Le colloque interdisciplinaire et international “Écritures créatives : représentations contemporaines, processus créatifs, nouveaux enjeux professionnels” se conçoit comme un espace de rencontres, de croisements et d’échanges ouvert à des chercheurs, des enseignants, des formateurs et des professionnels des domaines concernés. Il propose des conférences, des communications, des tables rondes (qui correspondent aux axes du texte de cadrage ci-après), des ateliers d’écriture, des animations autour de l’écriture et un spectacle.
Porteuses du projet :
Béatrice Bouvier-Laffitte (UCO Angers), Anne Pauzet (UCO Angers), Anne Prouteau (UCO Angers), Dominique Ulma (Université d’Angers)
Laboratoires :
LICIA (Langages, Interactions culturelles, Identités et Apprentissages, UCO) / CIRPaLL (Centre Interdisciplinaire de Recherche sur les Patrimoines en Lettres et Langues, Angers) / LLL (Laboratoire Ligérien de Linguistique. CNRS UMR 7270, Orléans) / LAB-E3D (Épistémologie et didactique des disciplines, Bordeaux).
Lieu : UCO – Angers
Dates du colloque : les 7, 8 et 9 juin 2018
Texte de cadrage
Ce colloque s’inscrit dans un contexte où les dispositifs d’éducation et de formation sont de plus en plus perméables aux pratiques d’écritures créatives. Outre les dimensions éthiques, anthropologiques et littéraires, seront interrogés les processus d’écriture créative à l’œuvre dans les domaines éducatifs (universitaires, scolaires, périscolaires), professionnels (insertion sociale, développement personnel, entreprise, domaine thérapeutique) et personnels.
On se demandera alors quels sont les enjeux contemporains de ces pratiques inédites en termes d’évolution des représentations, de transferts de compétences, de processus de création, d’autodidaxie…
Ce colloque interdisciplinaire se conçoit comme un espace de rencontres, de croisements et d’échanges ouvert à des chercheurs, des enseignants, des formateurs et des professionnels des domaines concernés.
Axe 1 : Écrire, ça s’apprend ?
Les ateliers d’écriture à vocation littéraire font florès, nombre de maisons d’édition ouvrent des formations animées par des écrivains reconnus, les ouvrages expliquant comment écrire et se faire publier se multiplient. Alors que des masters en écriture créative voient le jour, que les organismes de formation proposent des cycles complets ou stages thématiques, nous interrogerons la question de l’apprentissage de l’écriture de façon diachronique et synchronique.
Il est un fait que l’école et l’université ont souvent assigné aux apprenants le rôle de spectateurs-lecteurs plutôt que le rôle d’acteurs, figeant ainsi des stratifications sociales où les uns seraient dans l’écriture et les autres en dehors. Mais en a-t-il toujours été ainsi ?
Quelles relations entretenons-nous avec nos propres mythes comme, entre autres, ce modèle vocationnel de l’écriture issu du romantisme qui s’oppose au modèle professionnel américain ? Comment les pratiques en atelier font-elles évoluer ces modèles ? Si la France oppose bien souvent l’inspiration et le don au travail et à l’apprentissage, qu’en est-il hors de nos frontières ?
Peut-on apprendre à devenir écrivain ? Si l’idée simple qu’on n’apprend pas la philosophie sans philosopher commence à s’imposer en littérature (François Bon), que doivent apprendre les participants aux ateliers d’écriture, comment se déroulent ces derniers ?
Bien que les ateliers d’écriture aient fait leur apparition à l’école et dans les universités, qu’ils y soient encouragés comme pratiques artistiques, peu de travaux théoriques ont été effectués sur le type d’interactions qui s’y produisent, les caractéristiques des textes qui s’y écrivent, ce qu’ils nous apprennent (Odette et Michel Neumayer). Comment rendre possible la levée des inhibitions concernant l’écriture et la création ? Comment l’atelier nourrit-il cette relation entre l’art et le monde ? Sur quelles descriptions de la littérature s’appuient-ils : sa division par genre et par siècle ou sur d’autres classifications concernant la relation au réel, au mental, au statut de la voix ou de l’image (François Bon) ? Quelles représentations ces ateliers modifient-ils concernant la langue et les textes, la capacité des écrivants à s’approprier l’écrit, l’acte d’écrire, l’inspiration, la création ? À l’heure où la génétique textuelle lève le voile sur les secrets de fabrication des textes, comment s’en servir dans le cadre d’un apprentissage à visée littéraire ?
