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    Enseigner la littérature : quels enjeux, quelles valeurs, quels corpus, quelles préconisations ? 14 janvier 2017

    Journée d’étude de l’AFEF - Problématique et programme

    Enseigner la littérature : quels enjeux, quelles valeurs,
    quels corpus
    , quelles préconisations ?

    Journée d’étude de l’AFEF - 14 janvier 2017 - 10h-17h
    Collège Aimé Césaire - Esplanade Nathalie Sarraute - Paris 18ème

    (près Rue Pajol - m° Marx-Dormoy, La Chapelle ou Stalingrad) - Plan en bas de page

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    Problématique (version Pdf)

    « Quelle littérature, ou plutôt quel usage, quel partage de la littérature est-il important non seulement de défendre mais de promouvoir, voire d’inventer dans et pour des sociétés démocratiques, c’est-à-dire fondées sur ce qu’on appelle le respect de l’individu, la valorisation de son autonomie et de sa liberté (de conscience, de sentiment), non moins que sur les valeurs de la solidarité sociale et de la citoyenneté ? Et pourquoi donc la littérature a-t-elle un rôle à jouer dans cette affaire ? » Voilà comment Hélène Merlin-Kajman (Lire dans la gueule du loup, NRF Essais 2016) situe énergiquement la question de l’enseignement de la littérature sur un terrain politique.

    Le propos n’est pas nouveau, au congrès de l’AFEF de 1975, Roland Barthes s’interrogeait déjà sur la lecture à l’école : « Qu’est-ce que lire ? Comment lire ? Pourquoi lire ? ». Mais le propos est plus urgent, la question des valeurs qui dictent nos conduites, qui les éclairent, qui justifient nos engagements, est au cœur de tous les débats sociétaux actuels. Les grandes valeurs universelles de la révolution française :  liberté, égalité, fraternité, fondatrices de notre sens de l’humain, sont remises en question dans le quotidien de nos vies, de notre travail, de l’actualité internationale. Si nous, lettrés, nous y égarons, comment les jeunes élèves, les adolescents, les jeunes adultes à l’université, peuvent-ils s’y retrouver, se construire des repères ? En quoi l’École et la culture qui y est rencontrée peuvent-elles les aider à devenir humains, toujours plus humains ? Comment l’École peut-elle leur donner les Instruments culturels qui leur permettront de penser en toute liberté, en toute responsabilité, leur place dans la société ? Cette question éthique, posée aujourd’hui à tous par le biais de l’Enseignement Moral et Civique, n’est pas nouvelle mais urgente. Elle interroge au premier chef l’enseignement de la littérature.

     

    Enseigner la littérature, questions théoriques

    Enseigner la littérature a longtemps consisté à enseigner son histoire, celle des auteurs, des mouvements, des institutions à l’intérieur desquels ceux-ci s’exprimaient. Lettres mortes, peut-être, mais qui faisaient l’objet d’un consensus social. A partir des années 70, le structuralisme a conduit à un centrage sur le texte permettant d’observer celui-ci, pensait-on, en dehors de toute culture, ou presque. L’AFEF (et pas seulement elle) a pu espérer que ces approches permettraient à un plus grand nombre d’élèves de faire quelque chose des textes littéraires qu’ils étaient censés « expliquer ». Cette dérive formaliste, que dénonçait Tzvetan Todorov lui-même lors d’une rencontre de l’AFEF en mars 2007, a-t-elle véritablement pris fin ? Il faut reconnaitre que pour nous, enseignants, les approches formelles se paraient d’une scientificité absente jusque-là des études de lettres. Et puis, n’y a-t-il pas quelque chose de rassurant à transmettre des « outils », posture confortable dans laquelle certains d’entre nous ont encore tendance à se réfugier ?

