Association française pour l’enseignement du français

Notes de lecture

  • 07
    Jan

    Enseigner le vocabulaire au collège. Recherches - Pratiques de classe - Outils

    Ouvrage collectif sous la coordination de Marie BERTHELIER et Marie-Laure ELALOUF. Delagrave. Note de lecture de Viviane Youx

    Lire la note de lecture en format word

    BERTHELIER Marie et ELALOUF Marie-Laure (sous la direction de) – Enseigner le vocabulaire au collège – Recherche – Pratiques de classe – Outils – éditions DELAGRAVE 2013 – 176 pages – ISBN 978-2-206-01821-8

     

     

     

    Sous la coordination de Marie-Dominique Berthelier :

    Chantal Bertagna, Paul Capeau, Claire Doquet, Marie-Laure Elalouf, Anne Le Baut, Bénédicte Le Doré, Nathalie Marec-Breton, Corinne Milin, Françoise Ravez, Véronique Rengeard, Isabelle Zimmermann

     

    Note de lecture de Viviane Youx

     

    "L'entreprise qui consiste à proposer, pour les niveaux de scolarité intermédiaires (de la classe de CM2 jusqu'à la classe de seconde) et pour des élèves francophones, un ouvrage consacré à l'enseignement du vocabulaire, mérite d'autant plus d'être saluée qu'elle est rare, courageuse et pleinement réussie". À cette phrase de Caroline Masseron qui ouvre la préface, nous pourrions ajouter que cette entreprise était aussi nécessaire parce que tellement attendue par les enseignants. De plus cet ouvrage, destiné principalement à ceux des collèges, aidera aussi ceux des autres cycles à trouver des réponses à leurs questions sur un enseignement qui les met si souvent en difficulté, ce que peu de recherches récentes permettaient. Et la démarche progressive que met en avant l'organisation de cet ouvrage collectif guide et facilite la lecture grâce à trois parties qui jalonnent des étapes claires : une première, à partir de rappels théoriques, ouvre des perspectives didactiques ; une deuxième expose des séquences qui ont permis de travailler le vocabulaire en classe ; une troisième propose des outils pour aider les enseignants à construire les apprentissages.  

     

    Le titre de la 1ère partie : "Lexique ou vocabulaire ?" est immédiatement détourné par le premier article de Paul Cappeau : "Lexique et vocabulaire" qui discute, à partir d'éléments théoriques clairs et précis, "l'unité problématique mais utile" du mot en plaçant la réflexion autour de ce qui distingue lexique et vocabulaire dans l'opposition langue/discours et en la resituant "du côté des usagers et des usages" ; l'approche dynamique du lexique qu'il expose montre que les enrichissements procèdent plus par des mises en contexte que par des mémorisations d'articles de dictionnaire.

    Un deuxième article de Nathalie Marec-Breton fait le point sur les apports des recherches en psychologie cognitive sur l'acquisition du vocabulaire : "combien de mots sommes-nous capables d'apprendre ?" et "comment apprend-on et retient-on de nouveaux mots ?" ; en réponse à cette deuxième question, elle met en concurrence deux mécanismes : "l'instruction directe", les mots sont alors acquis en étant expliqués par un tiers, et "l'apprentissage incident", les mots étant alors mémorisés à l'insu de l'apprenant ; ces deux mécanismes doivent être activés en parallèle, sinon les plus démunis en lexique sont aussi pénalisés en lecture et en compréhension, ce qu'une pratique importante de lecture permet de compenser.

    Après ces deux entrées en matière théoriques, les perspectives didactiques qu'ouvre Marie-Laure Elalouf prennent tout leur sens ; à partir d'une lecture fine des programmes de 2008, elle montre que la confusion qui s'est installée entre des objectifs et domaines variés a renforcé "un malaise latent", et elle propose un enseignement systématique du vocabulaire à partir de la lexicologie et d'activités lexicales qui permettent de structurer langue et discours en développant "une attention aux mots".

    Les deux derniers chapitres présentent des expériences lexicales : Claire Doquet montre comment le travail sur le lexique entre dans le processus de compréhension du texte, permettant de faire sens à l'aide des reformulations des élèves, et développe un exemple avec des collégiens en grande difficulté ; Isabelle Zimmermann présente un dispositif inscrit dans une séquence sur la construction du récit, qui fait appel à la motivation des élèves pour améliorer la réécriture par l'apprentissage, la mémorisation et le réemploi de mots nouveaux.

     

    Dans la 2ème partie consacrée aux "Pratiques de vocabulaire", huit séquences présentent des démarches de classe pour appréhender différentes notions lexicales. L'étude de la morphologie est abordée de deux manières :

    -       autour de la préfixation, à l'aide d'une séquence d'écriture répétée à deux niveaux, en 6ème et en 4ème, par Marie-Laure Elalouf, Corinne Milin et Isabelle Zimmermann ;

    -       autour de l'étymologie et de la composition, dans une séquence en 6ème sur le vocabulaire savant dans les textes documentaires présentée par Corinne Milin.

