Colloque 2009 : Manières de critiquer, manières d’enseigner la littérature : quelles conceptions, quelles places et quelles approches des « classiques » dans la construction d’une culture commune ? 25-26 novembre 2009
Dans le mouvement de réformes des programmes de français de l’école au lycée de ces quinze dernières années, les enjeux –et par conséquent les références critiques- se sont déplacés de manière significative : le rôle formateur de la littérature, tant pour le développement du sujet que pour son inscription dans une histoire culturelle et sociale, par la création d’une culture commune, a été mis en avant. Le rôle des oeuvres du patrimoine littéraire à l’école et au collège, pour la construction de références communes, en relation avec la « culture humaniste » est clairement affirmé. La continuité entre l’école et le collège est, par ailleurs, soulignée dans les exigences du socle commun[1] où la fréquentation de la littérature est à la fois un « instrument majeur des acquisitions nécessaires à la maîtrise de la langue » et un objet d’étude important de la culture humaniste, qui doit concerner « les oeuvres majeures du patrimoine français, européen et mondial ». Au lycée, s’il n’y a plus, à l’heure actuelle, de liste indicative d’œuvres de référence, il s’agit également de s’approprier un héritage culturel », le « patrimoine de l’humanité », « des références essentielles » tout en abordant divers aspects du champ et de la production littéraire[2] selon une pluralité d’entrées critiques (celles de l’histoire littéraire et culturelle, de la rhétorique des genres et des registres, de l’argumentation, de l’intertextualité et de la singularité des textes).
Le colloque « Manières de critiquer, manières d’enseigner la littérature » s’inscrit dans ce double mouvement de réformes institutionnelles et de recherches. Au moment où tous les programmes scolaires sont remis en chantier, il vise à dresser un état des lieux des manières de critiquer les œuvres patrimoniales à partir des manières d’enseigner la littérature, dans la tension entre l’appropriation d’une culture patrimoniale et l’ouverture à la littérature contemporaine.
Les enjeux des oeuvres patrimoniales à l’école, au collège et au lycée dans la construction de références communes sont ainsi questionnés selon les trois axes suivants :
1. Les conceptions de la culture humaniste et de la culture commune dans les programmes scolaires
- Les I.O. de l’école, du collège et du lycée, en France comme dans les pays où le français est la langue d’enseignement, accordent une place renouvelée à la littérature. Les références à la notion de patrimoine, de culture patrimoniale, à la culture humaniste y sont nombreuses. A quoi renvoient-elles comme objet, références philosophiques, critiques ? S’agit-il des mêmes objets, des mêmes enjeux dans l’enseignement primaire et secondaire ?
- Quels sont les cadres théoriques, les démarches critiques convoqués à ce sujet dans les différents programmes ?
- Comment situer l’évolution des programmes en France dans le contexte européen ?
- Les tensions entre la littérature patrimoniale et l’ouverture à la diversité littéraire (littérature contemporaine, francophone, européenne, littérature de jeunesse, genres mineurs…) et aux autres arts dans ces instructions : comment apparaissent-elles ?
2. Les dispositifs didactiques mis en œuvre pour aborder les œuvres patrimoniales :
- Quel tableau, quels bilans faire des différents dispositifs didactiques pour l’approche des oeuvres patrimoniales au service d’une véritable appropriation culturelle ?
- Comment ce retour des références aux œuvres patrimoniales, aux textes fondateurs, aux « classiques » influence-t-il les pratiques ? Permet-il de dépasser une conception trop formaliste de l’enseignement ? Est-ce que cela joue dans le même sens dans l’enseignement primaire et dans le secondaire ?
- Quelle place pour les œuvres classiques et patrimoniales dans les corpus donnés à lire en classe, conseillé hors de la classe ?
- Quelles prises en compte dans ces dispositifs des arts visuels, de la BD, du théâtre ?
- Quelles démarches permettent-elles d’articuler le travail sur la constitution de l’élève en sujet lecteur et le travail sur la culture partagée ?
