Association française pour l’enseignement du français

Lecture Littérature

  • 26
    Mar

    "le prof de français, un lecteur comme les autres ?", de Dominique Seghetchian

    Dans la Lettre de l'AFEF de mars 2012

     

    Pour les collègues d’autres disciplines comme pour le commun des mortels, le professeur de français est un lecteur redouté parce qu’il est perçu comme le censeur toujours prêt à biffer à l’aide du stylo rouge qui, bien entendu, ne le quitte jamais, les erreurs dont tout un chacun redoute de parsemer ses écrits comme autant de marques d’imperfections. Avouons une bonne fois que ce n’est pas tout à fait faux : qui, à part moi, a remarqué que dans mon canton, à cent mètres d’intervalle, on trouve un fléchage « déchèterie » et un autre « déchetterie » ?

    En même temps qui d’autre que moi –que nous ?- est capable de lire une rédaction d’élève en se concentrant sur le sens que ce dernier a voulu faire passer, sur les effets obtenus par une utilisation décalée d’un mot, des temps du récit… pour réaliser à la deuxième lecture que le texte en question est presque vierge de ponctuation ?

    Pas si simple donc.

    Ce qui me semble plus important, c’est de noter qu’au bout de quelques années, le professeur de français a perdu beaucoup de son innocence. Envahi par sa profession, soumis à la quête permanente de supports adaptés pour faciliter les apprentissages de ses élèves, il ne se laisse plus aller à la lecture naïve : le plaisir de s’abandonner à la fiction, de se laisser bercer par les mots et les images est brutalement interrompu, le charme est brutalement rompu parce que s’impose comme une évidence ou bien s’immisce sournoisement une « idée d’exploitation ». C’est moins handicapant que la mauvaise conscience qui vous fait voir mentalement le tas de copies à corriger alors que vous êtes censé passer une super soirée entre amis, mais quand même !

    Durant quelques années, j’ai perdu beaucoup de temps à rechercher « ce roman policier historique, chez 10-18, où il y a un formidable récit de bataille navale », ou bien « ce livre à la couverture bleue (mais est-ce si sûr) où il y a, environ vers le dernier quart, un pastiche génial des guides de voyage », ou encore –plus précis-, dans Les gommes, de Robbe-Grillet, « cette courte description en focalisation externe d’une tranche de tomate…. » Et puis ma vie a changé. J’ai accepté l’idée que j’étais définitivement prof de français, c’est-à-dire une lectrice vampirisée et vampirique, et j’ai repris une idée d’un collègue : je note depuis une vingtaine d’années, toutes mes lectures ; au minimum le titre et l’auteur, ce sont des accroches qui suffisent parfois à retrouver la perle emmagasinée au fond de ma mémoire. D’autres fois j’ajoute des idées, des remarques en vue d’une exploitation possible, avec des indications de pages (personnellement jamais de citations, qui correspondent à autre chose, non professionnel, l’écho en moi d’idées ou d’émotions…).

    Je propose donc que nous ouvrions dans la Lettre de l’AFEF, une rubrique où chacun(e) pourrait déposer ces petits trésors qui nous permettent de construire les cours que les manuels ne peuvent nous donner.

    Voici ma première pépite. Dans le roman Erik Orsenna, Madame Bâ, on peut trouver matière inattendue à un groupement d’extraits qui permettent bien, au collège, de faire le point sur l’énonciation épistolaire et la richesse des relations qui se tissent à travers un échange des lettres qui construit une intrigue dont les enjeux humains sont terriblement  actuels. Les références des pages correspondent à l’édition Fayard / Stock 2003.
     

    Extrait 1 (p. 414-415) :

    Le 10 mars 2000.

    Chère Maama,
    Ne t'inquiètes pas.

    -  Une faute ! Je lui ai dit mille fois que la première personne   de   l'impératif  ne  prend  pas   de  s.   Ça commence bien!

    -  Madame Bâ, la peste soit des institutrices ! Il écrit, c'est déjà beau. Alors lis. Ou je la déchire !

    On est gentils avec moi. J'ai les cartilages mous car je grandis. Je mange comme il faut. J'apprends tous les dribbles et tous les contrôles. On m'a donné un surnom : « La Colle », tu te rends compte de la gloire ? Parce que j'arrive toujours à garder le ballon contre mon pied. Quand je jouerai à Milan, je t'offrirai une Ferrari pour que tu te fatigues moins dans tes tournées. Tu pourras choisir la couleur.

