Association française pour l’enseignement du français

Revue Le Français Aujourd'hui

  • 01
    Sep

    Enseigner les 'uvres littéraires en traduction

    Actes de la DGESO, Contributions réunies par Yves Chevrel, Sceren, CRDP académie de Versailles, 2007 (192 pages, 15 euros).
    Qu'entend-on par 'uvre littéraire en traduction (OLT) ? Peut-on parler de valeur littéraire pour un texte traduit ? Comment choisir une traduction pour les élèves ? Peut-on faire une lecture analytique d'un texte traduit ? Quels sont les pré-requis nécessaires aux élèves pour aborder les textes traduits ? Telles sont les questions qui sous-tendent l'ensemble des actes du séminaire national organisé par la Direction Générale de l'Enseignement scolaire (DGESCO) les 23 et 24 novembre 2006.

    Reprenant le plan du déroulement des deux journées, la première partie de ces actes reproduit les quatre conférences plénières de spécialistes tandis que la seconde est consacrée aux comptes rendus des ateliers.

    Mickaël Oustinoff, « La traduction invisible ? Problématiques actuelles de la traduction », dresse le bilan des différentes approches de la traduction, de celle de Georges Mounin à des théoriciens comme Jakobson, Bakhtine ou Ricoeur. Il rappelle notamment l'évolution d'une traduction cibliste ou naturaliste à une traduction sourcière ou littéraliste. Il propose quant à lui de considérer la traduction comme un fait littéraire à part entière, une dynamique créatrice

    Pierre Judet de La Combe, « Traduire le théâtre », part du postulat qu'une traduction théâtrale est nécessairement imparfaite. De là découlent deux objectifs pour l'enseignant : tout d'abord, inciter les élèves à traduire par eux-mêmes des textes, puis leur apprendre à lire en traduction, double démarche qui permet de réfléchir au stade interprétatif du traducteur et d'évaluer la traduction. Il souligne enfin la difficulté à traduire du théâtre antique, liée à la complexité des codes anciens. Jean-Yves Masson, « Traduire la poésie », réfléchit sur ce qui constitue pour lui le paradoxe de la traduction poétique : opération impossible liée à la difficulté de traduire le fond et la forme dans une autre langue, et pourtant effectuée y compris pour des poèmes réputés intraduisibles. Selon lui, il en découle une lecture nécessairement « méfiante » de toute 'uvre poétique en traduction.

    Lieven d'hulst, « Historicité des traductions », s'interroge à la fois sur les raisons d'étudier l'histoire des traductions, sur la méthodologie à mettre en place pour l'étudier ou pour lire les traductions historiques.

    La deuxième partie de cet ouvrage est directement intéressante pour les professeurs de collège et lycée et permet de s'interroger sur les choix et les pratiques d'enseignement.

    Le premier atelier, consacré à la littérature de jeunesse insiste sur les difficultés spécifiques de ces traductions. Le faible statut institutionnel et culturel accordé généralement à cette littérature a en effet au moins deux conséquences : d'une part les traducteurs sont sous-payés et leur statut peu reconnu, d'autre part le projet littéraire de l'écrivain est souvent négligé. Ainsi, de très nombreuses traductions se rapprochent d'adaptations, voire de corrections du texte original au risque de rendre l'univers fictionnel de l''uvre incohérent. Les exemples cités sont multiples, y compris parmi des classiques. D'ailleurs, certaines 'uvres étrangères proposées dans les programmes du collège souffrent encore de ces défauts. De fait, le traducteur doit répondre à une double exigence : tenir compte des capacités du jeune lecteur, sans dénaturer le texte original ni gommer les aspérités culturelles. Le travail du professeur consiste donc non seulement à choisir de bonnes traductions, mais aussi à donner aux jeunes élèves les moyens d'aborder ces 'uvres. L'évolution de la traduction de la littérature jeunesse est néanmoins positive : le travail des traducteurs commence à être davantage reconnu et les traductions sont plus cohérentes. Reste que, l'exemple du travail de traduction de J.F. Ménard pour Harry Potter en dit long sur les progrès restant à faire : c'est en effet à partir du deuxième tome, lorsqu'il est devenu évident que le public visé était double, aussi bien jeunes lecteurs qu'adultes, que la traduction a gagné en respect de l''uvre originale et en qualité'

    Le deuxième atelier, dresse tout d'abord un bilan de la place des 'uvres étrangères dans les programmes ainsi que dans les manuels scolaires, il revient également sur une enquête de l'Inspection Générale sur les descriptifs de l'Epreuve Anticipée de Français (E.A.F.). Les réflexions qui s'ensuivent proposent notamment une démarche d'analyse des textes traduits qui devrait inciter à inclure davantage d''uvres et de textes traduits dans les pratiques pédagogiques, y compris dans le cadre de l'E.A.F.

    La deuxième partie de cet atelier est consacrée à la réception de L'Utopie de Thomas More.
    Les professeurs trouveront dans les ateliers suivants des réflexions menées à partir d'exemples concrets, non seulement des traductions de classiques comme Sterne, Pirandello, Cervantès Kafka ou Stevenson mais aussi d'auteurs moins connus en France comme Ivo Andric ou Tanikawa Shuntarô. C'est l'occasion d'insister sur l'importance d'une lecture active des 'uvres en traduction qui invite professeurs et élèves à rentrer dans la logique du traducteur. Ces actes se clôturent par une série de propositions de séquences pour différentes classes de lycée, autant d'exemples variés sur lesquels le professeur pourra à son tour rebondir !

    Sandrine LUIGI

1 Commentaire

  • traducteur

    23 Avr 2009 à 23:13

    merci pour cette lecture ..

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