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    Avr

    Littérature et valeurs, Rendez-vous des Lettres de l'Académie de Versailles 2015

    Compte-rendu de la journée du 14 avril 2015 à Gennevilliers

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    Littérature et valeurs

    Rendez-vous des Lettres de l'Académie Versailles

    14 avril 2015

     

    Corinne Leenhardt, IA-IPR de Lettres, ouvre la journée en expliquant que le sujet avait été décidé l'an dernier, avant les évènements de janvier qui ont obligé à se centrer autour de « enseignement des lettres et valeurs communes ». La Charte de la laïcité, le nouvel enseignement moral et civique amènent à repenser les rapports valeurs/littérature, comment la littérature fait valeurs, et qu'est-ce qui fait la valeur de la littérature.

    Patrick Souchon, responsable de la DAAC, rappelle l'importance d'une approche artistique et culturelle de la langue. La réception du contemporain par l'école pose doublement la question des valeurs au regard des œuvres qui n'ont pas subi l'épreuve du temps, risque que l'on tente de limiter par la médiation culturelle.

     

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    Conférence inaugurale

     

    Vincent Jouve, "Valeurs de la fiction"

    Vincent Jouve propose différentes façons d'envisager la question de la valeur dans les études littéraires :

    -       Une démarche descriptive : comment les valeurs sont inscrites dans un texte, quelles valeurs passent dans un texte, comment les dégager ;

    -       Une démarche analytique : quelle est la place des valeurs dans l'activité de lecture, comment les valeurs du lecteur conditionnent sa lecture ;

    -       Une démarche qui considère les valeurs associées au fait littéraire en tant que tel, le texte littéraire est un texte particulier qui implique un mode de consommation, des valeurs sont inhérentes à la façon dont on aborde un texte littéraire. C'est le point sur lequel il va se centrer.

    Qu'est-ce qui fait pour un lecteur la valeur du récit de fiction ? Vincent Jouve prend le parti de laisser tomber la valeur esthétique pour ne pas s'enfermer dans relativisme esthétique et intellectuel. Le récit de fiction tire sa valeur des fonctions qu'il remplit /

    -       Fonction compensatrice : la force d'un texte littéraire qui ne remplit aucune obligation est de répondre à un désir, le désir du lecteur ; les textes qui traversent le temps répondent au désir de publics différents. Cette fonction doit s'étudier par rapport à la double identité du texte : fictionnel et narratif.

    o   Dimension fictionnelle ; pour Jean-Marie Schaeffer, le romanesque est une "utopie existentielle" avec deux modalités contradictoires : le romanesque blanc, un monde idéal (roman populaire) / le romanesque noir, celui des pulsions refoulées par lesquelles le lecteur peut satisfaire sa volonté de puissance (roman gothique, érotique…). Le romanesque a toujours pour but de combler deux désirs contradictoires. La fiction aurait toujours une valeur anthropologique, par sa valeur compensatrice, elle serait indispensable à l'être humain. Vincent Jouve fait allusion au modèle théorique du darwinisme littéraire : comment se fait-il que notre espèce ait dépensé autant de temps aux récits imaginaires ? Une réponse possible est que la fiction est indispensable à l'évolution parce qu'elle permet de compenser les difficultés de la vie, elle rendrait la vie supportable en suggérant qu'elle peut s'améliorer. Les fins heureuses de la fiction semblent fausser la réalité, la croyance en ce mensonge aide à comprendre pourquoi les être humains ont commencé à raconter des histoires. Ces textes expriment un monde plus désirable, suggèrent la possibilité d'un monde meilleur. Elles sont du même ordre que les idéologies ou religions, mais la différence est qu'elles affirment qu'elles sont imaginaires, elles contiennent elles-mêmes leur prise de distance.

    o   Le récit a aussi, en soi, une fonction compensatrice. Tout récit est fondé sur une tension (surprise, suspense, curiosité…) destinée à être résorbée. La fameuse dialectique perturbation/résolution, désordre/retour à l'ordre illustre cette fonction du récit. Le récit au plan structural a une valeur réconfortante.

    Il répond aussi à une valeur contingente ; la force du récit s'inscrit dans un sens, transforme une temporalité en logique.
    Il répond à deux besoins fondamentaux de l'humain : sécurité et nouveauté, qui se contredisent. L'humain a le choix entre l'ennui et l'angoisse. Le récit s'appuie sur ce besoin de nouveauté mais sans sacrifier la sécurité.