    Pour les vacances, bien sûr, j'irai chez oncle Marc et tante Annie.

    Vive le football et les grands-mères!

    Ton numéro dix préféré.

     

    Extraits 2 et 3 (p. 422-423)

    Le 10 mai 2000.

    Maama,

    Rond, rond, rond, le ballon,

    La terre au bout du pied,

    Shoote, shoote, shoote la planète,

    Le foot est ton langage,

    Un, deux, trois, quatre, zéro,

    Ta vie c'est la victoire.

    Qu'est-ce que tu en penses ? C'est notre chanson, le début. On va faire mieux. Mercredi, j'ai marqué contre Châteauroux. Sur pénalty, mais vrai but quand même. Quelqu'un était venu de Nantes pour nous voir, tu ima­gines ? Le directeur du centre de formation, non, jerigole, l'un de ses adjoints. Il a demandé mon nom. Je mange des lentilles en cachette, pour mes cartilages. J'ai vu hier un Disney. Les Guillaume m'avaient apporté la cassette Pocahontas. Tu devrais leur dire que je suis trop grand. Moi, je n'ose pas. Ils sont si gentils. On a parlé. Ils comprennent mon rêve. Eux aussi, je leur donnerai une Ferrari. Ils n'ont qu'une 206.

    Je dis à tout le monde qui tu es : une inspectrice très puissante. Qui met des mauvaises notes aux professeurs. Ils t'applaudissent : vive Marguerite! Elle nous venge.

    Moi seul je n'ai pas peur de ma terrible grand-mère, que j'embrasse,

    Michel

    PS : Samedi soir, sur TV5, regarde absolument Lens-Lyon. Si tu n'aimes pas Anderson, le Brésilien, il n'y a plus rien à faire pour toi.

     

     

    Montreuil, le 15 mai 2000

    Chère Marguerite,

    Saviez-vous comment on appelait, avant son aména­gement, notre parc des Beaumonts, vous savez, celui où font escale les oiseaux migrateurs sur leur route à desti­nation du Grand Nord ? On l'avait baptisé le terrain de Ben Hur! Les adolescents découpaient des tonneaux et se faisaient tirer par des motos.

    Vous voyez que Michel n'a pas choisi le sport le plus dangereux.

    Ah, la jeunesse!

    Bien à vous,

    Marc et Annie

     

    Extraits 4, 5 et 6 (p. 431 à 434)

    Montreuil, le 1er juin 2000

    Chère Marguerite,

    Plaignez notre parc des Beaumonts! Il vit ces temps-ci des jours difficiles. Figurez-vous qu'hier matin, les autorités, le maire Jean-Pierre Brard à leur tête, inaugu­raient la nouvelle mare et les cascades, futurs rendez-vous des oiseaux aquatiques. Qu'ont-ils découvert? Je vous le donne en mille. Une voiture, oui, une voiture, au beau milieu de l'eau, et calcinée. Un groupe déjeunes Noirs, venus de la cité voisine, le Bel-Air, s'esclaffait. Leurs chiens bien-aimés, pitbulls et rottweillers, patau­geaient joyeusement. Peut-être que les fils de vos Maliens immigrés n'ont pas encore tout à fait la fibre écologique ? Affaire d'éducation, sans doute.

    Quoi qu'il en soit, tel est le monde d'aujourd'hui.

    Affectueusement,

    Annie et Marc.

     

    PS : Marc me supplie de préciser, comme si c'était nécessaire! que nous ne sommes pas devenus racistes. Nous vous donnons simplement les vraies nouvelles de  Montreuil. Le mois dernier, une centaine de Roumains ont débarqué d'on ne sait où. Ils squattent un bâti­ment technique. Ils utilisent la source comme toilettes. Certains de leurs enfants ont douze ans et n'ont jamais connu la moindre école. C'est à l'institutrice, madame Bâ, que je parle. Vous imaginez ça? En Europe? Au milieu de l'an 2000? Une association s'est constituée. Nous nous demandons si nous n'allons pas la rejoindre. Le croiriez-vous? La retraite est un sur­menage.

     

     

    Le 12 juin 2000.

