ouvre de nouvelles pistes de recherches sur des dimensions parfois négligées dans le champ.

    De fait, le sommaire en révèle à la fois les contenus et les attentes avec, dans une première partie sur « Les objets de la didactique du français », les contributions de M.-L. Elalouf : « La didactique de la grammaire dans 20 ans de la revue Repères », d’É. Nonnon : « La didactique du français et l'enseignement du vocabulaire, dans vingt ans de revues de didactique du français langue première », de S. Aeby-Daghé : « L'enseignement de la lecture en Suisse romande (1990-2010). Discours alternés de la recherche et de la prescription », de C. Doquet : « La norme et l'usage. Linguistique et didactique de l’écriture à l’école primaire », de R. Hassan : « La didactique de l’oral, d’un chantier à un autre ? » ; puis, dans une deuxième partie sur « Les dimensions transversales », les études de V. Boiron et B. Kervyn : « École maternelle et recherches en didactique du français : bilan rétrospectif (1990-2010) et ouverture programmatique », de K. Balslev et R. Gagnon : « La formation des enseignants d’un point de vue didactique : bilan de deux décennies d’articles de Repères », de M.-M. Bertucci et V. Castellotti : « Variation et pluralité dans l’enseignement du français : quelle prise en compte ? », de F. Quet : « L’épreuve de synthèse au CRPE, un indicateur de la diffusion des recherches en didactique du français ? » On y apprend ainsi que Le français aujourd’hui, avec 29 articles, est la revue la plus utilisée dans l’épreuve de note de synthèse du concours de professeurs des écoles.

    Jacques David

     

    Recherches, revue de didactique et de pédagogie du français, « Les discours en classe de français », n° 56, 2012 (198 p., 15 euros).

    Types de textes, formes de discours, genres de textes : que recouvrent ces oscillations terminologiques ? Les types de textes et les formes de discours ont disparu, presque à demi-mot, des derniers programmes de français de l’école élémentaire (2008), du collège (2008) et du lycée (2010), alors pourquoi s’y intéresser ? C’est que ces objets, même s’ils sont désormais estimés hors-sujet par l’institution scolaire, ne sont pas pour autant hors d’usage pour les praticiens, chercheurs et enseignants confondus. La recherche continue de s’y intéresser en les affinant sans cesse. Et c’est dans la mesure où ces catégorisations peuvent aider l’enseignant à penser les apprentissages que cette livraison de Recherches s’y intéresse à travers une série de contributions de J.-M. Adam : « Discursivité, généricité et textualité », S. Dziombowski : « Le discours publicitaire ou le mélange des genres », M. Beauvois : « Varier les discours pour réussir l’entretien de l’épreuve anticipée de français », Y. Reuter : « Didactique du français et discours », C. Mercier : « Rédiger le portrait d’une femme cultivée au siècle des Lumières… », V. Boiron : « Genres de discours, objets du monde et modes d’organisation des connaissances », M. Habi : « Les images racontent-elles à l’école ? », N. Denizot : « La scolarisation de l’argumentation dans l’enseignement secondaire », F. Darras, B. Daunay, I. Delcambre & M.-P. Vanseveren : « Argumentation et dissertation », C. Plantin : « Indignes, indignités, indignés : la construction argumentative de l’indignation ».

    Jacques David

     

    Lecture Jeunesse, « Les jeunes et les inégalités numériques », n°143, septembre 2012 (80 p., 14 euros).

    Ce numéro reprend les actes du colloque du 7 juin 2012 organisé l’association éponyme de la revue. On y trouve les articles S. Octobre : « Nouvelles cultures et institutions de transmission », de  C. Aguiton et D. Cardon : « Expression de soi et créations identitaires sur le Web 2.0 », de F. Granjon : « Fracture numérique », de G. Valenduc : « Comment se manifeste la fracture numérique chez les jeunes », de E. Maroun : « Le numérique, levier de prévention de l’illettrisme », d’A. Clerc pour un entretien avec Marion Liewig : « Le numérique et les publics en situation de précarité », de  K. Aillerie : « Les pratiques informationnelles des adolescents sur Internet » de V. Drai-Zerbib : « Les compétences mobilisées par la lecture sur écran », de S. de Leusse-Le Guillou dans un entretien avec Michael Stora : « L’adolescence à l’épreuve du virtuel », puis dans un autre entretien avec Pascal Cotentin : « Le numérique au service des apprentissages pour les collégiens et les lycéens », d’A. Clerc pour un quatrième entretien avec Silvère Mercier : « La médiation numérique en bibliothèque ».

    Jacques David

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