Association française pour l’enseignement du français

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    Vocabulaire, lexique : quel(s) apprentissage(s) ?

    Samedi 8 février 2014

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    Vocabulaire, lexique[1] et apprentissage(s)

     

    Rencontre-débat de l’AFEF
    Samedi 8 février 2014 14h-17h30
    Lycée d'État Jean Zay - 10 rue du Docteur Blanche - 75016 PARIS

    S'inscrire à la rencontre

     

    Enseignants, chercheurs ou responsables institutionnels s’accordent à reconnaitre l’importance du vocabulaire dans la réussite des élèves. Bien souvent ceux qui « manquent de vocabulaire » peinent à construire leur langage oral, en réception et en production, à apprendre à lire. A partir de là, une spirale risque de s’enclencher : certains auront du mal à comprendre, du mal à apprendre... Ne lisant pas volontiers,  ou pas du tout, ils ne bénéficieront pas de l’effet « boule de neige » qui permet aux véritables lecteurs (ceux qui lisent régulièrement) d’augmenter leurs capacités lexicales.

    Alors que ces enjeux sont connus et souvent réaffirmés par l’institution, la désaffection envers les apprentissages lexicaux persiste le plus souvent, quel que soit le niveau considéré.

    La recherche en didactique pour commencer : le célèbre numéro 131 du Français aujourd’hui, « Construire les compétences lexicales », faisait état en septembre 2000 d’un certain nombre d’avancées. Pourtant, les travaux consacrés à ce domaine précis n'ont pas été nombreux par la suite, même si on a pu lire avec intérêt quelques ouvrages[2] parus dans les années qui ont suivi. Sans doute est-ce dû à la dispersion entre les diverses recherches linguistiques : celles qui portent sur le système lexical, celles qui s’intéressent au développement et à l'acquisition du lexique, et enfin celles qui ont trait à son enseignement et son apprentissage… Sans compter les recherches en psychologie cognitive[3] et en sociolinguistique[4], qui ne manquent pas d’interférer. 

     

    Plus grave peut-être, des principes acquis de longue date n’ont toujours pas atteint les classes, dans leur grande majorité. Confirmant malheureusement les observations de nombreux formateurs, lerapport intitulé Bilan de la mise en œuvre des programmes issus de la réforme de l’école primaire de 2008[5] dévoilé récemment observe qu’à l’école élémentaire, le temps consacré à l’enseignement du vocabulaire, quand il est clairement identifié, est très inférieur à celui dévolu à la grammaire, pour ne pas parler de l’orthographe, qui en mobilise bien davantage. Surtout, l’enseignement dispensé, souvent à travers « un mot par jour » ou l’apprentissage de listes, ne satisfait pas même ceux qui s’y emploient. Le vocabulaire est traité de manière occasionnelle, sans progression ni programmation ; les séances sont « décontextualisées » et ne donnent guère matière à des traces structurées[6].

     

    On peut faire des constats similaires au collège. Là aussi, le vocabulaire est souvent abordé à partir des mots qui font problème pour les élèves dans les textes étudiés, que ce problème ait été formulé par les élèves eux-mêmes à la suite de la première lecture, ou que l’enseignant ait préjugé de ce qui poserait problème. Dès lors, c’est l’aspect définitoire du mot qui préside avec l’utilisation du dictionnaire, pourtant outil des plus difficiles à manier pour beaucoup d’élèves, dans la mesure où il nécessite une bonne maitrise de l’orthographe ainsi que de la lecture. De plus, ces rencontres aléatoires, dans un contexte précis, ne permettent pas la structuration indispensable. Les enseignants, en formation, expriment le désarroi dans lequel ils se trouvent devant les apprentissages lexicaux : comment trouver des situations qui les favorisent réellement, qui facilitent la mémorisation, les transferts ? Comment aider les élèves à faire face à la masse de mots nouveaux auxquels ils sont confrontés dans une journée, dans les différentes disciplines ?

     

    C’est ainsi que l’apprentissage du vocabulaire ou du lexique conserve son statut de parent pauvre. « Si je dois glisser sur quelque chose, c’est sur le vocabulaire. Je ne sais pas par où le prendre[7]Le bilan cité parle de « panne didactique », rejoignant le numéro 131 du Français aujourd’hui, où Danielle Leeman évoquait « le vertige de l’infini » et « la difficulté de didactiser le lexique », tandis que Gérard Petit décrivait « l’état d’une confusion ». Il ne s’agit pas, bien sûr, de mettre les enseignants en accusation mais de sortir autant que possible du désarroi ambiant. Beaucoup de pièges jalonnent en effet cet enseignement : le lien trompeur entre les mots et les choses, la polysémie de beaucoup de mots, en particulier les plus fréquents, ou le paradoxe d’un apprentissage qui exige tout autant le travail en contextes divers et la structuration, hors contexte, des relations entre les mots… pour n’en citer que quelques-uns.

     

    La parution sur le site Eduscol de toute une série de documents[8] destinés à étayer la réflexion des enseignants a pu faire espérer une évolution de cette situation. On ne peut pas dire que ce soit véritablement le cas, malgré la qualité des textes pris séparément. En effet, la lecture de l’ensemble prend un certain temps : ont-ils atteint leur cible ? De plus, la dispersion des propos tenus peut déconcerter le non spécialiste. On constate même parfois des contradictions entre les textes, certains se référant à une entrée quantitative que d’autres récusent, par exemple en contestant la notion de «lexique mental ».