    Ô ma Maama terrible,

    Nos amis de Kayes, les deux recruteurs que tu connais, sont venus au centre. Ce mercredi-là, je n'ai joué qu'une moitié de mi-temps. Ils ont longtemps discuté avec M. Takis, l'entraineur. Un jour, je te le présenterai. Il est sévère mais je sais que c'est pour mon bien. En par­tant, ils m'ont serré la main : continue à travailler, Michel, ne nous fais pas honte. Tu as une bonne marge de progression.

    Certains jours, c'est dur. Toutes les nuits, avant d'éteindre la lampe, j'encourage mes pieds. Il faut qu'ils comprennent que tout dépend d'eux.

    Maman a disparu. Aucune nouvelle. Elle est aussi dans un centre de formation ?

    Les Guillaume m'ont donné pour ma fête un maillot blanc du Real. Mais je ne veux pas jouer en Espagne.

    Michel

     

     

    Montreuil, le 17 juin 2000

    Chère Marguerite,

    Soyez rassurée!

    Si, par malchance et cruauté, sa, majesté Football reje­tait notre Michel, nous avons préparé pour lui une posi­tion de repli : garde animateur au parc. Qu'en pensez-vous ? Avec formation payée et, à la clef, un véritable diplôme.

    Nous en avons parlé à M. Hervé, qui dirige, à la mai­rie, la mission Environnement. Il serait d'accord. Quoi de mieux qu'un Africain pour expliquer aux visiteurs l'avifaune africaine ?

    Pour l'instant, ce projet reste secret, vous l'avez deviné. En dépit de sa gentillesse, le cher Michel nous jetterait nos oiseaux à la tête.

    Mais, le moment venu, le filet est là, bien tendu. Pour récupérer sans mal l'acrobate trébuchant. N'est-ce pas le rôle des parents, adoptifs ou de sang ? Laisser aller l'adolescent au bout de son rêve, et garder les bras bien ouverts pour le rattraper, si jamais il chute ?

    Ça y est, Marc à son tour quitte la Poste. Vive la retraite! Le vin d'honneur est fixé au 24, à 16 heures, Quel dommage de ne pas vous avoir parmi nous!

    Il se joint à moi pour vous souhaiter la paix. La grand-mère qui est en vous peut dormir tranquille, ber­cée par des koras semblables à celle que nous avons rap­portée. Elle repose, en ce moment, sur le lit de Michel. Je suis sure que vous aimerez le maillot du Real que nous lui avons offert. Il l'a punaisé au mur. Qu'est-ce que le Real? Un club de Madrid. Et pourquoi le Real? Parce que le dieu "Zidane y joue. Vous voyez, notre science en ballon rond progresse.

    Les Guillaume

     

    PS : Dans votre dernière lettre, vous nous demandiezqui est Lenain de Tillemont, ce monsieur qui a donné à notre rue ce nom pas très pratique, beaucoup trop long. Grâce à vous (paresseux que nous sommes), nous avons mené l'enquête : c'est un historien janséniste (1637-1679). Le jansénisme est une variante de la religion chrétienne qui croit que la destinée des humains est fixée dès leur naissance. Rassurez-vous, telle n'est pas notre opinion. Nous espérons que ce drôle de bonhomme ne vous empêchera pas d'accepter notre hospitalité. Réglez vite vos problèmes de visa. Nous vous attendons.

     

     

    Extrait n°7 (p.442, en pdf joint)

     

    Extrait n°8 (p. 455-459)

    Montreuil, 10 janvier 2001

    Chère Marguerite,

    Serrez les poings, clignez des yeux, inspirez fort, comme l'Africaine indomptable que vous êtes.

    Serrez les poings, sifflotez n'importe quoi, votre chan­son préférée, par exemple cet air qui vous faisait si ten­drement sourire, le soir au campement, quand le jeune guide Modu acceptait de vous prêter son lecteur de cas­settes. Quelle époque heureuse vous rappelait-il ? Sur­tout, gardez cette musique en vous.

    Chère, si chère et généreuse Marguerite, tellement présente malgré la distance, cette mer et ce désert qui, depuis notre lumineuse rencontre, ne parviennent pas à nous séparer. L'oiseau qu'à contrecœur nous voilà obligés de vous expédier par exprès n'a rien des gracieux migrateurs dont nous aimons tant suivre, vous et nous, la route souveraine.

