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    Littérature de l'altérité, altérités de la littérature : moi, nous, les autres, le monde, 18èmes Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature

    31 mai- 3 juin 2017 - Caen

     

    « Littérature de l'altérité, altérités de la littérature : moi, nous, les autres, le monde »

    Responsable(s) scientifique(s) : A. Schneider, M. Jeannin, L. Himy, A.M. Petitjean, E. Schneider

    Lieu : ESPE Basse-Normandie
    Début : 31/05/2017 - 09:00

                Dans Les sept savoirs nécessaires liés à l'éducation du futur, Edgar Morin explique que les défis de la complexité de notre temps nous obligent à repenser la notion de condition humaine et à « remplacer une pensée qui sépare et qui réduit par une pensée qui distingue et qui relie ».

                Développée par l'auteur dans son ouvrage La tête bien faite, cette conception en éducation est pensée également sous le concept de « reliance » qu'il défend dans d'autres de ses essais, entre autre dans le recueil d'articles pluridisciplinaires Relier les connaissances, le défi du XXI ème siècle. Or l'enseignement de la littérature est à la fois le lieu possible du développement d'une pensée analogique, « de l'aptitude à contextualiser et globaliser les savoirs », selon Edgar Morin, mais également un laboratoire didactique de l'enseignement pluriel, relié, transdisciplinaire propre à la création d'une tête bien faite.

                Reprenant ce concept de reliance, développé par Edgar Morin, se rattachant manifestement à une vision humaniste de la société, nous nous fonderons sur cette théorisation, elle-même inspirée du concept d'abord forgé par le sociologue Marcel Bolle de Bal pour répondre au constat de déliance généralisée du lien social. Le terme de reliance, désormais décliné dans de nombreux domaines : anthropologique, sociologique, interculturel, permet de développer une conception du savoir inclusive où la prise en compte de l’autre est au cœur même de ce qui relie…

                Par ailleurs, ce questionnement sur la reliance doit s’articuler à la prise en compte du contexte actuel de mobilité accrue, au sens physique, mais aussi en termes de processus, de métaphores. Ainsi le brouillage des catégories du proche / lointain, voisin / étranger  nécessite de relier ce qui est séparé, dans un contexte où les points de repères s’effritent et où la tentation de l’immobilité rejoint celle de l’enfermement dans des identités monolithiques. « C'est que  l'identité est d'abord un être-dans-le-monde, ainsi que disent les philosophes, un risque avant tout, qu'il faut courir, et qu'elle fournit ainsi au rapport avec l'autre et avec ce monde, en même temps qu'elle résulte de ce rapport. » Cette définition dynamique de l’identité proposée par Chamoiseau et Glissant fait écho à celle de l’anthropologue François Laplantine qui conditionne l’existence même d’une culture à un contant travail interne de déplacement, de mouvement. Dans cette perspective, il appelle a prendre garde à l’enclavement actuel du concept d’identité, « slogan brandi comme un totem ou répété d’une manière compulsive comme une évidence paraissant avoir résolu ce qui précisément pose problème : son contenu, ses contours, sa possibilité même ». Dans cette perspective, la réponse de Chamoiseau et Glissant tend bien à inscrire l’identité dans un processus dynamique de mobilité symbolique : elle n’est « pas liée à l’appartenance à un territoire, une famille, une langue, […] ce n’est pas l’assignation, la désignation du social, de la culture, mais le fait que ces derniers puissent être parcourus dans tous les sens. C’est le parcours de ce que Deleuze appelle la de-territorialisation ». Dans la même perspective, Glissant propose sa pensée de l’errance : « Par la pensée de l’errance nous refusons les racines uniques et qui tuent autour d’elles : la pensée de l’errance est celle des enracinements solidaires et des racines en rhizome. Contre les maladies de l’identité racine unique, elle est et reste le conducteur infini de l’identité relation. »

                La pensée de l’errance préserve également des pensées de système, » de leur intolérance et de leur sectarisme » ;  c’est « une pensée de d’ambiguïté et de non certitude » qui empêche de vouloir réduire le différent au semblable, de le dominer, de poser une suprématie ou un impérialisme. Elle repose également sur la reconnaissance de l'altérité comme un autre soi, susceptible de rencontrer, d'influencer, de faire évoluer notre pensée et de la relier aux autres. « L'ouverture subjective (sympathique à autrui) » et « l'intériorisation de la tolérance » peuvent-ils être à l'origine d'une réflexion didactique, particulièrement en littérature où se conjuguent la rencontre avec une œuvre, un auteur, une langue ? 

               Notre réflexion portera sur la littérature, lieu même d'une approche complexe du monde, c'est-à-dire lieu même d'une compréhension de soi, des autres, du monde. La littérature, dont l'approche s'inscrit dans la prise en compte de la subjectivité du lecteur suppose de relier deux conceptions du monde ou deux vécus, celui de l'auteur et le sien. Si l'appropriation subjective de la littérature suppose « d'oser lire depuis soi », elle suppose aussi d' « oser l'autre »

                Les rencontres des chercheurs en didactique de la littérature se sont penchées sur la question de la subjectivité en littérature où le positionnement du sujet lecteur, acteur et auteur de sa lecture a été à l'origine des réflexions entre autres sur la génétique textuelle, l'oral, le rapport au patrimoine littéraire, la question des corpus, la multimodalité, les écritures de réception, le lien entre littérature et arts, depuis les rencontres de Rennes en 2001 jusqu'à celle de Lyon en 2016.

                Notre objectif est de repenser la question de l'autre en littérature, comme nous y convie le  domaine 5 du nouveau socle de connaissances, de compétences et de culture qui rappelle l'importance de celui-ci : Ce domaine […] implique enfin une réflexion sur soi et sur les autres, une ouverture à l'altérité […] ». Pensée en terme de texte du lecteur, de lecture littéraire, mais aussi de lien entre littérature et écriture, littérature et arts, littérature et langage dans « l'espace des prescriptions, l'espace des recommandations, l'espace des pratiques d'enseignement et des apprentissages disciplinaires, l'espace des (re) constructions-appropriations des disciplines par les acteurs », la littérature des altérités est un champ d'investigation ouvert et riche au cœur même de la didactique de la littérature.

     

    Comité scientifique : 

    Jean-Charles Chabanne, ENS Lyon

    Marie-José Fourtanier, Université de Toulouse

    Magali Jeannin, Université de Caen

    François Le Goff, Université de Toulouse

    Brigitte Louichon, Université de Bordeaux

    Jean-François Massol, Université de Grenoble

    Marie-Claude Penloup, Université de Rouen

    Anne-Marie Petitjean, Université de Rouen

    Nathalie Rannou, Université de Rennes

    Annie Rouxel, Université de Bordeaux

    Anne Schneider, Université de Caen

     

    Comité d’organisation : 

    Anne Schneider, Université de Caen, LASLAR EA4256, section 09

    Magali Jeannin, Université de Caen, LASLAR EA4256, section 09

    Laure Himy, Université de Caen, LASLAR EA4256, section 09

    Anne-Marie Petitjean, Université de Rouen, DYSOLA, EA 4701, section 09

    Elisabeth Schneider, ESO UMR 6590, MCF section 71

     

     

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