En pleine ébullition causée par les propos d’un Ministre à l’encontre d’une population qui serait par nature et par culture « insoluble » dans notre communauté nationale,
En pleine agitation lycéenne provoquée par les expulsions de jeunes,
En pleine calamiteuse « affaire Léonarda », une collègue a rappelé à la mémoire enseignante un article du n°149 du Français Aujourd’hui, intitulé « Lire un même album de la maternelle à la seconde » et cosigné par Jean-Pierre Drouar, Blandine Frémondière et Chantal Riou.
L’album, c’est L’Agneau qui ne voulait pas être un mouton, de J. Didier et Zad, paru en 2004 chez Syros Jeunesse en collaboration avec Amnesty international.
L’article est consultable sur http://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2005-2-page-85.htm
Les auteur(e)s y décrivent des dispositifs de lecture de l’album en maternelle et CP, en CP et CE (1 et 2), en CM et en 6ème, en 5ème, en 3ème, en 3ème et 2de. Les dispositifs sont décrits avec précision : combien d’albums sont nécessaires, découpage des séances, lecture magistrale, individuelle silencieuse, à haute voix ou mise en voix… Des mises en réseau adaptées sont à chaque fois indiquées et l’étude de la forme fait toujours sens, un sens adapté à la maturité des élèves.
Cerises sur le gâteau des enseignants de français :
- Le lecteur professionnel assiste à la construction des compétences de lecteurs, citons les sous-titres : « l’image, source de la construction du sens », « de la lecture partagée à la lecture guidée », « l’album comme dispositif, la lecture interactive », « vers une culture linguistique, littéraire… générale », « de l’histoire à l’Histoire », « Vers une bibliothèque du monde partagée ».
- L’article explicite les liens entre les gestes professionnels des enseignants et les gestes d’apprentissage des élèves.
- Les mises en œuvres proposées sont éclairées et éclairent la théorie en incitant à aller vers des écrits qui permettent de saisir les arrière-plans scientifiques de ce qui est dévoilé dans les mises en œuvre : didactique de la lecture, de l’oral pour apprendre, de l’oral, de l’image, des relations entre image et texte, du récit, des relations entre lecture et écriture…
Enfin, et peut-être surtout dans la période trouble que nous traversons, l’article montre comment, à l’école, des citoyens grandissent à travers une littérature qui permet de penser les problèmes d’identité, de soumission et de résistance, en relation avec l’expérience vitale, sociale et historique.
Dominique Seghetchian