Association française pour l’enseignement du français

Orthographe rectifiée

  • 19
    Fev

    événement ou évènement ?, de Romain Muller

    Chronique "nouvelle orthographe" - février 2011

     

    En nouvelle orthographe, on emploie l’accent grave (et non aigu) devant une syllabe contenant un e muet, conformément à la prononciation. Les seules exceptions sont les é initiaux (exemple : édredon), les préfixes dé- et pré- (exemple : dégeler), et deux mots, médecin et médecine.

     

    Ainsi, quelques mots — les plus courants sont évènement, règlementaire, crèmerie, cèleri — qui s’écrivaient avec un accent aigu en ancienne orthographe prennent désormais un accent grave. Il en va de même au futur et au conditionnel pour les verbes se conjuguant sur le modèle de céder : en nouvelle orthographe, on écrit je cèderai  (et non plus je céderai). Enfin, on écrit avec un accent grave les formes littéraires pussè-je, fussè-je, etc.

    Cette modification met en harmonie l’orthographe et la prononciation, et apporte plus de cohérence : puisque l’on écrivait déjà avènement et règlement, pourquoi écrivait-on événement et réglementaire ?

    En fait, lorsque l’Académie française a introduit les accents aigu et grave, une pénurie de caractères représentant un è a conduit l’imprimeur de son dictionnaire à les remplacer par des é. C’est ainsi en raison d’un simple manque de petits caractères en plomb que des générations d’élèves ont dû retenir des exceptions qu’aucune logique ne justifiait… Il était temps que cela change.

    La plupart des dictionnaires donnent aujourd’hui les deux orthographes possibles, ou indiquent au  moins la nouvelle orthographe en note, par exemple dans les tableaux de conjugaison des verbes du type céder.

    Cette modification étend le champ d’application de la règle générale selon laquelle, devant une syllabe contenant un e muet, on écrit è (et non é), conformément à la prononciation. Même si l’on rencontre encore souvent la forme événement(rappelons que l’ancienne orthographe n’est pas fautive), la nouvelle orthographe (évènement) est aujourd’hui très fréquente tant dans la presse que dans l’usage en général.

     

    Pour en savoir plus sur la nouvelle orthographe, on peut consulter le site www.orthographe-recommandee.info. Des indications destinées plus spécifiquement aux enseignants sont disponibles sur www.orthographe-recommandee.info/enseignement.

3 Commentaires

  • Romain Muller

    24 Fev 2011 à 17:27

    Il est tout à fait exact que l'appellation "e muet" est inexacte. Je l'emploie parce que c'est ainsi que le phénomène est généralement connu, mais il faudrait parler en fait de "e instable", c'est-à-dire d'un "e" prononcé ou non, mais qui, s'il est prononcé, n'est pas accentué.

    Quoi qu'il en soit, cela ne change rien au problème. Devant une syllabe contenant un "e" instable, la prononciation normée veut que le "e" soit ouvert. Prononcer "évènement" avec un deuxième "e" fermé, c'est de l'hypercorrection (ou peut-être un accent particulier !).

    Quant à la coupure en fin de ligne, les règles, et plus encore les pseudo-règles sont nombreuses. Mais aucun argument valable à mes yeux n'empêche de couper évè/ne/ment comme on coupait évé/ne/ment.

  • Luault

    21 Fev 2011 à 12:14

    Je suis étonnée de l'explication par un manque de caractères d'imprimerie. Il me semble qu'on distinguait le e central du e muet. Ce dernier se trouvait exclusivement en finale de mot.
    La transformation du e central, prononcé dans événement aussi bien que dans exclusivement, lorsque la prononciation est soutenue faisait que la syllabe précédente était ouverte. Cela s'éclaire lorsqu'on opère le découpage syllabique oral :
    /é/vé/ne/ment devient /é/vèn/men (prononciation relâchée) où /vé/ est une syllabe ouverte, terminée par une voyelle et /vèn/ une syllabe fermée terminée par une consonne;
    tout comme /èk/sklu/zi/ve/men (où l'on peut noter la syllabe fermée /èk/) devient en prononciation relâchée /èk/sklu/ziv/men.
    Il faudrait préciser que le changement d'accentuation a aussi une incidence sur le découpage du mot en fin de ligne : je pouvais couper évé/ne/ment, je ne peux plus couper que évène/ment.

    C'est donc plus complexe et moins absurde. Si l'on prend par exemple la conjugaison du verbe opérer au futur, la disparition de la prononciation du e central semble se traduire pour l'instant par une accentuation de la prononciation du R, exactement comme je l'ai apprise dans mon enfance (je deviens une vieille dame) pour il couRa (il courra). mais l'évolution de notre langue vivante fait que mes élèves actuels prononcent ce futur comme s'il y avait un seul r et qu'il s'agissait d'un passé simple du 1er groupe!

    Est-ce à dire que la graphie évènement est haïssable parce que relâchée? Non. Simplement je pense que ne pas voir le sérieux de l'argumentation du point de vue opposé, c'est se mettre en position de faiblesse. Le choix orthographique en matière d'accentuation est clairement un choix en faveur d'une vision démocratique de la langue et de son enseignement. Un choix qui exprime qu'une langue est vivante, qu'elle appartient à ceux qui la parlent, que la grammaticaliser c'est garantir sa capacité à permettre au plus grand nombre de locuteurs de communiquer. Un choix qui signifie aussi que l'école a mieux à faire que d'abaisser les enfants des milieux populaires en s'acharnant à leur prouver qu'ils "s'expriment mal". Un choix, enfin, qui enseigne que l'essentiel des apprentissages n'est pas dans l'enregistrement de listes d'exceptions ou de curiosités, fussent-elles fondées.

  • Nicolas

    12 Sep 2016 à 20:33

    Merci pour cet article, très intéressant !

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