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L’orthographe constitue un des ces serpents de mer chers à la société française, haro sur les "fautes", et les médias voient leurs jaquettes assurées pour quelques jours. Et l’école ? Elle-même partagée en son sein entre les tenants d’une tradition installée dans ses certitudes et les partisans d’évolutions sur lesquelles ils peinent à se mettre d’accord, elle a du mal à remplir sa mission, permettre à tous les jeunes Français d’acquérir une graphie qui leur permette d’être à l’aise dans la société. A plusieurs reprises, des réformes ont été entreprises, sans réussir à s’imposer vraiment, même chez ceux qui les trouvent insuffisantes. Nous tournons en rond ; dans les classes, les compétences orthographiques des élèves diminuent alors que la demande sociale de correction écrite s’accroit. Si nous ne voulons pas que l’écart encore souligné par la dernière enquête PISA ne continue à se creuser, pouvons-nous négliger l’enseignement de la langue écrite en prétendant que rien ne peut changer ?
L’AFEF s’est positionnée clairement pour l’application des "Rectifications orthographiques de 1990" qui, pour être méconnues, n’en font pas moins toujours polémique en France, nos voisins francophones se montrant souvent bien moins frileux. Nous savons bien que cette application seule ne résoudrait pas les difficultés rencontrées dans les classes par ceux qui ont du mal à orthographier. Mais, combinée avec d’autres démarches, elle permettrait de se poser la question de l’enseignement de l’orthographe, d’une progression par étapes, et avaliserait l’idée qu’une langue, si elle a besoin de normativité dans sa transmission, n’en est pas moins susceptible d’évolutions régulières.
Les recherches et expérimentations ouvrent de nouvelles pistes en didactique, qui, grâce à un enseignement progressif et construit de l’orthographe grammaticale, faciliteraient l’accès à l’écrit pour les plus faibles. Des démarches nous sont proposées pour faire évoluer les représentations et pour mettre en place un enseignement de l’orthographe rationnel et systématique. Quelle est leur efficacité ? Comment pouvons-nous sortir du fatalisme qui considère qu’il n’y a plus rien à faire ?
André Chervel : Une orthographe commune à tous. L’enseignement de l’orthographe française du XIXe siècle (c’est-à-dire la nôtre) à tous les petits Français est aujourd’hui impossible, comme le prouve depuis plusieurs dizaines d’années la baisse continue du niveau. La société française est placée face à une alternative : réformer (et enseigner à tous une orthographe réformée) ou renoncer (et faire de l’orthographe la culture d’une classe et une discipline de l’enseignement supérieur). Pendant deux siècles (1650-1835) les réformes qui ont bouleversé notre orthographe ont permis aux Français d’apprendre à lire leur langue sans passer par le latin : faut-il reprendre le fil des réformes pour généraliser une orthographe commune à tous ? La question de l’orthographe est désormais un problème social. Il faut l’aborder franchement et cesser de se réfugier soit dans le scientisme de prétendues « transpositions didactiques » qui n’ont pas encore fait leurs preuves, soit dans les dénis de réalité soit encore dans des solutions illusoires de « rectifications » qui restent à la surface des choses.
Danièle Cogis : Un modèle "réflexif interactif". Une mutation est indispensable, qu’il s’agisse de la place de l’orthographe dans l’évaluation des écrits ou des fondements linguistiques qu’il est nécessaire de connaitre pour enseigner l’orthographe. L’enjeu d’un enseignement renouvelé se situe à la fois dans les clés théoriques –psychologiques et linguistiques – qui apportent un nouveau regard sur l’acquisition et dans l’analyse des "idées orthographiques" des élèves. Comment mettre en place une démarche d’enseignement qui :
- amène les élèves à prendre en compte l’orthographe dans leurs écrits ?
- les aide à construire des connaissances théoriques cohérentes ?
- fait évoluer leurs représentations qui, si elles ne sont pas travaillées, font obstacle à la progression de leurs connaissances et à l’appropriation de la norme ?
Jacques David : Orthographe et pratiques d’écriture scolaires et extrascolaires. Les pratiques d’écriture des élèves, du primaire à l’université, se diversifient aujourd’hui de façon exponentielle : des exercices standardisés de l’école aux blogs internet et à la communication SMS. Ces pratiques plus ou moins convergentes agissent-elles de façon complémentaire, opposée ou convergente ? Quel est l’impact de ces écritures personnelles, inventées et instantanées sur les écrits demandés dans la sphère scolaire ? En quoi la maitrise de l’orthographe du français subit ou non des transformations du fait de la profusion de ces nouvelles pratiques d’écriture ? L’enseignant peut-il les ignorer, s’y opposer, ou bien doit-il composer avec afin de renouveler ses propres enseignements de la production écrite ? Nous nous appuierons sur une série d’études, réalisées ou en cours, pour tenter de répondre de façon raisonnée et argumentée à ces questions, afin de formuler des propositions didactiques ouvertes.
Michel Masson sera présent pour rappeler au besoin les différentes réformes de l'orthographe..
Danièle Manesse assurera la coordination des interventions tout en ne perdant pas de vue le volet social…
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