Descriptif du projet
La ponctuation des textes, comme d’autres formes d’organisation graphique, reste largement impensée ou maltraitée dans les apprentissages traditionnels de l’écrit, en réception comme en production. Les manuels de français la relègue généralement aux confins de certains chapitres, souvent annexée à l’orthographe ‑ car étant sans doute essentiellement graphique – ou alors étudiée factuellement au détour de l’analyse de textes littéraires, de procédés rédactionnels en relation, de problèmes rédactionnels des élèves.
La difficulté d’identifier, de définir, de classer la ponctuation apparait, par exemple, dans un cours en ligne (sans doute très utilisé car en tête de la première page de Google). Elle y est présentée dans une « Généralité » où « Les signes de ponctuation servent à indiquer des intonations ou à clarifier un message » ; ce qui apparait à la fois très partiel et extrêmement réducteur.
Dans les préconisations du ministère de l’Éducation nationale concernant les programmes du collège (2009), elle est abordée en Sixième. Cependant, si elle est présentée dans la « Rubrique orthographe », il convient de « Ramener dans le champ de la grammaire la question de la ponctuation, pour l’instant détachée dans la partie orthographe : “La ponctuation : les divers points, la virgule, les guillemets, les parenthèses, les tirets” ». On le voit, là aussi, la définition en extension de la ponctuation et son classement dans l’un des domaines de la discipline « français » posent des problèmes délicats à assumer.
Dans ces approches, les distinctions sont généralement sommaires et assimilent dans le même ensemble, dénommé « Ponctuation », des procédés qui relèvent : i) du rapport à l’oral dans ses aspects prosodiques ; ii) de la morphologie, par exemple avec les majuscules de noms propres ; iii) de la microsyntaxe dans l’articulation ou la segmentation des syntagmes, entre autres circonstanciels ou apposés ; iv) de la macrosyntaxe dans la progression des textes, souvent en termes de délimitation des phrases et des paragraphes ; v) de l’organisation discursive des textes, notamment dans l’insertion des citations et des références, l’expression des modalisations et des points de vue, la présentation du discours direct et des parties dialoguées ; vi) de la structuration visuographique des écrits par le recours aux alinéas, aux topogrammes et aux différents signes typographiques.
Il nous semble pourtant nécessaire d’analyser tous ces phénomènes de ponctuation dans une relation à son enseignement qui associe, d’un côté, l’analyse et la production textuelle et, de l’autre, l’étude des faits de langue. Reste ainsi à organiser des apprentissages spécifiques de la ponctuation afin d’en appréhender les unités, les propriétés, les caractéristiques au-delà de la dichotomie oral vs écrit – ou, autrement dit, en la considérant non comme un supplétif de l’oral ou une variable de communication, mais comme un ensemble organisé de marques fonctionnelles. Pour ce faire, il nous semble nécessaire d’en comprendre : i) le statut linguistique et notamment son degré d’autonomie vs de dépendance par rapport à la langue ; ii) les principes organisationnels qui sont aujourd’hui formalisés dans des règles plus ou moins stables et enseignables ; iii) la nature stylistique, esthétique, personnelle, et donc la difficulté de sa transmission.
Le dossier de la revue Le français aujourd’hui traitera de cet ensemble de questions en les reliant aux enseignements conjoints de l’étude des textes et de l’écriture créative. Il s’organisera autour de trois ensembles à problématiser :
- Un état actualisé de la question concernant les faits de ponctuation, dans les domaines des sciences du langage et de la littérature, entre étude des phénomènes linguistiques et analyse des effets stylistiques ou esthétiques.
- Des descriptions argumentées des procédures ponctuationnelles à l’œuvre dans l’analyse des textes littéraires ‑ mais aussi ouverte à d’autres genres ou domaines, par exemple les textes de presse – et dans la composition-rédaction de textes scolaires ou extrascolaires, de la part d’élèves jeunes ou avancés, expérimentés ou en difficulté.
- Des propositions didactiques qui permettent d’alimenter autant la réflexion des enseignants que leurs pratiques de classe, à tous les niveaux de la scolarité, par exemple dans la présentation formalisée voire normée de la ponctuation, ou à l’inverse dans l’étude différentielle ou variationniste de ses usages.
Volume
Le texte comprendra environ 23 000 caractères (espaces compris) soit 4200 mots avec les notes de bas de pages, les éventuelles annexes et documents insérés.
Un résumé de vingt lignes accompagné de cinq mots-clés devra être ajouté.
Les consignes de présentation seront envoyées aux auteurs, après acceptation du descriptif en comité de rédaction (voir calendrier).
Deux modalités de publication sont prévues : soit dans la revue imprimée, soit sur le site de l’association (www.afef.org).
Les articles de la revue seront également publiés sur le site de l’éditeur (www.armand-colin.com/revues.php) et sur le site Cairn des revues en Sciences humaines (www.cairn.info/discipline.php?POS=5&TITRE=F).
Calendrier
02 mars 2014 : envoi de l’appel à contributions.
15 avril 2014 : limite de réception des propositions.
30 avril 2014 : réponse aux propositions reçues.
30 juillet 2014 : réception de la première version de l’article, puis expertise en double aveugle.
30 septembre 2014 : réception de la version définitive de l’article, après éventuelles réécritures.
15 décembre 2014 : publication du dossier thématique dans le numéro 187.
Coordonnées
La revue :
Courriel : le-francais-aujourdhui@wanadoo.fr
Les coordinateurs :
Jacques DAVID : jak.david@orange.fr
Sandrine VAUDREY-LUIGI : sandrineluigi@free.fr