    D'avance et d'ici, nous entendons vos cris : plus vite, au fait, qu'est-il arrivé ? Notre lenteur est votre faute. Nous avons appris de vous que la vérité qui se dévoile trop vite manque l'essentiel. Vous vous rappelez ce que vous nous avez enseigné, le soir, au campement? La vérité est dans le chemin vers la vérité.

    Mais maintenant, hélas, le moment est venu.

    Annie et moi, nous l'avons retardée, la mauvaise nou­velle, autant qu'il nous était possible. Pour vous laisser une nuit, encore un jour de paix. Il s'agit de votre, de notre Michel. Il a disparu.

    Samedi matin, avant-hier déjà, nous sommes partis pour Le Havre. Il y avait longtemps que nous ne l'avions pas vu jouer. Les équipes prennent position. Pas trace de votre petit-fils ni sur la pelouse, ni sur le banc des remplaçants. J'ai attendu la mi-temps. J'ai réussi à interpeler l'entraineur, M. Takis :

    - Michel Bâ, où est-il?

    - Connais pas.

    Et il s'est engouffré dans les vestiaires. Vous vous ren­dez compte ? «Connais pas.» Alors que, six mois plus tôt, il nous affirmait, les yeux dans les yeux : « Le petit Michel ? S'il continue à travailler dur, j'en ferai Djibril. Cissé. Peut-être même un ballon d'or. »

    Rongeant notre frein, nous avons patienté quarante-cinq minutes. Vous connaissez Annie. Quand on refuse de lui répondre, son sang de syndicaliste se met à bouil­lir. A la fin du match, perdu 2 à 1 par Le Havre, c'est elle qui s'est ruée sur le coach :

    - Michel Bâ, qu'en avez-vous fait ?

    - Mais qu'est-ce qu'elle me veut ? Elle est folle, celle-là !

    Il s'est dégagé d'un coup de coude et a rejoint ses joueurs.

    La foule s'en allait lentement. Nous restions là, per­dus, sur le parking. Annie était d'avis de prévenir la police. Je l'ai retenue à grand-peine : tu es sûre que Michel est en situation tout à fait régulière ? Cette démarche pourrait lui nuire. Prévenons d'abord Mme Bâ.

    Nous regagnions notre voiture quand un blondinet s'est approché.

    - Vous ne savez pas ce qui est arrivé à la Colle... ? «La Colle», vous vous souvenez ? Comme il était fier de son surnom !

    Le blondinet tournait la tête à droite, à gauche, comme un oiseau apeuré.

    - Vous ne dites pas que c'est moi, hein ? Autrement, M.  Takis me tue.  Vous pouvez me raccompagner à Sainte-Adresse ? J'ai manqué le car.

    Pendant un long moment, il s'est tu. Il guettait par la lunette arrière. Il n'a recommencé à parler qu'une fois quitté le centre-ville.

    « Michel est mon copain. En janvier, contre Châteauroux, un méchant l'a cassé. Tacle par-derrière. Même pas carton rouge. Il ne faut pas croire qu'entre jeunes on se fait des cadeaux. Le foot est féroce. Michel se tor­dait par terre. Civière. Ambulance. Je l'ai accompagné à l'hôpital. Au revoir le genou, ligaments croisés arrachés. Le lendemain, le coach est venu. Michel bégayait de bonheur et de fierté. Bon... bonjour, mon­sieur Takis ! Tu vois la chance qu'on a, un entraineur qui prend si bien soin de nous. C'est pas en Afrique que ça arriverait.

    - Je n'ai pas beaucoup de temps, mon petit Michel, je voulais te souhaiter bonne chance.

    -  Faites-moi confiance, monsieur Takis, je vais me rééduquer comme personne !

    Il rayonnait, la Colle, un sourire qui me reste dans le cœur.

    - Le médecin ne t'a pas parlé ? Ils sont tous pareils, les blouses blanches, rien dans le slip. Alors c'est moi qui vais te dire la vérité, mon petit Michel : tu es perdu pour le foot.

    La Colle le regardait sans comprendre.

    - Allons, allons, ne fais pas cette tête-là. Il y a des milliers d'autres métiers sur terre. Où on n'est pas obligé de se faire tuer par les terreurs de Châteauroux. Le club a payé le chirurgien. Rien à craindre de ce côté.

