La Lettre de l’AFEF n° 57
Février 2016
Édito
L’actualité est capricieuse en ce début février. La France se réveille fébrile, une réalité vient de lui éclater au visage, son orthographe aurait été changée sans qu’elle en ait rien su, et cela depuis vingt-cinq ans ! Et ce sont les journalistes, dans leur majorité assez factuels et réalistes, qui lui ouvrent les yeux alors qu’elle avait tenté, en vain, de les garder clos. Sans vouloir remonter aussi loin que décembre 1990 - la mémoire est courte - la France qui reproche à ses enfants de ne pas savoir lire n’a pas voulu voir que les programmes de l’école et du collège 2008 avaient ouvert la brèche, et que, depuis, des élèves ont appris en orthographe rectifiée sans que la face du monde en ait été changée, si bien que des enseignants peuvent affirmer : « J’enseigne en nouvelle orthographe... et tout va bien. » (Charivari blog). Et pourtant nous avons été un certain nombre à agiter le landerneau ! Les dictionnaires ont peu à peu intégré la double orthographe, notamment le populaire Larousse depuis fin 2011 sans provoquer de révolution. Sur le site de l’AFEF qui porte le logo « Ce texte est conforme à la nouvelle orthographe », et dans cette Lettre depuis qu’elle existe, nos lecteurs ont été largement informés par des rappels, une chronique régulière et des articles (« un condensé : l’orthographe rectifiée sur le site de l’AFEF »), ils ont trouvé à leur disposition des liens vers le site orthographe-recommandee.info, notamment un Miniguide pour comprendre et appliquer les rectifications. Lors de la publication du projet de programmes des cycles 2-3-4 en octobre 2015, nous nous sommes réjoui de la mention informant de la rédaction de l’ensemble des programmes en orthographe rectifiée, mention confirmée dans la publication définitive de novembre. Personne ne s’en est alarmé à ce moment-là, et il aura fallu attendre que les médias s’en emparent pour que la France s’enflamme. Polémique bien excessive pour ce que nous aurions bien du mal à qualifier de réforme, quelques changements minimes appliqués souvent à l’insu des lecteurs et des scripteurs eux-mêmes, et dont l’intérêt le plus grand, en étant enfin reconnus, est d’ouvrir la voie : une véritable réforme de l’orthographe pourrait alléger et simplifier la tâche de nos élèves, notamment sur les accords de participe passé, l’accord de proximité avec le féminin, l’allègement d’un plus grand nombre de graphies… Il est vrai que si l’ensemble des ministères et administrations appliquait de manière généralisée la féminisation des noms de métier et l’orthographe rectifiée, la tâche serait plus aisée pour les enseignants qui se sentiraient moins prisonniers d’une double injonction. Espérons que cette énième poussée de fièvre autour de l’orthographe aura fait avancer la réflexion !
Et si, à l’AFEF nous nous sommes peu émus de cet emballement autour du circonflexe, c’est que nos priorités se situent plus autour de la mise en oeuvre des nouveaux programmes des cycles 2-3-4 et de la réforme du collège.
L’oral constitue notre fil conducteur pour cette année. Après une journée d’étude, « L’oral, ça se travaille ! » en septembre, nous nous retrouverons pour une rencontre-débat, le 19 mars après-midi ; Maryse Rebière réunira autour de la question « Enseigner l’oral ? » Véronique Boiron, Claude Cortier et Corinne Weber. Pensez à vous inscrire, l’inscription est obligatoire (gratuite pour les adhérents). Ensuite, le 11 juin, une journée d’ateliers permettra d’interroger la mise en place de l’enseignement de l’oral dans les classes.