    -       Fonction modélisante ; le récit de fiction simule des situations de la vie réelle pour un entrainement existentiel, pour développer le champ des possibles, augmenter les expériences sans courir les risques ni subir les dangers inhérents à ces expériences. Il imite le réel mais sans correspondance parfaite, dans une relation d'analogie et non d'homologie. La fiction ne fournit pas de modèles tout prêts, mais  met à la disposition du lecteur des micro-modèles de comportements qui peuvent, après la lecture, être appliqués à la réalité de différentes façons :

    o   Projection : quand la situation d'un personnage me rappelle ma propre situation. Elle me demande peu d'efforts comme lecteur, la mise en relation est quasiment directe.

    o   Adaptation : lorsque je peux, comme lecteur, au prix de quelques aménagements, trouver des éléments qui me donnent des clés.

    o   Démarcation : lorsque le texte me parle comme lecteur de ce que je ne suis pas, me fait comprendre ce qui est étranger en moi, donne à penser l'énigme en soi.

    o   Réfutation : lorsque la situation fictionnelle est si contraire à ma réalité qu'elle me donne des outils pour comprendre ma vie.

    Lire un texte constitue une expérience de pensée de ce que serait le monde dans telle situation. Dans un roman les évènements sont souvent représentés dans des cas extrêmes. La force du récit de fiction est dans son intensification. La question n'est pas de savoir si l'histoire représente le bien ou le mal, ou si elle est vraisemblable, mais dans l'élargissement de notre opinion, du champ des possibles. Les figures romanesques deviennent des outils qui nous permettent de comprendre et construire notre réalité.

    -       Fonction critique : c'est le pouvoir de discrimination. Dans un texte narratif le sens n'est jamais donné directement, il passe toujours par une médiation, une description, un personnage. Ce qui est là, c'est l'histoire, le sens doit se construire, se déduire. C'est un geste interprétatif ; selon Yves Citton l'interprétation peut être :

    o   active : pourquoi tel personnage agit-il ainsi ? ;

    o   intuitive : se contente d'émettre des hypothèses ;

    o   relative : sa seule force est son pouvoir de conviction (école d'humilité);

    o   créative : intervient lorsqu'une lecture proposée jusque-là apparait comme insuffisante ;

    o   polyphonique : profondément démocratique, c'est l'apprentissage du débat ;

    o   libératrice : prise de distance par rapport à l'accumulation d'information, apprend à sélectionner, hiérarchiser, ordonner.

     

    Les valeurs transmises par les études littéraires sont probablement moins celles véhiculées par les textes que celles attachées au travail que l'on fait sur les textes. La valeur d'un récit ne tient pas uniquement à son statut d'objet fixe. On peut savoir gré à la recherche de ces dernières décennies d'avoir rétabli la question du plaisir du texte, mais il ne faut pas oublier une autre fonction des textes : par leurs valeurs compensatrices, modélisantes et critiques, les récits jouent un rôle majeur dans le développement de l'individu. La différence entre la fiction romanesque et les fictions de série est qu'elle pose la question du rapport à la langue, elle est une manière de travailler le rapport aux langages et à la langue.

    Défendre la pertinence des études littéraires à travers la question du style n'est pas la façon la plus efficace parce que la valeur esthétique est toujours difficile à prouver (la force du texte n'est pas reçue partout, elle fait obstacle) ; Vincent Jouve est partisan de montrer, dans un premier temps, en quoi un texte intéresse les élèves : la médiation éthique, morale, la question du sens est première par rapport à la question de la force esthétique du texte.

    Il nous engage à faire attention aux risques actuels d'évaluer un texte en fonction des valeurs qu'il véhicule car la question à se poser est comment un texte porte et construit ces valeurs, et comment le lecteur aborde un texte en fonction de ses valeurs. L'articulation éthique-esthétique est essentielle, mais il est plus facile d'entrer dans le texte et d'installer le débat par l'éthique que par l'esthétique.

     

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    Régis Sinarbieux, Écriture des programmes et valeurs

    Les programmes d'EMC sont fléchés Histoire-Géographie-Instruction Civique : qu'en est-il de notre discipline ? Quelles possibilités pour le prof de français ?

    Les programmes ont été réécrits après les évènements de janvier, une nouvelle version est en cours, ils ne sont pas encore validés. Le groupe en charge de la rédaction, de 10 personnes, est coordonné par Pierre Kahn (pas de Lettres ni d'arts dans la commission).

    Applicables à la rentrée 2015, ils se substituent à l'éducation civique et à l'ECJS, et seront dispensés du cycle 2 au lycée pas les profs d'HG, mais ils concernent l'ensemble des disciplines, de l'équipe pédagogique y compris les CPE.

    La morale laïque (Vincent  Peillon) à l'origine de ces programmes vient de Jules Ferry, c'était un moyen de lutter contre les prétentions cléricales de l'église catholique. Le Plan Langevin-Wallon consacre tout un chapitre à la morale civique et laïque. Xavier Darcos la réintroduit en 2008 avec l'instruction morale et civique.