Axe 2 : Transmission et transfert de compétences
Dans les domaines scolaires, périscolaires, universitaires, l’atelier d’écriture, comme toute pratique, construit des savoirs qui ne sont pas toujours conscientisés par les participants. Lesquels ?
D’aucuns récusent une vision purement expressive de l’écriture, qui suppose le primat de la pensée sur le langage. Écrit-on comme on pense ou pense-t-on comme on écrit ? Quelles conséquences résultent de ces présupposés ? Si l’on pense comme on écrit, quels sont les bénéfices de l’écriture créative sur la pensée et quelles sont les transpositions possibles en termes d’acquisition et de transfert de compétences ? Personne n’écrit ex nihilo, comment alors caractériser la place des emprunts et des modèles sous-jacents ? Quels sont les enjeux contemporains de ces nouveaux modes de transmission en terme d’évolution des représentations ?
Un travail sur les processus créatifs, en atelier ou à l’université, ouvre-t-il des perspectives sur le monde du travail ? Dote-t-il de compétences valorisables en entreprise ?
Seront également bienvenues les communications interrogeant l’animation d’atelier, le déroulement des séances, les différentes phases de l’atelier, les processus de passage à l’écriture, les outils, les contraintes facilitant ou empêchant l’écriture, les retours (commentaires, analyses réflexives collectives) ou mode d’évaluation des productions, les enjeux personnels, sociaux et historiques de telle ou telle pratique.
Axe 3 : Anthropologie et développement personnel
Les travaux d’Élisabeth Bing ont eu le mérite d’éclairer la charge affective du mot. Selon elle, le mot écrit est notre chair, il est fragile, sensible et immensément puissant. Il est capable de contenir notre vie même.
Si l’écriture révèle la personne et la clarifie, comment le fait-elle et par quels mécanismes ? Comment les formations contemporaines prennent-elles en compte les dimensions de connaissance et de développement personnel, de catharsis qu’engendre l’écriture créative, avec quels objectifs ? Peut-on imaginer des croisements féconds entre disciplines ? Entre écriture et formation ? Écriture et insertion ? Quels déplacements s’effectuent dans le champ des représentations ? Quels sont les fondements théoriques, anthropologiques de ces approches ? Les écritures créatives amènent-elles à des changements de point de vue conceptuel et émotionnel (exploration du langage métaphorique et symbolique, harmonisation de la pensée rationnelle et intuitive…) ?
Axe 4 : Écritures, nouvelles technologies et nouvelles sociabilités
Les nouvelles possibilités d’affichage, de diffusion et de collaboration transforment les sociabilités de la lecture mais surtout de l’écriture. Comment se forment les rédactrices ou rédacteurs de blogs ? Quels sont leurs modèles d’écriture, leur processus d’apprentissage de l’écriture, leurs pratiques de rédaction ?
Les modèles d’analyse des processus scripturaux (bien connus depuis l’analyse initiale de Hayes et Flower) sont-ils encore opérants quand l’écriture devient polyphonique, multimédia ? Quelles sont également les nouvelles formes médiées de la production écrite (formes brèves numériques, écritures collaboratives, fan fictions…) ?