     

    Depuis le mois de mai 2013, à la suite de la 20ème journée des dictionnaires[9], l’association a entrepris de construire à petits pas un « dossier perlé » sur cette question, ce qui a donné lieu à des articles[10] et des sitographies[11] commentées. Mais nous sommes loin du compte, et nous en avons conscience. Quelles représentations héritées de la tradition scolaire font obstacle à un renouvèlement des pratiques pédagogiques [12]? Quelle articulation peut-on envisager entre les apprentissages lexicaux liés aux divers domaines disciplinaires [13]? Comment échapper à la simple imprégnation et concevoir une progression raisonnée dans l’apprentissage du lexique[14] ?

     

    L'AFEF vous propose d'approfondir cette réflexion le samedi 8 février 2014, grâce aux interventions de :

    -       Alise LEHMANN, Université de Picardie

    -       Annie CAMENISCH, Université de Strasbourg, ESPE

    -       Bruno GERMAIN, Université Paris-Descartes, pour la présentation du site Vocanet,

    lors de sa prochaine rencontre-débat animée par Anne-Marie PETITJEAN, IUFM-Université de Cergy-Pontoise, qui témoignera par ailleurs de l'état du travail du groupe départemental "Vocabulaire Maternelle" du 95.

     

     



    [1] Si on définit le lexique comme l’ensemble des mots d’une langue et le vocabulaire comme une portion de ce lexique (celle que l’on observe dans un contexte donné, chez un auteur ou un individu quelconque), nous avons à conduire des apprentissages lexicaux, sur les mots de notre langue, pour enrichir le vocabulaire des élèves.

    [2]Citons cependant Calaque E., David J., Eds, 2004, Didactique du lexique - Contextes, démarches, supports, De Boeck (épuisé, disponible sur Cairn) ; Grossmann F., Paveau M.-A., Petit G., Eds., 2005, Didactique du lexique : langue, cognition, discours, Ellug, Grenoble ; Grossmann F., Plane S., Eds., 2008, Les apprentissages lexicaux – Lexique et production verbale, Presses universitaires du Septentrion, Lille.

    [3]Cf LIEURY, A. Mémoire et réussite scolaire, DUNOD, « Psycho Sup », 1997

    [4]E. Bautier.et Ph. Rayou, Les inégalités d'apprentissage, PUF 2009

    [5]Rapport remis en Juin 2013 par Philippe Claus au nom du groupe d’inspecteurs généraux missionnés pour cette enquête, consultable sur le site de l'AFEF.

    [6]Ibidem, p. 15-16.

    [7]Ibidem, p. 18.

    [9]Voir le compte-rendu de Jean-François Coriollesur cette manifestation.

    [11]L’enseignement du vocabulaire à l’école maternelle, et L’enseignement du vocabulaire à l’école et au collège, version revue novembre 2013 (à suivre, car dans la précédente  manque la partie  orientations pédagogiques),par Joëlle Thebault   (je ne trouve pas cette dernière version sur le site)

    [12] Alise LEHMANN, Idées reçues sur le lexique : un obstacle à l'enseignement du lexique dans les classes

    [13] Annie CAMENISCH, "Enrichir son vocabulaire", Cahiers pédagogiques n°495, p.30-31

    [14] vocanet.fr

2 Commentaires

  • launey

    24 Jan 2014 à 15:55

    Bonjour
    je souhaite apporter ma petite pierre à l'édifice ou comment s'appuyer sur l'oralité structurée pour augmenter le vocabulaire des élèves des la maternelle en s'appuyant sur l'hypothèse de la chercheuse africaniste Suzy Platiel
    Faire écouter de nombreux contes et inciter les élèves à raconter à leur tour en s'appropriant un conte de leur choix débouche sur des progrès notamment en lecture
    Pour en savoir plus voir le documentaire du CNRS
    http://laparole.net/spip.php?article81

    ou l'article de la revue Synergies 7 http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/France7/nicole.pdf
    malheureuse je ne pourrai me rendre à votre colloque
    une autre fois?
    cordialement
    Nicole Launey

  • Pascale Devillé

    24 Jan 2014 à 18:50

    Et si on commençait par le vocabulaire ? Ce paradigme permettrait de ne plus isoler et/ou hiérarchiser l'enseignement du vocabulaire et celui de l'orthographe lexicale, voire grammaticale. L'attention portée au mot, à la famille de mots, à son environnement textuel et référentiel ainsi qu'à l'étymologie fait naître beaucoup de curiosité chez les élèves. Elle permet également un transfert vers les autres disciplines ainsi qu'un enrichissement du capital linguistique. Mon expérience de professeur des écoles et de formateur en didactique du français (sous la direction de M.L. Elalouf) m'a conduit à construire un dispositif hybride qui regroupe différentes approches lexicales. Etant présente à la rencontre-débat du 8/02, je pourrais éventuellement communiquer cette approche.
    Bien cordialement, Pascale Devillé.

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