    Le moral est ce qui pose problème. L'idée n'est plus de faire un catéchisme du civique et du moral. L'objectif est de viser à s'approprier des valeurs et principes de la société civile : égalité, liberté, solidarité, tolérance, laïcité, esprit de justice, refus des discriminations. Le programme, qui s'inscrit dans le socle commun de connaissances, compétences et de culture, répond à plusieurs dimensions : sensible, normative, cognitive, pratique (de l'engagement). Décliné en plusieurs cycles, au carrefour des enseignements et des pratiques éducatives, cet enseignement doit irriguer toutes les disciplines.

     

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    Mathieu Meyrignac, "Pratiques d'enseignant, Littérature et valeurs"

    Corinne Leenhardt rappelle l'histoire du Groupe de travail acadéique "Culture et violence" qui devait s'attaquer aux violences de l'école, de la classe, des textes en travaillant sur la langue, la langue des textes et la langue des élèves. Entre littérature et valeurs se trouvent deux figures, celle de l'élève et celle du professeur.

    Mathieu Meyrignac fait un rapide rappel historique sur cette question du triangle entre texte, professeur et élève. Rien ne prédisposait  cette question à être problématique. À l'origine littérature et valeurs étaient intimement liées et selon Aristote, l'homme apprend par des histoires. Dans la tradition classique, la littérature est une forme de connaissance pratique, éminemment morale ; elle part d'un présupposé important que la littérature a un objet, et que les fables ont un pouvoir ; ce que nous enseignerait la littérature, ce n'est pas ce que nous faisons en cours.

    À partir du XIXème  la littérature a commencé à revendiquer une autonomie : pas d'auteur, pas de message, pas de destinataire précis ; cette autonomisation a eu pour but de priver la littérature de sa fonction de communication ; ces approches ont un point commun, c'est de nier que le caractère spécifique du texte soit lié à ses extérieurs.

    Cette conception de l'autonomie du texte nous pose problème en tant qu'enseignants. Ce qui pose problème c'est le statut d'exceptionnalité linguistique, le fait que personne ne serait là pour assumer la parole. Faire du texte littéraire un texte sans auteur aux commandes, sans message univoque, rend compliqué le rapport aux valeurs. Alors que la littérature est de plus en plus du côté de la description, s'intéresser aux valeurs c'est être de plus en plus du côté de la prescription. (Todorov 1984). Nous ne pouvons pas assumer le discours de l'autonomisation parce que nous sommes de plus en plus sollicités pour justifier l'utilité, à quoi ça sert ; et parce que nous sommes liés à des corpus de valeurs par l'Éducation Nationale. Selon Barthes (1975 Congrès de l'AFEF Luchon), toute lecture personnelle est particulière, la lecture collective en classe n'est plus une lecture particulière, est-elle encore une lecture ? "La littérature c'est ce qui s'enseigne…" Des valeurs collectives peuvent se construire dans le rapport au texte dans la classe. L'horizon du texte ne peut pas se construire dans des valeurs individuelles mais dans une dimension collective. Le professeur crée un discours par la succession des textes, par les choix qu'il fait. Le professeur fait de la littérature au sens fort, mais c'est un détournement.

     

     

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    Atelier 2 : "Écriture, délibération, argumentation. Enjeux et jeux."

    3 expériences pédagogiques, collège, LP, et lycée

    Collège – L'expérience présentée a consisté à préparer les classes de 3ème au sujet de réflexion par une pratique quotidienne du débat en classe. Cette préparation constitue un exercice qui amène les élèves à construire leur réflexion sur le monde. Présent dans les programmes, le sujet argumentatif concentre des difficultés pour les enseignants : il peut paraitre difficile,  à travailler "en plus", de type philosophique, instrumentalisant les textes littéraires, abordant des thèmes dans lesquels le professeur ne se sent pas compétent. Le défi du travail à mener est d'habituer les élèves à prendre le temps de la réflexion, construire une pensée, confronter une vision du monde à celle des auteurs.
    À partir d'un exemple (un texte de Colette qui comporte une alternance écrit-oral) le travail sur le texte en classe va porter sur le thème du repas comme pratique familiale, sociale. Les élèves passent constamment de l'oral à l'écrit en notant très régulièrement au brouillon leurs idées. Ce travail amène à revoir aussi les pratiques d'évaluation, à noter le brouillon pour valoriser le tâtonnement des idées, à évaluer par compétences en constituant la grille de compétences avec les élèves.

    LP – Concours Olympe de la Parole : sur une thématique donnée, les élèves doivent faire un travail sur l'égalité des sexes pour aboutir à une mini saynète. Ils passent d'abord par le jeu de l'avocat (avec des robes), puis ils créent une saynète.

