Association française pour l’enseignement du français

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  • 25
    Mai

    Quid du socle et des programmes ?, par Isabelle Limami

    Dans la Lettre de l'AFEF n° 9 Mai 2011

     

    Une interrogation récurrente a traversé les questionnaires que nous avions fait parvenir à plusieurs enseignants dans différents collèges: comment articuler le socle avec les programmes ?

    Il est dit en effet que le socle ne se substitue pas au programme en vigueur. Les  programmes de 2008 (dont l’application s’achèvera en 2013) font bien explicitement référence au socle mais sans expliciter les ponts. Les enseignants du collège sont ainsi mis devant une double injonction paradoxale: travailler à partir de programmes privilégiant largement des contenus, dans une logique de transmission des connaissances, et d'autre part évaluer des élèves à partir d'un livret qui renvoie à un référentiel de compétences. Le socle met alors devant un fait accompli : il demande, par l’instauration du Livret de compétences, d’évaluer avant d’avoir modifié en profondeur le curriculum et les pratiques. Autant dire qu'on prend le problème à l'envers ! Et que l’on pousse les enseignants à du bricolage voire à la désobéissance ! Evaluer des compétences est bien différent d’évaluer des savoirs et exige à la fois du temps et des outils. L’enseignant, transformé en apprenti chercheur, le fera sans doute au détriment de son enseignement.

    Il n'est pas interdit de changer ses pratiques, voire de les dépoussiérer et de les mettre au goût du jour, et de se positionner enfin du côté de l'enseignement-apprentissage. Mais cela nécessite un accompagnement, une formation de grande ampleur. En laissant seuls les enseignants devant cette lourde tâche, on les rend de facto responsables du succès ou de l’échec d’une réforme.

    Quant à l’enseignement par compétences, méfions nous des sirènes. L’école ou le collège n’a jamais visé un simple empilement de connaissances, sans savoir-faire à la clef qui soit utile socialement. Mais ce « tout » compétence n’augure rien de bon et a des relents de behaviorisme qui, en atomisant le savoir, ne permet pas la cohérence et la globalité pourtant revendiquée par le socle.

    Si l’on veut réformer le collège, si l’on veut en faire un collège vraiment « unique », si l’on veut donner à tous la chance d’entrer dans la culture, ce n’est pas en le décrétant mais en le construisant avec les principaux acteurs que sont les enseignants, c’est en réfléchissant avec les acteurs à la fois sur les fondements de la culture commune mais aussi à sa pédagogie.

     

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