Présentation sur le site Calenda
RÉSUMÉ
Il ne suffit pas de décrire et de mesurer les inégalités sociales pour en faire directement un objet sociologique. Il importe aussi et surtout de savoir comment les individus perçoivent ces inégalités, quelles sont celles qui leur paraissent visibles et pertinentes et celles qui sont invisibles ou ignorées. Cette interrogation s’impose d’autant plus que nous observons de grands écarts entre les inégalités mesurées et les inégalités perçues. Elle s’impose aussi parce que nous semblons nous éloigner du régime d’inégalités structuré par une représentation en termes de classes sociales qui a longtemps été, sinon « la réalité », du moins la manière dont les sociétés industrielles se percevaient elles-mêmes. De nouveaux registres d’inégalités s’imposent (genre, minorités, cultures, styles de vie, opportunités de mobilité, âges, territoires…), ce qui invite à nous interroger sur la façon dont les acteurs « surmontent » ce désordre et construisent des représentations plus ou moins ordonnées de la structure sociale et des théories de la justice sociale qui semblent varier dans les diverses sociétés.
ANNONCE
Présentation
Il ne suffit pas de décrire et de mesurer les inégalités sociales pour en faire directement un objet sociologique. Il importe aussi et surtout de savoir comment les individus perçoivent ces inégalités, quelles sont celles qui leur paraissent visibles et pertinentes et celles qui sont invisibles ou ignorées. Cette interrogation s’impose d’autant plus que nous observons de grands écarts entre les inégalités mesurées et les inégalités perçues. Elle s’impose aussi parce que nous semblons nous éloigner du régime d’inégalités structuré par une représentation en termes de classes sociales qui a longtemps été, sinon « la réalité », du moins la manière dont les sociétés industrielles se percevaient elles-mêmes. De nouveaux registres d’inégalités s’imposent (genre, minorités, cultures, styles de vie, opportunités de mobilité, âges, territoires…), ce qui invite à nous interroger sur la façon dont les acteurs « surmontent » ce désordre et construisent des représentations plus ou moins ordonnées de la structure sociale et des théories de la justice sociale qui semblent varier dans les diverses sociétés.
Les représentations des inégalités ne sont jamais seulement cognitives, elles sont d’abord normatives dans la mesure où les inégalités sociales perçues sont le plus souvent les inégalités sociales dénoncées comme injustes. Quels sont les principes de justice qui organisent l’expérience des inégalités ? Cette question a considérablement rapproché la sociologie de la philosophie de la justice. Alors que les philosophes se demandent ce que serait une société juste et, plus précisément encore, ce que seraient des inégalités justes, les sociologues s’interrogent sur les principes de justice et les catégories de justice mobilisés par les acteurs qui dénoncent les inégalités en s’appuyant sur des théories « naturelles » de la justice. Comment articuler ces deux types de recherche et de réflexion ?
La critique des injustices est une activité banale dont les sociologues rendent compte. Mais ce travail ne dispense pas de s’engager dans une position critique surplombant la critique des acteurs. Comment, si l’on veut éviter que ces deux familles de critiques s’ignorent, définir les liens entre la critique des acteurs et celle des sociologues qui adoptent plus ou moins fermement le rôle attendu des intellectuels ? Quelles peuvent être les conditions d’une « efficacité » sociale de la sociologie ?
Colloque ouvert à tous dans la limite des places disponibles. Inscription gratuite obligatoire.
Pour s’inscrire, envoyer par mail Nom, Prénom, coordonnées et fonction à mireille.gaultier@u-bordeaux2.fr
Programme
Jeudi 30 mai 2013
10h30 Accueil des participants
- 11h00 Introduction : François Dubet, Université Bordeaux Segalen & EHESS
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11h30 Conférence publique : Michèle Lamont, Harvard University
Comprendre la stigmatisation ethnoraciale au Brésil, en Israël et aux USA : expériences et stratégies de réponse
14h30 Session 1. Inégalités mesurées, inégalités perçues
Modératrice : Sandrine Rui, Université Bordeaux Segalen
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Michel Forsé, Centre Maurice Halbwachs, CNRS
Une comparaison internationale à propos des principes de justice sociale
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Danilo Martuccelli, Université Paris V-Descartes
Y a-t-il un homme néolibéral ? Les inégalités perçues dans la société chilienne
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Marie Duru-Bellat, Sciences-Po Paris
Présupposés et tensions dans la mesure des inégalités sociales/scolaires
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François de Singly, Université Paris V-Descartes
Envers et endroit des inégalités domestiques
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18h00 Conférence publique : Pierre Rosanvallon, Collège de France & EHESS
De l’égalité des chances à la société des égaux
Vendredi 31 mai 2013
09h30 Session 2. Critique sociale des inégalités
Modérateur : Charles-Henry Cuin, Université Bordeaux Segalen
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Anne Barrère, Université de Paris V-Descartes
L’école des possibles : inégalités invisibles et formation adolescente
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Catherine Marry, Centre Maurice Halbwachs, CNRS
Hommes et femmes au travail : situations inégales, satisfactions égales.Analyse d’un paradoxe
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Fabienne Brugère, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
Justice et reconnaissance. Egalité de quoi ?
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Alain Renaut, Université Paris IV-Sorbonne
Inégalités et différences
14h30 Session 3. Action collective, politiques publiques et inégalités
Modérateur : Yves Déloye, Sciences-Po Bordeaux
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Didier Lapeyronnie, Université Paris IV-Sorbonne
Marginalités, discriminations et sentiments d’injustice. La critique moraledes inégalités
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Nikola Tietze, Hamburger Institut für Sozialforschung
La dénonciation des inégalités en situation minoritaire : principes institutionnels et capacités critiques
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Marc-Henry Soulet, Université de Fribourg
Justice, justesse et justification. Les embarras de l’aide sociale
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Pierres Lascoumes, Centre d’Etudes Européennes, CNRS
L’égalité de traitement dans les rapports politiques : les rapports ambigus au favoritisme
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18h00 Conférence publique : Luc Boltanski, EHESS
Croissance des inégalités ; effacement des classes sociales ? Trente années d’embarras sociologiques
Samedi 1er juin 2013
09h30 Session 4. Critique sociale, critique sociologique
Animateur : François Dubet, Université Bordeaux Segalen & EHESS
Table ronde
- Alain Caillé, Université Paris X-Nanterre
- Robert Castel, EHESS
- Jacques Donzelot, Université Paris X-Nanterre
- Dominique Schnapper, EHESS
- Alain Touraine, EHESS
- Michel Wieviorka, EHESS