    Et pourtant, ces approches purement textuelles sont devenues impossibles à tenir dans nos classes si nous voulons nous appuyer sur la sensibilité et l’expérience de nos élèves. La question du sujet (posée par les esthétiques de la réception, qui instituent le lecteur comme sujet) a ouvert de nouvelles perspectives pour l’enseignement de la littérature.  « Comment faire advenir le sujet lecteur dans le sujet scolaire ? » s’interroge Annie Rouxel dans Le Français Aujourd’hui en juin 2007 (FA 157, Sujet lecteur, sujet scripteur). Les résistances de beaucoup d’élèves, adolescents surtout, face aux lectures que nous leur proposons (ou tentons de leur imposer) conduisent en effet à s’interroger sur la place que l’École leur assigne. L’ambition de l’AFEF est de permettre à chaque élève de se construire comme sujet lecteur, en interaction avec les autres et avec l’écriture. Cela suppose un certain nombre d’apprentissages fondamentaux, mais implique aussi qu’on lui donne l’occasion de s’interroger sur ce que dit cette littérature à laquelle l’École le confronte.

     

    Pourquoi convoquer la littérature pour parler de valeurs ?

    Depuis longtemps, la littérature se voit attribuer un rôle clé dans le développement de l'élève, particulièrement sur la question des valeurs, qu'elles soient morales, sociales ou politiques. Le numéro 110 du FA de juin 1995 titrait déjà « La littérature et les valeurs ». Et on pouvait lire dans les documents d'accompagnement des programmes pour le collège de 1996 que "par la lecture des textes, le français contribue à une réflexion sur le monde des valeurs".

    On peut alors se demander en quoi la littérature permet, plus qu'une autre discipline (les SVT, l'Histoire, l'EPS ...), d'initier cette réflexion chez les élèves. Est-ce dû au choix des textes édifiants qui auraient mission de constituer un savoir patrimonial, construire un sentiment d'identité collective ? Est-ce dû à la manière de les aborder et donc aux pratiques d'enseignement, à la place accordée au débat, au respect de la parole des élèves... à la place de la vérité, plus aléatoire que dans d'autres disciplines ? Qu'apporte de spécifique la littérature parmi d'autres formes culturelles ?

     

    Quelles valeurs ?

    Et puis de quelles valeurs parle-t-on ? Le contenu exact de ce terme que l’on entend répéter de plus en plus souvent demeure la plupart du temps implicite. On peut penser que nous, enseignants, partageons les valeurs de la République, mais mots « liberté, égalité, fraternité » ont-ils le même sens pour nos élèves que pour nous ? Peut-être mettent-ils d’autres valeurs au cœur de leur vision du monde, et certains peuvent même ne concevoir, ne serait-ce que temporairement, d’autre « valeur » que l’objet de leurs désirs. Et ils sont bien loin, alors, de la culture humaniste que l’École a introduite dans le Socle commun, et qu’interroge le n° 167 du FA, « Culture humaniste : textes et pratiques ». Que « gagne » un élève à lire un texte qui va modifier ses représentations ? Quel adulte voulons-nous aider à se construire quand nous ne refusons pas d’aborder des textes porteurs de « questions vives » ? Les textes de fiction par lesquels les élèves apprennent à se dire, à dire leurs émotions, leurs jugements ne sont pas porteurs de valeurs en eux-mêmes : c’est le fait de conduire les élèves à s’y frotter, les interroger sous l’angle des valeurs, qui leur permettrait de se construire, dans un collectif en remue-méninges. 

     

    Que faire lire ? Et comment ?

    Quelle vision de la littérature doit prévaloir, quelle répartition entre patrimoine du passé et œuvres contemporaines ? Littérature classique et scolarisée, ou écarts dans le champ des parutions contemporaines ? Quelle est la place de la littérature de jeunesse dans le corpus proposé à l'étude littéraire ? Si on lui accorde un statut d'œuvre à part entière, « étudiable », s’impose alors au professeur de lettres de se constituer une nouvelle culture d’œuvres et d’outils. Les critères esthétiques ne peuvent suffire à donner la valeur d’une œuvre. Doit-on alors parler de textes littéraires, ou bien la littérarité n’est-elle qu’une affaire de regard, de lecture à visée plus ou moins littéraire ? Est-ce qu’une œuvre littéraire est une œuvre qui dit quelque chose de ce qu'est le monde, une œuvre à finalité esthétique, à finalité politique, ou simplement reconnue institutionnellement ? Se positionner par rapport à ces questions engage des choix de corpus et de pratiques. Qu’est-ce que le cadre scolaire transforme dans le rapport à la lecture (et au livre) ? Quels sont ses enjeux selon les cycles, le développement psychoaffectif et culturel des élèves, leur histoire propre et leur vie dans et hors l’École ?  

