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  • 30
    Sep

    Le théâtre à l'honneur au 25ème Festival des Francophonies de Limoges

    Un anniversaire funestement marqué par le désengagement de l'Etat. La coupe drastique opérée par le Ministère des Affaires Etrangères dans sa subvention laisse augurer d'un avenir difficile.
    Libération - 29/09/2008 - René SOLIS

    Francophonies, les plaies ouvertes
    Théâtre. Clandestins, génocide : à Limoges, l'histoire et l'actualité reviennent en force.

    Libération 29/09/2008

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    Le Monde - 29/09/2008 - Brigitte SALINO

    Festival Les Francophonies en Limousin confrontées au désengagement de l'Etat
    Le théâtre francophone au coeur des interrogations budgétaires.

    Pour ses 25 ans, le Festival des Francophonies, qui se tient à Limoges et dans la région jusqu'au dimanche 5 octobre, se retrouve au centre d'une bataille interministérielle dont il se serait bien passé.

    Le service des affaires francophones au ministère des affaires étrangères, son soutien " historique " et légitime, a décidé de retirer 35 000 euros des 135 000 euros promis pour 2008, laissant entendre que cette subvention pourrait être réduite à zéro en 2009. Cet abandon priverait le Festival de plus de 12 % de ses financements publics et pourrait " compromettre - son - avenir ", selon le conseil d'administration des Francophonies.

    L'annonce du retrait du ministère des affaires étrangères est intervenue en juin, bien après que Marie-Agnès Sevestre, la directrice des Francophonies depuis janvier 2006, eut bouclé son programme. Pour ne pas compromettre l'édition 2008, le ministère de la culture et de la communication est intervenu, en palliant le manque des 35 000 euros.

    De mauvaise grâce, comme l'explique Georges-François Hirsch, le directeur de la DMDTS (direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles) : " J'ai fait le nécessaire parce que l'annonce a été tardive. Mais ce n'est qu'une solution provisoire. Il faut qu'à l'avenir le ministère des affaires étrangères fasse ce qu'il doit faire, sinon il y aura des problèmes. "

    Georges-François Hirsch précise que Christine Albanel, la ministre de la culture et de la communication, a écrit à son homologue une lettre " allant dans ce sens ". Marcel Escure, le chef du service des affaires francophones au ministère des affaires étrangères, répond à l'attaque en avançant trois raisons : la réduction des dépenses publiques voulue par " notre président " (Nicolas Sarkozy) ; une réforme du ministère, annoncée par " notre ministre " (Bernard Kouchner) " qui veut recentrer les affaires étrangères sur le coeur de leur mission, la diplomatie " ; le choix de financer " d'autres projets francophones novateurs, comme les portails Internet ".

    Marie-Agnès Sevestre ne conteste pas ce choix. Elle constate qu'il privilégie la technologie au détriment du spectacle vivant. Sur le fond, dit-elle, " il est difficile de savoir si le changement d'attitude du ministère des affaires étrangères par rapport à la francophonie est justifié après coup par des raisons économiques, ou s'il est antérieur. Les centres culturels français à l'étranger et les services de coopération en Afrique sont eux aussi touchés par le désengagement de l'Etat. Et s'ils ont moins de moyens, nous serons privés de sources importantes. Parfois, avec un billet d'avion et un contrat, on change la vie d'un artiste ".

    Reste la question du sens à donner à la francophonie aujourd'hui. A Limoges et dans ses environs, 25 spectacles sont proposés au public (soit 15 200 places), pour cette édition qui n'entend pas défendre, par principe, la langue française - parce que " les artistes maltraitent la langue et ils ne sont pas les ambassadeurs de leurs pays ", selon Marie-Agnès Sevestre. Les choix de la directrice sont guidés par une vision en forme d'interrogation : " Comment faire pour que les spectacles ne portent pas l'étiquette : créé à Limoges, donc francophone, donc militant ? "

    C'est un risque. Les jeudi 25 et vendredi 26 septembre, le festival présentait ainsi un grand écart entre deux productions plombées par la bonne conscience (Fébar, ou le drame des Africains fuyant la misère en s'entassant dans des bateaux de fortune, et 47, ou la répression française de l'insurrection à Madagascar, en mars 1947). Mais il y avait aussi Le Complexe de Thénardier, de José Pliya, mis en scène par le Québécois Denis Marleau. Directeur de L'Art-Chipel, la scène nationale de Basse-Terre (Guadeloupe), José Pliya est d'origine béninoise. Il a déjà travaillé avec Denis Marleau pour Nous étions assis sur le rivage du monde... présenté aux Francophonies en 2005. Le Complexe de Thénardier, sa pièce la plus connue (jouée dans plusieurs théâtres parisiens), mise en scène par Marleau, est une création des Francophonies 2008.

    On y voit deux femmes liées par une relation ambiguë, entre oppression domestique et poids de la guerre. Tout sourd de l'ombre. Une ombre intrigante et menaçante, où la vérité - de soi, et du monde - est à chercher entre les mots, là où nichent la lâcheté et le désir inavoué de la dépendance. La mise en scène de Denis Marleau n'impose rien, sinon une écoute ouverte à " l'autre ". A l'image du meilleur de la francophonie.

    Brigitte Salino

    Les Francophonies en Limousin,
    11, avenue du Général-de-Gaulle, Limoges (Haute-Vienne). Tél. : 05-55-79-00-57. www.lesfrancophonies.com. Jusqu'au 5 octobre. Le Complexe de Thénardier sera présenté à Valenciennes (Nord) les 2 et 3 octobre, et à Mons (Belgique) du 7 au 12 octobre.

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