Association française pour l’enseignement du français

Culture professionnelle

  • 19
    Mar

    "enseigner est un métier qui s'apprend"

    Débat sur la formation, suite...

     

    Merci d’avoir porté à notre connaissance la lettre d’A. Beitone. Je comprends parfaitement ce qu’il dit. Il est sans doute vrai que la lettre qu’il critique (dont la société que je préside est signataire) comporte, de son point de vue, des faiblesses ; cependant, elle n’entendait pas faire le tour exhaustif de la question mais énoncer, selon l’angle qui est le nôtre, des impasses et des vices cachés de la réforme des concours de recrutement.

     

    Il me semble cependant que la critique de M. Beitone est quelque peu excessive. Les points 3 et 4 de notre lettre disent clairement (de manière sans doute trop rapide, mais clairement) que nous pensons, nous aussi, qu’enseigner est un métier qui s’apprend. Une des raisons de notre opposition à cette réforme est, notamment, qu’elle prévoit d’évaluer l’aptitude à enseigner en amont de toute pratique, ce qui est la négation même de ce dont parle M. Beitone.

     

    À la lecture de sa lettre, il ne me semble pas que la distance entre sa vision de l’enseignement et d’un concours de recrutement et une formation dignes de ce nom et la nôtre soit si grande que son courrier semble le dire.

     

    Je crains de voir dans sa réaction un effet du calcul fait par le gouvernement : que la « culture » des universités et la « culture » de l’IUFM, contraintes de cohabiter désormais, se déchirent au lieu de s’entendre. Tout au contraire, je pense que nous pouvons travailler ensemble. Une recherche sur Dante ou sur la langue d’Oïl, si elle ne forme certes pas à elle seule une préparation suffisante à l’enseignement en collège ou en lycée, ne sont cependant pas antinomiques avec cet enseignement. Il n’est pas mauvais (comme M. Beitone le sait et l’illustre lui-même) d’avoir une formation généraliste poussée, et les capacités méthodologiques d’approfondir tel aspect de ses connaissances, pour enseigner dans le secondaire. Pour le dire autrement, la formation pédagogique n’est pas l’ennemie de la formation universitaire.

     

    Nous avons tout intérêt à nous comprendre, plutôt qu’à nous combattre.

     

    Il appartient aux collègues des IUFM de faire entendre leur voix, afin que la nécessaire formation des enseignants soit reconnue comme un secteur à part entière, et incontournable. Ce n’est certes pas le cas dans le projet de X. Darcos. Je regrette que M. Beitone dirige ses flèches contre nous, signataires de cette lettre, plutôt que contre le projet que nous contestons, et qu’il semble avoir des raisons de contester lui aussi, complémentaires et non contradictoires aux nôtres.

     

    On peut regretter que notre lettre ne développe pas suffisamment les aspects, essentiels, dont parle M. Beitone. Mais on peut aussi estimer qu’il était mieux placé que nous pour le faire, de manière autorisée et avertie. C’est ce qu’il fait dans sa lettre mais en se trompant, sans aucun doute, de cible ou de colère.

     

    Merci, si vous en avez la possibilité, de lui faire tenir ce message.

     

    Bien cordialement

    Christophe Mileschi mileschi@wanadoo.fr

    Agrégé d’italien (5 ans en collège et lycée)

    Professeur des universités (5 ans formateur IUFM, membre de jury PLC2)

    Président de la Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur

1 Commentaire

  • Alain Beitone

    03 Avr 2009 à 11:02

    Cher collègue,



    Je vous remercie pour votre réponse ouverte et argumentée. Je crois en effet qu'il existe nombre de faux débats. Mais face à l'urgence des réponses aux mesures gouvernementales, et dans le cadre des débats, toujours animés, qui caractérisent l'action collective, nous n'avons pas toujours le temps de faire le point des convergences et des divergences. Non seulement je partage votre avis sur le fait que la formation universitaire ne s'oppose pas à la formation pédagogique, mais je suis persuadé qu'en l'absence d'un très haut degré de maîtrise des savoirs à transmettre, tout effort pédagogiques a de grande chance d'être vain, voire nuisible.

    Dans ma pratique de formateur, je m'efforce toujours de montrer à nos jeunes collègues que les difficultés "pédagogiques" (comportements des élèves, etc.) ont leur source (ou au moins une partie de leurs sources) dans des questions liées au savoir lui-même (et parfois dans une insuffisante maîtrise de ces savoirs par l'enseignant). Mais ce travail sur le savoir doit être conduit dans la perspective des apprentissages des élèves (ce qui est différent d'un travail sur les savoirs orientés par la recherche ou par un point de vue technologique).

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