Pierre Bruno (IUT de Dijon)
Max Butlen (Université de Cergy Pontoise, IUFM de l'Académie de Versailles)
Jacques David (Université de Cergy Pontoise, IUFM de l'Académie de Versailles)
Serge Martin (Université de Caen, IUFM de Basse Normandie)
Galerie Colbert - Salle Nicolas de Peirsec - 2 rue Vivienne - 75002 PARIS
La littérature de jeunesse dispose aujourd’hui d’un poids économique, littéraire, culturel, pédagogique largement reconnu et indéniablement croissant. Elle s’est imposée comme un secteur particulièrement créatif et rentable de l’édition française ; elle s’est affirmée comme un élément constitutif de la littérature ; elle constitue une des premières pratiques culturelles des jeunes français ; elle a été légitimée par l’Éducation nationale qui l’a introduite dans ses programmes. Ce succès et cette reconnaissance résultent d’un long combat conduit par différents acteurs le plus souvent complémentaires, parfois concurrents dans la promotion de cette production.
Il reste que la littérature pour la jeunesse est progressivement sortie d’un univers confiné à la lecture familiale, restreinte à des usages lettrés, dans des milieux eux-mêmes fortement inscrits dans la rencontre avec les textes ou le livre en général et la littérature en particulier. Dans le même mouvement, cette littérature s’est évadée des cadres et des pratiques de la lecture publique, et en premier lieu des bibliothèques municipales, pour aller à la rencontre des élèves du primaire comme du secondaire, voire du supérieur.
Mais l’enseignement de la littérature de jeunesse est-il vraiment parvenu à inventer de nouvelles pratiques réduisant les frontières entre les différents espaces de lecture ?
De fait, si l’intégration de la littérature pour la jeunesse est une réalité dans les programmes scolaires et les mises en exergue des critiques et des manuels, ces derniers achèvent de donner toute leur légitimité à des notions hier discréditées. En effet, la littérature de jeunesse demande depuis toujours de reconsidérer les cadres traditionnels de l’analyse littéraire voire de la place et du rôle de la littérature dans la société et dans la vie. Cela concerne son existence même : genre défini par un public, elle viendrait déstabiliser les genres académiques et leur hiérarchie.
Toutefois, la littérature de jeunesse montre plus que toute autre littérature le conflit des œuvres aux genres d’autant plus que ces derniers y sont souvent la résultante de confusions entre genres éditoriaux et genres scolaires. Plus certainement, la mainmise savante – si n’est autoritaire – sur les œuvres de littérature de jeunesse se justifie par l’emprise toujours récurrente d’une visée éducative qui instrumentalise peu ou prou l’expérience littéraire. La presse éducative le montre aussi bien que la « pédagogisation » des ouvrages, comme si l’expérience même enfantine avec les œuvres n’engageait pas des formes de vie inextricablement confondues avec des formes de langage, qu’elles soient stéréotypiques et/ou inventives.
L’enseignement de la littérature de jeunesse génère ainsi de multiples questionnements :
Ø Quelles approches contemporaines ?
Ø Quels débats et propositions didactiques ?
Ø Quel statut pour les auteurs et quels corpus d’œuvres ?
Ø Et en définitive, quelles questions posées à l’enseignement de la littérature ?
Nous vous proposons d’en débattre au cours de cette rencontre, au cours de laquelle interviendront les auteurs du récent ouvrage publié (voir au verso) par l’équipe de la revue Le français aujourd’hui :
· Pierre Bruno, Institut universitaire de technologie de Dijon
· Max Butlen, Université de Cergy-Pontoise, IUFM de l’académie de Versailles
· Jacques David, Université de Cergy-Pontoise, IUFM de l’académie de Versailles
· Paul LIDSKY, Critique de littérature pour la jeunesse
· Serge Martin, Université de Caen - Basse-Normandie, IUFM de Basse-Normandie