    Quatre approches sémantiques sont présentées ensuite :

    -       celle de la polysémie articulée autour des verbes compter et battre en CM2 et en 5ème par Isabelle Zimmermann qui, après avoir montré un travail de catégorisation fondé sur les travaux lexicographiques de Jacqueline Picoche, conclut : "ils ont découvert un outil pour élucider le sens des mots en contexte et pour mettre en mémoire ces mots." ;

    -       celle du développement d'un champ lexical, celui du rire, dans une séquence en 4ème où Françoise Ravez utilise interactions et catégorisations pour faire découvrir, fixer et réinvestir le vocabulaire ;

    -       Isabelle Zimmermann propose encore une démarche pour mettre en place une situation-problème qui aidera à la structuration du lexique de l'élève et favorisera ses apprentissages lexicaux ;

    -       et, avec Bénédicte Le Doré, elle déroule une séquence d'écriture en 4ème dans laquelle les élèves apprennent à manier "sens propre et sens figurés dans l'écriture d'une nouvelle à chute".

    L'approche suivante, de Véronique Rengeard, vise à sensibiliser aux registres de langue, terme qu'elle prend bien le soin de préférer à "niveaux de langage" à partir de deux séances d'écriture.

    Et la dernière démarche, pour une classe de seconde, consiste en une activité décloisonnée dans laquelle le travail lexical sert de point de départ à une écriture d'invention dans le cadre d'une séquence sur l'étude du roman et de la nouvelle réaliste au XIXème siècle ; Anne Le Baut conclut ainsi : "Dans la perspective de la préparation de l'épreuve écrite du baccalauréat, l'activité présentée a fait apparaitre l'intérêt d'un travail spécifique sur le lexique et le vocabulaire ainsi que la productivité de la contrainte lexicale comme point d'ancrage de l'écriture."

     

    L'objectif formatif de la 3ème partie est clairement affirmé : "Perspectives : des outils pour l'apprentissage du vocabulaire". Après la présentation d'un "guide d'entretien pour suivre l'évolution des conceptions lexicales des élèves", Marie-Laure Elalouf, avec Françoise Ravez, présente, sous forme de tableau, des pistes de progression pour travailler le lexique au collège, en précisant les situations de classe, les dispositifs, les gestes professionnels et les activités des élèves au regard des catégories travaillées, en cours de français, mais aussi en séances pluri- ou transdisciplinaires, à l'occasion d'activités hors les murs et lors d'activités de socialisation.

    Un article collectif réunit ensuite trois propositions de démarches pour approcher la lexicographie en constituant un dictionnaire de classe : Claire Doquet fixe le cadre en CM2-6ème ; Bénédicte Le Doré présente une expérience sur l'acquisition du vocabulaire en 6ème dans une séquence sur la nouvelle à chute ; et Chantal Bertagna montre l'intérêt de l'usage des dictionnaires numériques qui permettent d'élargir les modes de recherche.

    Pour conclure, Chantal Bertagna propose trois exemples de travail lexical facilités par l'utilisation du TBI : une "approche du lexique en contexte" (pour comprendre un texte littéraire), une "contextualisation historique du lexique" (pour former les élèves à une vision diachronique de la langue), et la "construction d'un champ lexical ou d'un champ sémantique" à l'aide de cartes heuristiques.

     

    Il est bien sûr difficile, en quelques pages, de faire percevoir "l'épaisseur" de cet ouvrage pourtant court. Il faudrait ajouter qu'il contient une quantité d'annexes qui aident à comprendre les séquences présentées, des renvois vers des outils numériques en accès libre, une bibliographie précise et concise. Il faudrait aussi dire combien sa lecture est aisée, ce que découvrira chaque lecteur qui ne manquera pas d'y trouver, s'il est enseignant, de quoi nourrir sa réflexion et ses pratiques.

     

     

    Présentation sur le site de l'éditeur

     

1 Commentaire

  • LEGRAND Monique

    06 Mar 2016 à 19:29

    Bonjour,
    Pour l'enseignement du vocabulaire au collège et au lycée, je ne vois pas l'ouvrage paru au SCEREN dans la collection Repères pour agir, avec des compléments en ligne conçus par Monique Legrand, notamment pour offrir une pédagogie du numérique :
    L'Art des mots,
    Enseigner le vocabulaire au collège et au lycée, paru en octobre 2012

Commenter cet article

  • Nom *
  • Email
  • Site Web
  • Message *
  • Recopiez le code de sécurité *
  • ???
  •