Comité d’organisation :
Béatrice Bouvier-Laffitte, Université Catholique de l’Ouest, Angers
Christophe Bell Œil
Marc Béziau
Marie-Noëlle Cocton, Université Catholique de l’Ouest, Angers
Anne-Marie Loyer
Nadja Maillard, Université d’Angers
Anne Pauzet, Université Catholique de l’Ouest, Angers
Anne Prouteau, Université Catholique de l’Ouest, Angers
Dominique Ulma, Université d’Angers
Comité scientifique :
Luísa Álvares Pereira, Université d’Aveiro, Portugal
Marie-Christine Anastassiadi, Université nationale et capodistrienne, Athènes
Alain André, Aleph Écriture, écrivain
Ying Chen,écrivaine
Marie-Manuelle da Silva, Université du Minho, Braga, Portugal
Nathalie Denizot, Université de Cergy-Pontoise
Olivier Dezutter, Université de Sherbrooke, Québec
Violaine Houdart-Merot, Université de Cergy-Pontoise
Beata Klebeko, Université de Szczecin, Pologne
Jacqueline Lafont-Terranova, Université d’Orléans
Cécile Meynard, Université d’Angers
Maurice Niwese, Université de Bordeaux
Marie-Claude Penloup, Université de Rouen
Anne-Marie Petitjean, Université de Cergy-Pontoise
Evelyne Plantier, fondatrice de l’Atelier d’Écriture Partagé
Christophe Ronveaux, Université de Genève
Marie-Noëlle Roubaud, Aix-Marseille Université
Caroline Scheepers, Haute école Lucia de Brouckère, Bruxelles
Pamela Sing, Université d’Alberta, Canada
Références bibliographiques
André, Alain, Babel heureuse, l’atelier d’écriture au service de la création littéraire, Syros-Alternatives, 1989 (rééd. 2011)
Bing, Élisabeth, Et je nageai jusqu’à la page, éditions des Femmes, 1993
Bon, François, Tous les mots sont adultes, méthode pour l’atelier d’écriture, Fayard, 2000 – édition revue et augmentée en 2005
Boniface, Claire, Les ateliers d’écriture, Retz pédagogie, 1992
Bruley, Pauline, Jey, Martine, L’écrivain et son école (XIXe, XXe siècles), Hermann, 2017
Chidiac-Grizot Nayla, Les ateliers d’écriture thérapeutique, Elsevier-Masson, 2013 (2e éd.)
Duchesne, Alain, Leguay, Thierry, Petite fabrique de littérature, Magnard, 1987
Duchesne, Alain, Leguay, Thierry, Petite fabrique de littérature, Tome 2, Lettres en folie, Magnard, 1990
Duchesne, Alain, Leguay, Thierry, Petite fabrique de littérature, T. 3, Les petits papiers, Magnard, 1991
Gardner, John, The art of fiction, notes on craft for young writers, Reissue, 2010
Héril, D., Mégrier, Ateliers d’écriture pour la formation d’adultes, Retz, 2000
Houdart-Merot, Violaine, Mongenot, Christine. Pratiques d’écriture littéraire à l’université, Paris, Éd. Honoré Champion, 2013
Jobin, Anne-Marie, Le journal créatif, à la rencontre de soi par l’art et l’écriture, éd. Du Roseau, 2002
Jolibert, Josette, Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes, Hachette écoles, 1992
Lafont-Terranova, Jacqueline, Se construire, à l’école, comme sujet-écrivant : l’apport des ateliers d’écriture, Presses Universitaires de Namur, coll. Diptyque n°15, 2009
Neumayer, Odette et Michel, Animer un atelier d’écriture. Faire de l’écriture un bien partagé, ESF, 2003
Oriol-Boyer, Claudette, Bilous, Daniel (dir.), Ateliers d’écriture littéraire, Hermann, 2013.
Oulipo, La littérature potentielle, Gallimard Idées, 1973
Oulipo, Atlas de littérature potentielle, Gallimard Idées, 1981
Pimet, Odile, Boniface, Claire, Les ateliers d’écriture, mode d’emploi, ESF, 1999
Plantier, Évelyne, Animer un atelier d’écriture pour tous, Eyrolles, 2010
Rebattet, Créer des ateliers d’écriture, Hatier Questions d’école, 1997
Repèresn°23 (2001), Les pratiques extrascolaires de lecture et d’écriture des élèves, INRP
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Rodari, Gianni, Grammaire de l’imagination, Rue du Monde (Messidor 1979, rééd.)
Format des propositions communications :
- un résumé de 300 à 400 mots accompagné de 3 à 5 mots-clés et de 3 à 5 références bibliographiques
- à déposer exclusivement directement en ligne sur la page du colloque (site UCO) :
Calendrier :
- Dépôt en ligne de vos propositions de communications jusqu’au 11 FÉVRIER 2018
- Réponse après expertise en double aveugle :FIN FÉVRIER 2018
- Inscriptions : printemps 2018
Adresse de contact :