Eirick Prairat[1]
Collection Éclairer, Canopé, 98 p.
ISBN : 978-2-240-03881-4
Date de parution : 01/10/2015
Note de lecture de Viviane Youx
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Dans ce court ouvrage, Eirick Prairiat interroge la profession d’enseignant à la lumière des valeurs : pourquoi la morale et l’éthique sont-elles indispensables pour penser le métier, à la fois dans ses permanences et ses évolutions ? La professionnalisation de l’enseignement s’est inscrite dans une technicité qui ne suffit pas pour répondre aux questions que nous nous posons en présence – et en l’absence – des élèves. « Ainsi, l’on ne peut penser la professionnalisation enseignante en dehors de toute considération éthique, c’est une évidence[3] », et c’est cette évidence qu’il questionne dans son ouvrage.
Trois vertus professionnelles : tact, sens de la justice et sollicitude
Dans un premier chapitre, l’auteur commence par distinguer et comparer les termes morale et éthique qu’il replace dans l’histoire de la philosophie. Puis, à propos de la morale professionnelle, il examine et discute trois grandes options – le déontologisme ou l’exigence du devoir, le conséquentialisme ou le souci des conséquences, et levertuisme ou la primauté de la vertu – qui lui permettent de définir l’éthique enseignante. Postulant que le professeur a des devoirs et des vertus, Erick Prairial présente l’éthique enseignante comme un « déontologisme tempéré qui requiert pour s’exercer pleinement trois vertus : le tact, le sens de la justice et la sollicitude[4] ». Ces trois vertus professionnelles, tournées vers autrui et vers la relation, ouvrent la voie à un travail de formation, où elles peuvent être explicitées et contextualisées en s’appuyant sur des expériences professionnelles.
La déontologie de l’enseignement
À partir des déontologies élaborées par d’autres professions, et des devoirs qui incombent concrètement à un professionnel, l’auteur élabore d’abord un cadre de réflexion sur les fonctions et les normes d’une déontologie. Si on l’applique à l’enseignement, ce sont quatre principes axiologiques qui se dégagent : les principes d’éducabilité, d’autorité, de respect et de responsabilité. Comme une déontologie n’est efficace que si elle est simple à appliquer, Erick Prairiat propose, dans une perspective minimaliste, trois règles : la sobriété normative, le souci de la stabilité et l’exigence d’abstention. Et il rappelle que le code de déontologie qu’il a déjà publié peut fournir un prétexte pour « ouvrir le débat sur les normes qui organisent et structurent l’activité de l’enseignement[5] ».
Les pistes de réflexion et les principes développés par Erick Prairiat constituent un outil précieux pour penser la formation aux questions éthiques et déontologiques ; et l’auteur conclut en proposant qu’elle s’organise « en quatre moments : la clarification conceptuelle, le travail sur les dilemmes, la présentation critique et l’immersion accompagnée[6] ». La profession enseignante peut-elle se penser sans se référer aux valeurs, aux choix et aux engagements qui lui sont inhérentes ?