Association française pour l’enseignement du français

Orthographe rectifiée

  • 23
    Juin

    Bonhommie, persiffler, assoir… : vive la régularité !

    Chronique de Romain Muller, juin 2011

     

    Traitement des anomalies

    Un certain nombre d’anomalies isolées sont supprimées.

    En nouvelle orthographe, on écrit :

    · absout, absoute (participe passé)

    · appâts (nom masculin pluriel)

    · assoir, messoir, rassoir, sursoir

    · bizut

    · bonhommie

    · boursoufflement, boursouffler, boursoufflure

    · cahutte

    · charriot, charriotage, charrioter

    · chaussetrappe

    · combattif, combattive, combattivité

    · cuisseau (dans tous les cas)

    · déciller

    · dentelier

    · dissout, dissoute (participe passé)

    · douçâtre

    · embattre

    · exéma, exémateux, exémateuse

    · guilde

    · imbécilité

    · innommé, innommée

    · interpeler (j'interpelle, nous interpelons, etc.)

    · levreau

    · lunetier

    · nénufar

    · ognon, ognonade, ognonière

    · pagaille

    · persifflage, persiffler, persiffleur, persiffleuse

    · ponch (dans le sens de « boisson »)

    · prudhommal, prudhommale, prudhommie

    · prunelier

    · relai

    · saccarine (et ses nombreux dérivés)

    · sconse

    · sorgo

    · sottie

    · tocade, tocante, tocard, tocarde

    · ventail

     

    Les rectifications orthographiques, en plus des modifications systématiques qu’elles entrainent, changent l’orthographe de quelques mots isolés afin de la rendre plus cohérente et régulière.

    Évidemment, il n’a pas été possible de supprimer d’un coup toutes les anomalies plus ou moins « isolées » de notre orthographe. Il a donc fallu faire un choix…

    Les modifications concernent à peine quelques dizaines de mots et sont de différents ordres :

    • dans certains cas, on réaccorde des familles : bonhommie (avec deux m) comme bonhomme, boursouffler (avec deux f) comme souffler, etc. ;
    • dans la même veine, on supprime des incohérences diverses : c’est le cas pour le participe masculin singulier absout (et non plus absous), désormais en cohérence avec la forme féminine absoute ; assoir perd son e comme l’ont déjà fait il y a plusieurs siècles (!) d’autres verbes, par exemple voir ;
    • des scories sont supprimées : avec l’usage de la cédille, le e de douçâtre n’est plus utile ; ognon perd son i et retrouve une graphie qui existait au début du vingtième siècle ; exéma s’écrit comme examen ;
    • interpeler, conformément à la prononciation actuelle, ne prend plus qu’un seul l à l’infinitif et est apprenté à appeler, dont il suit la conjugaison (j’interpelle comme j’appelle, nous interpelons comme nous appelons)…

     

    Reste le fameux nénufar… seul mot dont le ph ait été substitué par un f. La raison ? Nénufar n’est pas un mot d’origine grecque, contrairement à ce que l’on a cru à un moment par erreur, mais vient du persan par l’arabe (enfin, pour faire court…). Mais la graphie nénufar a déjà existé en français, et Proust lui-même écrivait nénufar de cette façon. Pour les curieux, voici l’histoire complète, avec l’explication détaillée que donne le dictionnaire d’Antidote à ce sujet :

    Le mot nénuphar a été emprunté au latin médiéval nenuphar au 13e siècle. L’ancien français, qui utilisait une écriture plus ou moins phonétique, écrivait ce mot avec un f ; la graphie ph est apparue en moyen français pour se rapprocher de la graphie latine. C’est cette dernière graphie qui a prévalu depuis lors. La graphie en f a toutefois toujours été privilégiée par le dictionnaire de l’Académie française jusqu’à son édition de 1935 et a, de plus, fait l’objet d’une recommandation dans les rectifications orthographiques […].

    La présence du ph en latin médiéval n’est pas étymologique. Elle s’explique par le fait que la grande majorité des mots étrangers qui ont pénétré en latin sont d’origine grecque et que c’est la graphie ph qui était utilisée en latin pour transcrire la lettre grecque φ, qui se prononçait [f] depuis le tournant de l’ère chrétienne. On peut penser que les lettrés de l’époque auraient transcrit le [f] de ce mot avec un ph, pensant qu’ils avaient affaire à un mot grec, comme l’était d’ailleurs son synonyme nymphaea.

    Le mot nénuphar est un globetrotteur : le latin médiéval nenuphar remonte à l’arabe nīnūfar, altération de nīlūfar, qui avait été emprunté du persan. Ce dernier l’avait emprunté au pehlvi nīlōpal, lequel provient du sanscrit nīlautpala, lotus bleu, décomposable en nīlah ‘bleu foncé’ et utpalam ‘fleur de lotus’.

     

    Pour en savoir plus sur la nouvelle orthographe, on peut consulter le site www.orthographe-recommandee.info. Des indications destinées plus spécifiquement aux enseignants sont disponibles sur www.orthographe-recommandee.info/enseignement.

     

     

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