    Précédant la parution d’un numéro du FA en juin 2017 consacré à Littérature et valeurs, l’AFEF organise une journée d’étude le samedi 14 janvier 2017. Après une introduction sur les enjeux de l’enseignement de la littérature, un détour par les prescriptions sociales de corpus, et une présentation des préconisations didactiques, des ateliers réuniront les participants sur des thèmes de travail liés aux divers niveaux d’enseignement et à certaines entrées de cette problématique. Quatre grands témoins concluront la journée, en éclairant les travaux menés grâce à leurs sensibilités et champs respectifs. 

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    Programme  (version Pdf)

    10h20 - Ouverture - Rappel des enjeux de la journée

    10h30-11h40 : Interventions plénières :

    -       Les enjeux de l’enseignement de la littérature, Jean-Louis Dumortier, Professeur émérite Université de Liège Belgique

    -       Pourquoi enseigner la littérature aux futurs ouvriers ? L’exemple de la formation professionnelle entre 1930 et 1960, Maryse Lopez, Université de Cergy-Pontoise, ÉSPÉ de l'académie de Versailles, EMA

    -       Partager les écrits littéraires pour valoriser leur enseignement-apprentissage, Marlène Lebrun, Professeure HEP BEJUNE Suisse

    11h40-12h15 - Questions de la salle

     

    12h15-13h30 - Déjeuner libre

     

    13h30-15h00 - Ateliers

    1.     Valeur(s) de l'œuvre, valeurs à l'œuvre : "vivre" un roman en lien avec un projet interdisciplinaire ?  Guillaume Loock, Professeur de collège Seine Saint-Denis

    2.     Tenants et aboutissants d'une lecture foisonnante, Marlène Lebrun, Professeure HEP BEJUNE Suisse

    3.     Le choix des supports et des dispositifs : qu’implique le corpus d’un manuel ? Comment en sortir ? Joëlle Thebault, formatrice, rédactrice de manuels scolaires au primaire

    4.     Valeurs des œuvres, valeurs des élèves, valeurs des enseignants, Françoise Girod, IA-IPR lycée professionnel honoraire

     

    15h15-17h - Table ronde de synthèse avec les rapporteurs d’ateliers et quatre grands témoins :

    -       Luc Dall’Armellina, Arts Sciences de l’information Université de Cergy-Pontoise, auteur de poésie numérique

    -       Aldo Gennaï, Didactique de la littérature, ÉSPÉ Languedoc-Roussillon, Université de Montpellier (site de Nîmes), LIRDEF

    -       Maryse Lopez, Université de Cergy-Pontoise, ÉSPÉ de l'académie de Versailles, EMA

    -       Agnès Perrin-Doucey, Didactique de la littérature, ÉSPÉ Languedoc-Roussillon, Université de Montpellier 2, LIRDEF


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4 Commentaires

  • Akoum Samira

    12 Dec 2016 à 07:58

    je pense que cette journée sera enrichissante, la problématique qui y sera abordée se pose dans l'exercice de mon travail qui est l'enseignement et donc je souhaite y assister.

  • Bradfer Jules

    20 Dec 2016 à 09:47

    « Les grandes valeurs universelles de la révolution française...» Cette entrée en matière me laisse songeur. On ne peut évidemment pas réduire la littérature à un canon national. Il faut éviter la dérive d'une perspective identitaire. Il me semble qu'il urgent d'éduquer à l'ouverture, d'élargir le champ des lectures et autres formes d'expression. Si on veut souligner l'importance des valeurs dans le champ littéraire, la première valeur serait à coup sûr l'ouverture et l'accueil, le dépassement des frontières, le sens de l'universel.
    Vite dit...
    Avec toute ma sympathie pour les Aféfiens.
    Jules Bradfer
    .

  • Bradfer

    20 Dec 2016 à 14:57

    ... Et comme nos classes sont de plus en plus multiculturelles, le sens de l'altérité, l'intérêt pour la sensibilité de l'autre, le dialogue... sont de plus en plus nécessaires. Par le biais de la (des ?) littérature(s ?), tout particulièrement.Jules Brtadfer

  • Normand Philippe

    21 Dec 2016 à 20:27

    La liste récente des Cahiers pédagogiques sur le même thème est intéressante! On passe du "vivre-ensemble" en 2010 aux "valeurs de la République" en 2016!