On pourra aussi étudier, selon les niveaux d’enseignement, des questions plus spécifiques, parmi lesquelles, par exemple :
- A l’école élémentaire, quels bilans faire de la notion de réseau et de la réalité de ses mises en œuvre, du travail sur les stéréotypes ? Comment, dans ces approches, la littérature patrimoniale s’articule-t-elle avec la littérature contemporaine ?
- Au collège, quelles approches des textes fondateurs ? Quelles synergies avec la littérature contemporaine ou de jeunesse ?
- Au lycée, comment les approches critiques convoquées dans les I.O. permettent-elles d’aborder la dimension patrimoniale de la littérature ? Qu’en est-il par exemple de la notion de registre, comment l’histoire littéraire et culturelle est-elle abordée ?
3. Les relations entre ces démarches didactiques, les démarches critiques dans le domaine littéraire et la formation des enseignants dans l’approche du patrimoine littéraire :
- Les approches critiques et leur élaboration didactique. Quelles critiques sont-elles convoquées dans l’approche scolaire du patrimoine littéraire ? Quelles formes prennent leur élaboration didactique à l’école, au collège et au lycée ? Quelles sont les évolutions perceptibles à ce sujet depuis une quinzaine d’années ? Quelles progressions des compétences et dans les savoirs des élèves sont attendues dans le continuum ?
- Le statut, l’usage des « outils » d’analyse utilisés dans les classes dans la lecture littéraire, les productions d’écrits. Quel est leur rôle ? Leur fonction dans l’analyse des œuvres ? Contribuent-ils à un formalisme scolaire ?
- Les savoirs critiques et la formation des enseignants. Quelle formation à la critique ? Quels savoirs utiles ? A quel niveau (savoirs pour l’enseignant, pour la mise en œuvre en classe, pour les élèves par exemple) les envisager ? Quel est leur rôle dans les gestes professionnels ? Quels savoirs utiles aux enseignants font-ils défaut ? Y a-t-il des approches critiques insuffisamment didactisées parce que peu transposables en « outils » mais qui tout de même mériterait de l’être davantage ?
- Que penser d’une approche de la littérature « en elle-même » débarrassée de ses appareils critiques ? Que nous disent à ce sujet les blogs d’enseignants ?
Dates et lieu du colloque : 25 et 26 novembre 2009, Université d’Artois, 9 rue du Temple 62000 Arras
Comité d’organisation : Isabelle De Peretti, Université d’Artois, IUFM Nord Pas de Calais, EA 4028 « Textes et Cultures », Béatrice Ferrier, Université d’Artois, IUFM Nord Pas de Calais, EA 4028 « Textes et Cultures », Christine Prévost, Université d’Artois, IUFM Nord Pas de Calais, EA 4028 « Textes et Cultures ».
Comité scientifique :
Jacques Crinon, Université Paris 12/IUFM de Créteil et Université Paris 8/ESSI,
Isabelle De Peretti, Université d’Artois/IUFM Nord Pas de Calais,
Jean-Louis Dufays, Université de Louvain-La-Neuve (Belgique),
Danielle Dubois-Marcoin, Université d’Artois,
Béatrice Ferrier, Université d’Artois/IUFM Nord Pas de Calais,
Violaine Houdart-Merot, Université de Cergy-Pontoise,
Francis Marcoin, Université d’Artois,
Christine Mongenot, Université de Cergy-Pontoise/IUFM de Versailles,
Christine Prévost, Université d’Artois/IUFM Nord Pas de Calais,
Evelyne Thoizet, Université d’Artois.
Propositions de communication :
Titre et résumé de 3000 signes ou proposition de communication de 25 000 signes avec titre et résumé de 1500 signes, à adresser par mail avant le 15 mars 2009 à Isabelle de Peretti : isabelle.deperetti@gmail.com, à Béatrice Ferrier : beaferrier@free.fr ou à Christine Prévost : cprevo04@aol.com.
Sélection des communications : mai 2009.