« Parce que nous ne souhaitons pas participer à un concours dont nous réprouvons le contenu, [nous] avons décidé, au nom de toute une discipline sérieusement menacée, de vous présenter collectivement notre démission du jury du Capes de lettres classiques à l'issue de la session 2009-2010 » : c'est le message envoyé par vingt (1) des 36 membres du jury dans une lettre datée du 14 juillet 2010 adressée au ministre de l'Éducation nationale et remise à Charles Mazouer, président du jury du Capes de lettres classiques.
« Nous (…) avons fait savoir et tenons à faire de nouveau savoir notre franche et ferme opposition à la réforme présentée par l'arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d'organisation des concours du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré, publié au journal officiel du 6 janvier 2010 », expliquent-ils (AEF n°126867), rappelant avoir « demandé à plusieurs reprises l'ouverture de la concertation qui avait été promise par le ministère comme préalable à la publication des arrêtés, et qui n'a pas eu lieu ».
Concernant les épreuves écrites, les membres du jury dénoncent « le passage de trois à deux épreuves d'admissibilité », qui représente pour ce « Capes pluridisciplinaire un préjudice considérable dans l'évaluation équitable de la triple compétence, en français et en langues anciennes, des futurs professeurs de collèges et lycées ». Ils estiment que « la solution adoptée pour maintenir le grec et le latin à l'écrit du concours (à savoir une épreuve 'fourre-tout' comportant une brève version latine, une brève version grecque et une question de civilisation) [est] à la fois peu sérieuse et d'une invraisemblable complication ». Ils ont donc « demandé instamment, au nom de la sauvegarde des humanités, la restauration de deux épreuves de version (latine et grecque) ».
« UN PIS-ALLER ACCEPTABLE »
Concernant l'oral, ils estiment « que la disparition de l'épreuve d'explication de texte latin ou grec, qui n'est nullement compensée par la question de culture antique intégrée à l'épreuve écrite de langues anciennes, est extrêmement dommageable à la formation des enseignants de lettres ». « Dans la mesure où un concours de recrutement de professeurs ne peut se dispenser de vérifier leur aptitude scientifique dans toutes les matières qu'ils auront à enseigner, nous avons demandé soit la restauration de l'épreuve orale d'explication de texte en langues anciennes soit, à défaut, l'instauration d'un tirage au sort entre français et langues anciennes pour la 'leçon' », écrivent-ils. Cette dernière solution leur semble en effet « un pis-aller acceptable dans la mesure où elle garantit la présence des langues anciennes à l'oral tout en s'inscrivant dans le nouveau cadrage ».
Les signataires pensent en effet « que l'épreuve de didactique ne saurait suffire à vérifier les capacités des candidats à traduire et expliquer un texte en langues anciennes ». « Il est en effet déraisonnable de croire qu'il serait possible au cours d'une seule et même épreuve portant prioritairement sur l'étude critique d'un dossier pédagogique et sur 'l'éthique du fonctionnaire', d'évaluer par surcroît, de façon sérieuse et approfondie, le savoir et les compétences disciplinaires en langues anciennes », concluent-ils.
(1) Latinistes, hellénistes, francisants, universitaires, professeurs du secondaire et de CPGE).
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Contact : Université Stendhal-Grenoble 3, Sabine Luciani, Professeur de langue et littérature latines, 04 67 71 54 84, sabine.luciani@sfr.fr
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