Le samedi 17 mai, par une belle journée, douce et ensoleillée, nous n’étions guère nombreux à nous retrouver pour le deuxième temps d’un stage co-organisé avec les Cahiers Pédagogiques et le GFEN et animé par une metteure en scène tourangelle, Madeleine Gaudiche, du Collectif Râ.
Le plaisir de la pratique théâtrale
Paroles de stagiaires :
« Le plaisir de la découverte éphémère mais très réjouissante de personnes inconnues, et avec elles, de textes, de pratiques plus ou moins familiers. Le sentiment de se retrouver sur des connivences et des différences éclairées au fil des heures par les échanges et les temps de travail commun. »
« Le sentiment d'avoir vécu beaucoup, avec intensité, en un temps somme toute assez bref. »
Un autre rapport au texte, plus sensible
Paroles de stagiaires :
« La nécessité, de là, de se mettre en bouche les mots, de les malaxer, de faire corps avec eux, et sur les temps de travail à l'unisson avec les autres, de faire corps à travers nos voix communes, avec les autres. »
« La nécessité de dire et redire le texte pour accéder à une sincérité qui ne soit pas entravée par la volonté de dire quelque chose à travers le texte, de faire passer son sentiment, son interprétation des mots. »
« La nécessité et le besoin de se déprendre d'un souci de maîtrise de la situation, du contrôle entier de soi et des sens contenus par le texte, de se défaire de nos intentions premières. »
« Le souvenir qu'au début de notre lecture en commun d'un texte assez poétique de théâtre, les premiers temps, nous nous sommes, à force de le répéter, laissé emporter et affranchis d'une certaine forme de contrôle, après quelques hésitations, et qu'il y a eu un premier temps où l'on a entendu cette performance qui produit à plusieurs voix la voix authentique du texte ; qu'ensuite, nous n'avons pas pu ou pas su retrouver cette voix, comme si, après un temps d'innocence, la prise de conscience d'avoir donné quelque chose sans en être tout à fait maître nous avait mis en retrait, condamnés à régresser dans notre confiance et notre liberté face au texte. »
« Le souvenir que quelque chose s'est passé, qu'une émotion a été ressentie quand j'ai dit le texte de Koltès presqu'à mon insu. Que cette "sensibilité" exprimée par Madeleine, comme ressentie à la lecture du texte, venait sans doute d'un abandon involontaire de ma part, qui m'a laissé me conduire par le texte, plutôt que par le désir de mener à bout une belle lecture. »
Découvertes
Paroles de stagiaires :
« - intérêt de sortir de soi pour rencontrer l'autre.
- construire une mémoire collective par le mélange des voix.
- prendre conscience de ses impasses et casser quelques allant de soi.
- de la nécessité de travailler avec un professionnel pour exercer son corps dans des sensations un peu perdues de vue... »
« Permettre à nos élèves d'être vivants ou de le devenir dans l'espace scolaire, en leur donnant la possibilité de faire entendre leurs voix, de mettre en jeu leurs corps »
En guise de conclusion
Parole de stagiaire
« A l'image de ce stage, improbable en ses débuts balbutiants et cependant très réussi, le sentiment qu'il suffit d'être quelques-uns pour faire, pour y arriver et pour créer quelque chose qui fait naître la réflexion, la nécessité d'une suite, la possibilité de continuer, même si c'est aussi chacun de son côté, là où il est ; un antidote au découragement et à la lassitude, même si l'expression de ce découragement et de cette lassitude ont pu trouver leur place ; en résumé il faudrait pouvoir en même temps lâcher prise dans son approche des textes, du jeu, si l'on veut paradoxalement faire passer quelque chose, et à contrario ne rien lâcher de son désir de faire toute sa place dans l'espace scolaire à ce type d'expressions artistiques et culturelles, même si les temps sont rudes, les contraintes et les moments de solitude renforcés. Bref, savoir jouer avec le vent, savoir, tout en même temps, céder et résister. »