En parallèle, une journée en décembre s’est penchée sur une question qui fait polémique : « Pourquoi et comment mettre en œuvre la réforme des collèges ? ». Soucieuse d’accompagner cette réforme, l’AFEF s’associe avec l’IFÉ pour une formation qui aura lieu les 4-5-6 avril à Lyon : « Histoire des arts, enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) et maitrise de la langue. » Les langages pour penser et communiquer, les projets interdisciplinaires (Université d’automne de l’AFEF - octobre 2014), constituent des questions qui préoccupent le collège, mais pas seulement tant elles traversent l’ensemble du système scolaire. Quelques places sont encore disponibles pour des enseignants des différents niveaux, pas seulement du collège (inscription en ligne)
Et pour nourrir la réflexion autour de ces thématiques centrales à l’école, au collège, au lycée général et professionnel, des équipes de l’AFEF ont commencé à se retrouver localement et à développer des régionales de l’AFEF dont le travail mérite d’être souligné, notamment en Ile de France et à Montpellier. Vous pouvez les rejoindre, si vous êtes dans une de ces régions ; vous pouvez aussi créer une régionale autour de vous ; contactez-nous pour faire vivre ces régionales.
Viviane Youx
Pour les adhérents de l’AFEF
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L’Assemblée Générale ordinaire de l’association portant sur l’exercice 2015 aura lieu le samedi 19 mars de 10h à 12h30 - Lycée Paul Bert, 7-8 rue Huygens, Paris 14ème. La convocation, déjà reçue par les adhérents, est disponible en ligne. L’Assemblée Générale est ouverte à tous, mais l’adhésion est obligatoire pour prendre part au vote.
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L’appel à adhésion automatique a commencé ; un grand nombre d’entre vous a déjà répondu, soyez en remerciés. Toutes nos excuses à ceux qui l’ont reçu deux fois à cause d’un dysfonctionnement réparé depuis. Pour ceux qui n’auraient pas encore répondu à cet appel, vous savez combien votre adhésion est indispensable pour que l’AFEF puisse continuer à exister, vivre, travailler. Si vous ne voulez pas attendre le prochain rappel automatique, vous pouvez aussi adhérer immédiatement sur le site de l’AFEF. (Cette adhésion ouvre droit à un reçu fiscal, ce qui en diminue le cout de manière intéressante)
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L’Agrément national au titre des associations éducatives complémentaires de l'enseignement public à l'Association française des enseignants de français a été publié au Bulletin Officiel n° 6 du 11 février 2016
Prochainement à l’AFEF
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« Enseigner l’oral ? » - Rencontre-Débat de l’AFEF le 19 mars 2016 à Paris, animée par Maryse Rebière, avec Véronique Boiron, Claude Cortier et Corinne Weber. « Si l'oral est le lieu "premier" de l'interaction sociale, il l'est aussi de l'élaboration cognitive. Des compétences orales sont requises dans presque toutes les disciplines dont elles sont, au côté des compétences scripturales, des outils majeurs de construction des savoirs. Les chercheurs, tant en français langue première qu'en français langue seconde ou étrangère ont régulièrement travaillé depuis une vingtaine d'années sur le rôle spécifique du langage écrit dans les processus d’apprentissage, de conceptualisation, d’affiliation aux diverses communautés disciplinaires, d'élaboration de sujet cognitif. L'oral, à la différence de l'écrit, est demeuré largement inexploré. » S’inscrire à la rencontre-débat
- Formation de formateurs IFÉ - AFEF, Lyon, 4-5-6 avril 2016 : « Des langages pour penser et communiquer en français, histoire des arts et dans les projets interdisciplinaires au collège ». L’AFEF s’associe à cette formation de formateurs de l’IFÉ qui se déroulera sous une forme collaborative, avec des ateliers d’analyse de projets, des ateliers de construction de projet et des ateliers créatifs. Vous pouvez lire la présentation en ligne, les inscriptions sont ouvertes. Des équipes qui pourraient présenter un projet déjà en cours en collège ou qui pourrait s’adapter au collège peuvent encore nous rejoindre. Écrire à l’AFEF : afef.contact@gmail.com
Sur le site de l’AFEF
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Retrouvez le dossier Ambitieux en français n° 2, « Le Français, trait d’union entre les disciplines - Les langages vecteurs d'interdisciplinarité », en ligne depuis décembre 2015, sous son format PDF pour ceux qui préfèrent une présentation globale. Ce dossier riche et abondant se veut le reflet du regard réflexif que des collègues ont pu porter sur leurs expériences. Merci à tous les contributeurs dont vous aurez aussi, peut-être, envie de faire partie bientôt. Bonne lecture ! Lire et télécharger le dossier complet en PDF
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Et retrouvez toujours différents dossiers en accès libre : « Le français du monde » « Tous compétents en français » - « Dossier Littérature à l’école » - « Dossier théâtre jeunesse » - « Dossier lexique vocabulaire » - ainsi que les comptes rendus de nos dernières rencontres (journées d’étude et université d’automne) : « Écriture et numérique » - « Compréhension en lecture » - « Écrire en français : quelles compétences dans les disciplines ? » - « L’oral, ça se travaille ! », comptes-rendus du laboratoire d’idées.
