Programme
Compte-rendu des 6èmes rencontres nationales du GFEN,
« L’aide, comment faire… pour qu’ils s’en passent »
Compte-rendu de l’ouverture
Le 6 avril 2013, Le GFEN, Groupe Français d’Éducation Nouvelle, organisait ses 6èmes rencontres nationales, « L’aide, comment faire… pour qu’ils s’en passent », dont le thème cette année est plus précisément « Penser l’aide au cœur des apprentissages ».
David PROULT (maire-adjoint de St-Denis, délégué à l’enseignement) ouvre la journée de réflexion organisée par le GFEN sur l'accompagnement, en rappelant que la Seine-St-Denis et la Ville de Saint-Denis qui l'accueillent sont les plus jeunes de France. L'Éducation occupe donc une part majeure du budget et des préoccupations de ces collectivités. Les études ont révélé que la population, qui appartient à des milieux très populaires, y souffre de discrimination négative. Souvent pointés du doigt comme se désintéressant de l'éducation et de la scolarité de leurs enfants, des parents d'élèves se sont mobilisés et ont rédigé un manifeste pour l'égalité demandant un contrat de législature où seraient inscrites une obligation de moyens et une obligation de résultats car tous les enfants sont capables d'apprendre[i].
A sa suite, Jacques BERNARDIN introduit la réflexion par un rappel qui assigne des enjeux politiques, et non politiciens, aux échanges de cette journée : dans le 93, 20% de la population et donc une proportion encore plus significative des enfants, vit sous le sous seuil de pauvreté et 53% des établissements sont en ZEP. La question de savoir quels sont les points faibles des pratiques enseignantes "ordinaires", thème de la journée de réflexion du 6 avril 2013, apparait donc, à la lumière de tels enjeux, comme une question fondamentale. On a en effet constaté beaucoup d'investissements publics et beaucoup d’investissement des personnels dans des dispositifs d'aide mais pour quels effets? Tout cela sur fond d'une école malmenée afin de pérenniser une sélection sociale masquée.
Contre cet état de fait il apparait essentiel d'intervenir en amont :
- examiner les contenus à la lumière des erreurs récurrentes,
- interroger le rapport aux activités proposées aux élèves en observant leurs attitudes et en écoutant leurs points de vue.
Les études internationales ont montré les points faibles concernant les acquis en lecture mais aussi en écriture et culture mathématique. PISA situe les performances moyennes des élèves français en compréhension de l'écrit dans la moyenne de l'OCDE mais montre que l'écart s'est creusé et que la proportion des plus faibles est passée de 15 à 20% ; le constat est identique en mathématiques où ils sont passés de 16,6% à 22%. PIRLS permet de constater que la chute notable des élèves en compréhension de lecture provient des deux compétences les plus élaborées : "interpréter" et "donner son avis" ainsi que sur la compétence à composer des réponses. La baisse des résultats constatée par PIRLS pour les compétences en littéracie concerne tous les élèves, elle est plus marquée pour les filles avec une perte de 9 points et 32% de nos élèves de 15 ans figurent parmi les faibles contre 21% dans l'enquête précédente.
Toutes ces enquêtes internationales montrent aussi beaucoup de non réponses et de renoncement. On remarquera que l'enquête concerne des élèves qui ont subi la réforme de Robien sur la lecture. Il faut aussi mettre en cause un effet de système qui fait moins de place aux recherches et débats ainsi que le statut culpabilisant de l'erreur dans l'école française.
On peut connaitre le point de vue de l'élève à partir de l'enquête de l'AFEV : 26% déclarent qu'ils aiment peu l'école, 52 % y éprouve de l'ennui et 70% disent que, souvent, ils ont du mal à comprendre. C'est ce sentiment d'incompétence qui est source d'ennui et de décrochage.
Quels points faibles au niveau des pratiques d'enseignement ? Les recherches menées par le réseau RESEIDA, et dont font état J.Y. Rochex et J. Crinon dans leur ouvrage La construction des inégalités scolaires[ii], mettent en évidence deux tendances qui accentuent les effets des inégalités sociales. La première, qu'ils nomment "l'indifférence aux différences", se traduit par une mise en retrait de l'éducateur. Celui-ci laisse des implicites qui exigent de la connivence, entretient l'illusion de la transparence des savoirs, de leur évidence, met en place des situations qui n'explicitent pas l'enjeu, ne veille pas à l'assimilation de la consigne. Il n'interroge pas les contenus : sa pratique se caractérise par son peu d'anticipation des étapes qui facilitent l'interprétation, ses interventions visent à permettre aux élèves d’avancer dans la réalisation de la tâche mais n'aident pas à interpréter : aller au bout de la tâche devient l'essentiel, le but en soi, les apprentissages visés sont dès lors opaques pour les plus éloignés de la culture de l'école et s'instaure un malentendu sur le contrat didactique, source d'échec durable.
L'autre posture enseignante qui produit de l'échec pour les enfants de milieu populaire est, au contraire, la surestimation des différences qui conduit à la simplification des supports, au guidage renforcé, au morcèlement...
Ces travaux, enfin, interrogent, certes, les méthodes de travail des enseignants, mais aussi le dogme de l'individualisation qui isole les élèves. Plutôt que de chercher à priori des fonctionnements parallèles dans la classe, ils nous invitent à spécifier ce qui est essentiel dans les enseignements fondamentaux pour que TOUS en bénéficient, car tous sont capables d'apprendre. Finalement pour le GFEN comme pour ces chercheurs, l'éducabilité n'est pas un pari, c'est une certitude qui doit pousser le collectif enseignant à accompagner, dans le quotidien de la classe, tous les élèves dans leurs apprentissages.