    Le politiquement correct des "bien-pensants" chers à Bernanos sert à cacher, entre-autres, le revivalisme islamique mondial. Si une voiture roule à toute allure et provoque la mort, on accuse le ..."chauffard"! Si c'est un camion conduit par un musulman, on accuse...le "camion fou"!

    Faut-il donc continuer à enseigner le "fait religieux" (sic!) islamique comme étant "sans guerre" (fitna) alors que le prophète Mahomet était bien un chef de guerre, le 1er djihadiste, qui pillait les caravanes pour se partager le butin (Coran:sourate 8, Le butin) dans le désert d'Arabie entre les oasis urbaines de La Mecque et de Médine? Le djihad est un des piliers fondamentaux de l'islam et il est revendiqué depuis toujours par la plupart des grands théologiens mahométans (Mawdudi en Inde ou Khomeiny en Iran pour ne prendre que deux exemples du XXème siècle. Le Syrien Abbou Moussad al-Souri, citoyen espagnol, est le théoricien du djihad de ces dernières années avec son Appel à la résistance islamique mondiale de 1500 pages et sa théorie de l'Europe "ventre-mou" de l'Occident, paru en anglais en 2005. Il s'adressait à la jeunesse musulmane, la 3ème génération comme la nomme Gilles Kepel..

    Ne pourriez-vous pas alors inviter un historien comme Jean Fiori ou un politologue comme Gilles Kepel dont la thèse au début des années 80 portait sur l'islam(isme) en Egypte et qui depuis n'a pas cessé d' analyser la ré-islamisation de la banlieue parisienne niée par Olivier Roy?

    Le retour sur la laïcité, les valeurs de la République voire sur les notions intégration,ou d'assimilation n'est que l'autre versant d'une "idéologie totalitaire" que l'on refuse de nommer au nom du "vivre-ensemble" mais "Le Peuple" (Michelet) ne se laisse plus berner!

    On peut regretter à l'instar de Michèle Tribalat (Statistiques ethniques, une querelle bien française, Toucan 2016) que les enquêtes religieuses ne soient pas officiellement autorisées en France car les appartenances religieuses font bien partie de notre "carte d'identité" culturelle ou de notre "grammaire générative de nos comportements" (P. Bourdieu). Les enfants des "classes populaires" ou "défavorisées" ne sont-ils pas plus souvent de confession musulmane et très présents dans la voie professionnelle? certes comme le constate le géographe Christophe Guilluy, la "France périphérique" n'est pas celle des banlieues des grands centres urbains et possède d'autres appartenances socio-culturelles.

    Si les réformes scolaires de la scolarisation de masse datent de Victor Duruy plus que de Jules Ferry, n'oublions pas que les valeurs "patriotiques" et "républicaines" de 1880 font suite à une guerre perdue contre la Prusse. La littérature reflet du "beau", du "bien" et du "vrai" doit laisser place à une autre histoire littéraire et à d'autres exercices. L'approche esthétique formalisée liée à l'approche structuraliste des années 60 pour le dire brièvement même avec l'accent plus récent sur le sujet lecteur n'a-t-il pas fait son temps? Puisque que nous sommes officiellement "en guerre" et depuis plusieurs mois en "état d'urgence" ne faudrait-il pas en tirer toutes les conséquences? L'abandon dans les derniers programmes de l'école et du collège de la littérature patrimoniale pour ne mettre en avant que la littérature "de jeunesse" (sic!) - pas de "vieillesse"! c'est l'éternelle jeunesse! - permet-elle de revitaliser les "valeurs de la République" ? Et sommes-nous bien certains de ne pas les confondre avec celles de la démocratie? "La démocratie c'est ce qu'il reste de la république quand on éteint les Lumières" (Régis Debray, 1989). Or le voile noir de l'islam s'est abattu sur notre "exception culturelle", la République française, qu'on le veuille ou non, qu'on le sache ou pas.

    ps. Sur la littérature d'idées et l'éloquence politique ne pourriez-vous pas demander l'avis d'Anne Vibert, IGA de Lettres et spécialiste du domaine?

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