- La journée AFEF du 12 décembre : "Pourquoi et comment mettre en oeuvre les programmes de collège ?" a permis aux participants de s'inscrire dans une démarche constructive et positive : comment partir des expériences pour opérer la rupture nécessaire ? Commencer petit ; partir d'un diagnostic partagé ; accompagner, reconnaitre, développer le "pouvoir d'inventivité ordinaire" ; penser les finalités avant les dispositifs ; inscrire les enseignements transversaux dans les activités langagières... Compte-rendu de la journée d’étude de l’AFEF du 12 décembre
Agenda
30 janvier - « Apprendre à l'école maternelle : un besoin à construire », 8èmes rencontres nationales du GFEN, Paris
2-3 mars - « Apprendre/faire apprendre en éducation artistique et culturelle : savoirs ou en-jeux », Séminaire international de l’IFÉ, Lyon
9 mars - « L’école, le français et les langues : quelles politiques linguistiques pour l'équité ?", Journée de l'ADEB, Paris
11-12-13 mars - « Quels professionnels pour les élèves aujourd’hui ? », colloque 2016 Education & devenir, Paris 19ème
19 mars - « Enseigner l’oral ? », Rencontre-débat de l'AFEF, Paris 14ème
À lire
La logique des compétences : regards critiques, Le Français Aujourd’hui n° 191, décembre 2015, coordonné par Max Butlen et Joachim Dolz
Extrait de la présentation : « (…) Malgré ce flou persistant, nous adoptons une position pragmatique parce qu’on ne peut pas, ne pas prendre en compte l’usage quasi universel de la notion. Dans cet esprit, nous reprenons certaines positions de recherche réalistes et constructives qui visent à centrer les efforts de la recherche et de la formation sur la compréhension des processus de mobilisation des ressources cognitives qui peuvent caractériser la notion de compétences, pour mieux apprécier son évaluation. (…) Ce numéro du Français aujourd’hui a donc pour objet d’interroger et d’apprécier dans notre champ la mise en œuvre de la logique des compétences. Au total, quel bilan peut-on faire ?
a) Comment et pourquoi cette logique s’est-elle imposée dans l’enseignement en général et dans l’enseignement du français en particulier ? Quelles conséquences pour l’évaluation ?
b) Comment cette logique se traduit-elle dans les différents domaines et les pratiques de l’enseignement du français ? Nous avons distingué les apprentissages langagiers fondamentaux (oral, écrit, lecture et grammaire) et l’enseignement de la littérature. (…)
c) Quelles sont les conséquences de cette logique dans la formation des enseignants ? Comment les institutions de formation définissent-elles les compétences professionnelles des futurs professeurs de français ? Quels dispositifs d’ingénierie didactique sont mis en place pour développer les compétences des élèves ? Comment considère-t-on les résultats d’enquêtes sur les logiques dominantes dans les pratiques ? (…)
Les contributions, brièvement présentées dans cette introduction, sont mises en relation et discutées dans la postface par Jean- Paul Bronckart. Chargé de situer les positions épistémologiques et de dénouer les dimensions idéologiques introduites par la logique des compétences, J.-P. Bronckart nous rend attentifs aux paradoxes et aux contradictions, mais aussi à la nécessité, en didactique du français, d’envisager la conception processuelle et dynamique des compétences. »
Lire le sommaire du numéro et les résumés des articles
Des lettres au français. Une discipline à l’épreuve de la démocratisation (1945-1981), Clémence Cardon Quint, Presses Universitaires de Rennes, 2015.