Puisqu'il s'agit de mettre en travail les pratiques de la classe, et parce que le GFEN et sa réflexion sont très ancrés dans le premier degré, les travaux de la matinée sont situés dans le champ didactique et la pédagogie des mathématiques. Ce n'est pas pour autant qu'ils n'intéressent pas l'AFEF, non seulement parce qu'ils concernent celles et ceux d'entre nous qui enseignent dans le premier degré, mais aussi parce qu'il appartient à tous les enseignants de tisser les liens interdisciplinaires. C'est cela aussi l'accompagnement dans le quotidien de la classe.
[i] http://www.gfen.asso.fr/images/documents/actions/actions_nationales/gfen_rencontre_aide_2013.pdf
[ii]CRINON J., ROCHEX J.Y. La construction des inégalités scolaires, © Presses Universitaires de Rennes, 2011
Compte-rendu de la première conférence
La première conférence proposée est celle de Roland CHARNAY[i]. Elle est intitulée "Comprendre les difficultés des élèves pour les prendre en compte" et, dans son propos liminaire, il affirme que prendre en compte les difficultés signifie les prévenir, les interpréter pour y répondre, mais aussi, parfois, en provoquer pour les exploiter à des fins d'apprentissage. (suite en ligne)
[i] Robert CHARNAY, IREM de Lyon, responsable scientifique du site TFM (Télé Formation Mathématique), Université Paris V.
Compte-rendu de l’atelier 4 : Apprendre à catégoriser (géométrie)
L'atelier était consacré à l'apprentissage de la capacité à catégoriser, capacité qui se construit par l'expérience. C'est une conduite cognitive qui consiste à découper le réel pour se repérer, mémoriser, anticiper. Elle repose sur des activités de reconnaissance, classification, sériation, compréhension, raisonnement. (suite en ligne)
Compte-rendu de la deuxième conférence
La deuxième conférence est celle de Roland GOIGOUX[i]. Il a choisi d’axer sa conférence sur le slogan de la journée : "L'aide, comment faire pour qu'ils s'en passent", en le prenant au pied de la lettre. (suite en ligne)
[i] Roland GOIGOUX, Professeur à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, chercheur au Laboratoire ACTÉ (Activité, Connaissance, Transmission, Éducation)
Compte-rendu de l’atelier 8 : Lire et comprendre un document historique
L'atelier était consacré à la lecture de documents historiques. Il était animé par Pascal Diard, professeur d’histoire-géographie en lycée. Il nous propose de mettre en œuvre une démarche, Je cherche donc j'apprends, développée par Henri Bassis pour d’autres domaines que l’histoire, afin de susciter et nourrir le débat interprétatif. (suite en ligne)
Allocution radiodiffusée prononcée par le Maréchal Pétain
Compte-rendu de la troisième conférence
La troisième conférence proposée est celle de Dominique BUCHETON[i]. Elle est intitulée « Gestes professionnels et postures de l’enseignant, gestes d’étude et postures des élèves : quelles dynamiques ? Quels effets sur l’apprentissage ? ». En ouverture de sa conférence, Dominique Bucheton propose un élargissement de la question : « Comment faire en sorte que l'engagement des enseignants et des élèves produise ses effets ? Comment, dans l’action pédagogique, on se trouve parfois emporté dans des dynamiques positives et parfois négatives. Qu’est-ce qui se passe dans cette interaction, qu’est la relation pédagogique ? » Il ne s’agira donc pas seulement de décrire des phénomènes mais d’en analyser les enjeux pour inscrire l’acte pédagogique dans la lutte contre les inégalités. (suite en ligne) Powerpoint de Dominique Bucheton
[i]BUCHETON Dominique, professeure à l’Université Montpellier2, directrice du LIRDEF (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Éducation et Formation.
Clôture
Dans son intervention de clôture, Jacques Bernardin est revenu sur les leviers grâce auxquels les enseignants peuvent, dans leurs pratiques de classe, œuvrer à la réussite de tous. J’en nommerai quelques uns.
D’abord s’abstenir d’une vision pauvre des élèves qui tend à en rabattre sur les exigences.
Ensuite, sortir de la relation d'évidence avec ce qui est demandé et de l’illusion de la transparence de l'objet d'apprentissage afin de se livrer à un examen des réponses, des cheminements, des erreurs qui renseignent sur le cheminement, et se livrer à un examen épistémologique des contenus : à quels problèmes les élèves répondent-ils et quels obstacles ont-ils dû surmonter ?
Mais aussi attention aux conduites pédagogiques : par exemple respect du temps inaugural, moment clé pour enrôler, pour poser le cadre de travail (but, moyens , durée... ), incitation à l'activité mais aussi à la canalisation de l'activité ; attention portée aussi aux modes de conduite de l'activité : veiller à une focalisation qui permette de passer de l'activité à la conceptualisation, parfois utiliserl'impasse pour remettre en cause des représentations qui font obstacles ; accompagnement, jeu entre l’individuel et le collectif....
Cette intervention finale s’est achevée par l’annonce du prochain grand rendez-vous du GFEN : son colloque-congrès qui les 10 et 11 juillet (le 12 juillet étant consacré au congrès de l’organisation), à Paris, sera consacré à la refondation épistémologique de la culture et de l'école.