    Il a sorti une liasse de billets, une liasse très mince.

    - Voilà pour toi, un pécule de nouveau départ. Bonne chance, mon petit Michel. Content de t'avoir connu !

    Et il est parti.

    La Colle commençait à se rendre compte. Son sourire se changeait en grimace. Il a jeté les billets par terre.

    La porte s'est rouverte. Le coach a tendu son doigt vers nous.

    -  Pas d'embrouille, mon petit Michel ! Nous sommes d'accord ? Tu t'en vas avec ton fric, bien gentiment. Sinon, c'est la police. Et pas la peine de revenir, on t'a donné ta chance. Mais maintenant, on te connait plus. Et toi, Patrick, si tu l'ouvres d'un millimètre, tu peux dire adieu au centre de formation.

    M. Takis est reparti pour de bon. »

    -  Le salaud, le salaud, grondait Annie.

    -  Vous me jurez de ne jamais parler de moi ? Le foot, c'est ma vie, vous comprenez ?

    Nous avons juré.

    -  Et Michel, maintenant, où est-il ?

    - Je ne sais pas, je ne sais pas.

    Il hurlait, pauvre gamin, encore plus jeune que Michel. Le foot les prend au berceau.

    La voiture était arrêtée à un feu rouge. Le blondinet en a profité. Il a ouvert la portière.

    Pardon, Marguerite, d'avoir à vous raconter cette his­toire-là, vous qui nous avez tellement enchantés de contes, dans le Djoudj !

    Telle est la situation.

    Connaissant votre nature de combattante, nous sommes persuadés que vous allez accourir. Alors accep­tez, s'il vous plait, notre contribution, les 350 euros ci-joints. Seulement la moitié du voyage, hélas. Depuis qu'Air France détient le monopole pour les vols sur l'Afrique, elle rackette. Honte à elle ! Pardon de ne pou­voir envoyer plus. La retraite commence à faire son effet sur nos finances.

    Bien sûr, nous n'attendons pas votre arrivée pour lan­cer nos collègues dans la recherche. La Poste a le plus dense réseau national. Bien improbable qu'aucun receveur, aucun facteur ne remarque un Michel esseulé qui regarde ses pieds d'un air plus triste qu'il n'est habituel.

    Annie et moi vous serrons dans nos bras.

     

    PS : II va sans dire que vous pouvez user de nos noms, jusqu'à la corde, comme références. Peut-être que les sourcilleuses autorités consulaires seront rassurées par notre double statut de fonctionnaires. Voici les photoco­pies de nos cartes ainsi que cette curiosité, peut-être pourra-t-elle vous servir, cadeau d'un oncle de Tréguier, retraité de l'inscription maritime : notre arbre généalo­gique, rien que des Bretons depuis 1789 !

     

    Ce groupement d’extraits permet de travailler la compréhension à partir de quelques axes :

    • Reconstituer l’histoire de Michel.
    • Les personnages, leurs identités, leurs relations, leur personnalité.
    • Comment la grand-mère et le petit-fils ont-ils été séparés ? (hypothèses)
    • Que va faire Marguerite Bâ après la dernière lettre du 10 janvier 2001 ? (hypothèses)
    • Quelles lettres semblent plus vraies que les autres ?

     

    Ces quelques extraits mettent les élèves devant une multitude de problèmes. La passion du foot que la plupart des garçons (et plus de filles qu’on ne l’imagine) partagent avec Michel fait souvent écran. Marc et Annie sont-ils racistes ? Qu’est-ce que le respect… Au fil du travail, bien des questions essentielles sont abordées et on peut bien entendu proposer d’autres pistes, d’autres extraits de l’œuvre, des échos avec d’autres œuvres, ou avec la presse, des recherches…

     

    Rien n’interdit non plus de prêter le livre (481 pages) à quelques bons lecteurs.

    Ce roman sur une Afrique post-coloniale, travaillée (au sens étymologique) par la mondialisation et dont beaucoup d’habitants n’entrevoient d’autre issue qu’une émigration clandestine à haut risque, procurera à coup sûr beaucoup de plaisir à tous ceux qui embarqueront avec Madame Bâ sur le fleuve Niger.

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