« Cet ouvrage, fondé sur le dépouillement d’archives, de revues pédagogiques et militantes et de manuels scolaires ainsi que sur des témoignages, examine la recomposition de l’enseignement du français dans le second degré à l’heure de la démocratisation. Il s’ouvre sur l’ascension controversée des lettres modernes – humanités modernes contre humanités classiques – et se clôt sur le désarroi d’une discipline éclatée, entre détracteurs d’un humanisme jugé désuet et défenseurs d’une tradition malmenée. »
Singularité et pluralité des langues, des groupes et des individus - Babel et Frankenstein, Jean-Marc Defays, avec la collaboration de Deborah Meunier.
« Qu’on le veuille ou non, les habitants de la planète sont désormais appelés à y côtoyer constamment et intensément des personnes qui ne parlent pas, qui ne pensent pas et qui ne vivent pas comme eux. Entre les deux attitudes extrêmes de chercher à supprimer l’Autre, par le génocide ou l’uniformisation, ou de le redouter et de se replier sur soi, chaque personne comme chaque communauté doivent inventer une nouvelle économie des rapports à soi comme aux autres. Il nous faut d’abord assumer le fait que l’individu, manifestement en crise, est lui-même pluriel et doit gérer son identité en perpétuel devenir et (re)construction ; ensuite, que le groupe devient un espace à géométrie variable que les échanges, les voyages, les nouvelles technologies ne cessent de remodeler, et dont la médiation assure le plus ou moins bon fonctionnement. Cet ouvrage interroge, à partir de points de vue linguistiques et culturels, les conditions actuelles du communiquer et du vivre avec les autres, les nouvelles modalités d’être soi, et il analyse pour ce faire aussi bien l’actualité que l’histoire, la réalité que les mythes, de Babel mais aussi de Frankenstein, dont l’époque contemporaine est en train de célébrer le retour. »
Neurosciences et pédagogie, Cahiers Pédagogiques n°527, février 2016, coordonné par Nicole Bouin et Jean-Michel Zakhartchouk
« Les neurosciences provoquent des polémiques. Pour certains, elles représentent une menace pour une vision humaniste de la pédagogie. Pour d’autres, elles produisent des résultats évaluables qui feraient office de preuves. Est-on condamné à cette logique binaire ? »
Annonces
Théâtre : La jalousie du barbouillé et La comtesse d’Escarbagnas, de MOLIERE, au Théâtre de Ménilmontant en février. Tarif préférentiel en réservant à partir de l’AFEF
Recrutement d’un professeur de lettres à Luanda, Angola, pour septembre 2016
Florilège 2016 : Feu ! Il ne reste plus que peu de temps pour inscrire votre classe à ce projet d'écriture créative collective ouvert dans lecadre du Congrès International de la FIPF – Liège 2016. Ce concours est présenté sur le site de la FIPF. Ainsi que sur le site de l’AFEF.
La FIPF
Le prochain Congrès Mondial de la FIPF aura lieu en juillet 2016 à Liège, sur le thème : "Le français, langue ardente". Cette localisation limitrophe, en Europe francophone, a son importance pour la prise en compte du français comme langue maternelle ou première au sein de la FIPF. Vous le savez probablement, si nous sommes nombreux comme enseignants de français en France, de la maternelle à l'université, notre nombre parait moins imposant quand on le compare à celui des enseignants de français de par le monde, en terre francophone ou non, comme langue première, seconde, étrangère… Autant de situations différentes, mais que serait l'enseignement du français sur tous les continents si l'on ne considérait pas le français que nous enseignons en France comme une langue vivante, évolutive ? Nos collègues du monde entier attendent de nous pour vitaliser cette langue qu'ils s'efforcent de continuer à enseigner partout ; mais nous avons aussi beaucoup à apprendre d'eux, c'est ce qu'un congrès de la FIPF permet. Plus nous serons nombreux à nous y investir, plus nous ferons vivre la francophonie et le français comme une langue vivante et ardente. Pensez à retenir quelques jours mi-juillet 2016 pour participer à cette grande réunion de professeurs de français du monde entier.