    Lycée – Concours d'éloquence : permet d'initier les élèves à l'art oratoire sous forme ludique. Ce travail est fait en collaboration avec le prof de philo. Chaque élève a un sujet tiré au sort. La phase de préparation dure un mois et demi à deux mois, les profs sont à disposition pour aider à la préparation. La sortie à la Conférence du Barreau de Paris est un grand moment de modélisation. Après la phase de mise en scène vient la production devant un public et un jury. Il s'agit d'une expérience humaine et intellectuelle très riche pour les élèves. L'éloquence, qui est le plaisir de convaincre, réunit tous les enjeux de la littérature.

     

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    Conférences de l'après-midi

     

                Leslie Kaplan

    La question de l'innommable intéresse un écrivain au plus haut point, les mots changent de sens… La littérature est-elle placée devant des valeurs qui lui sont extérieures ? La littérature est une façon de penser qui se transmet par sa façon d'écrire, de montrer, de nommer. Comment la littérature permet-elle de penser ? Leslie Kaplan évoque la question du détail, du saut, du lien.

    Détail : c'est un éclat de réel qui indique un sens, qui fait sens ; un révélateur de société qui excède l'explication ; l'accumulation d'anecdotes a pris beaucoup de place dans une culture de société de masse, une culture de l'absence de pensée.  La littérature a toujours été concernée par la bêtise, les clichés, les idées reçues.

    Saut : l'acte d'écrire, c'est mettre de la distance avec le réel, sauter ailleurs ; c'est une rupture, pas une simple accumulation.

    Lien : la littérature est une recherche qui peut intégrer tous les outils du cinéma, de l'art moderne, de la musique… Elle est faite d'un rapport "avec" le monde.

    Lecture d'un extrait de sa pièce : Déplace le ciel autour des mots, des stéréotypes de la langue française. "La bêtise est toujours liée à la méchanceté."

     

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    Pierre BayardAurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? 2014

    Pierre Bayard replace ce dernier livre dans l'ensemble de ses livres qu'il classe en deux séries :

    -       La fiction théorique : à mi-chemin du roman et de l'essai, elle procède par déstabilisation de l'énonciation par un personnage-narrateur ; le fait de confier l'énonciation à un narrateur déstabilise puisqu'on est à mi-chemin entre fiction et théorie ;

    -       La critique interventionniste avec plusieurs types d'intervention :

    o   sur l'éclairage sur les livres, ce qui montre qu'on pourrait lire autrement – ex sur des romans policiers – ; 

    o   en modifiant des œuvres – enlever les digressions chez Proust – ;

    o   changer les auteurs – réattribuer une œuvre à un autre auteur – :

    o   déplacer les œuvres dans l'histoire littéraire et artistique.

    o   Entrer à l'intérieur d'un livre, ce qu'il fait dans Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ?

    Son dernier roman fait partie d'une série dont c'est le 2ème volume. Cette série a pour projet de nous faire entrer en contact avec la personnalité potentielle ; que ferions-nous si la situation devenait ceci ou cela ? La personnalité potentielle est différente de l'inconscient freudien. Par exemple, dans l'expérience de Milgram, des êtres sont confrontés à leur personnalité potentielle. Cette démarche s'appuie sur trois caractéristiques :

    -       Un retour en arrière, un voyage dans le temps qui permet de :

    o   se mettre dans des périodes de l'histoire où des choix délicats se sont imposés (ex. seconde guerre mondiale) ;

    o   faire une suspension de son état intellectuel actuel pour se replonger dans l'histoire ;

    o   se confronter à une bifurcation, dans des périodes de crise on a le choix entre plusieurs possibilités. Il s'agit d'une situation complexe.

    -       L'entrée dans un livre : dans ce dernier roman, il entre dans un roman d'Alexandre Dumas et Auguste Maquet qui se passe sous la Révolution, entre l'exécution du roi et celle de la reine et raconte comment un républicain fervent fait évader la reine. Il prend la place de ce héros, par un dispositif de métalepse (passage de la réalité dans la fiction).

    -       Certains problèmes de philosophie morale. La littérature offre des cas passionnants pour réfléchir sur des problèmes éthiques, les personnages sont constamment confrontés à des dilemmes éthiques. L'opposition entre l'éthique des principes (Kant) et l'éthique des conséquences constitue un débat qui a été actualisé à l'occasion de la Révolution française par Benjamin Constant ; dans quelle mesure puis-je mentir (et déroger à mes principes) pour sauver un ami ? Cette situation complexe entraine une série d'autres questions, notamment celle du conflit de loyauté, une situation où plusieurs principes sont en jeu. Jusqu'où doit-on aller quand on décide d'aider quelqu'un ? La parabole du bon Samaritain  est insuffisante, quelles sont les limites de l'aide à l'autre ? à quel moment doit-on se séparer de la personne que l'on aide ? Cette question de la "bande glissante" ouvre un abime de réflexion.

     

     

     

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