La notion de personnages apporte une réflexion sur distanciation qui aide à se détacher d'une lecture trop psychologisante. La réintégration du roman comme objet d'étude dans toutes les séries de la classe de première ouvre à nouveau des perspectives pédagogiques que nous déplorions d'avoir perdues.
Par contre, la disparition du biographique dans les séries S / ES / technologiques serait probablement une erreur, ou du moins une maladresse. Le genre biographique s'est avéré prépondérant depuis plusieurs décennies et fait écho aux besoins de se mettre en scène et de livrer son moi intime sans pudeur si fréquent sur les antennes actuellement ; il en permet une prise de conscience et conduit les élèves à s'interroger sur les spécificités d'un texte littéraire ; les lectures cursives, dans le genre autobiographique notamment, sont souvent fort appréciées des élèves car elles font résonance avec leurs questions et quête intimes.
Il est évidemment difficile d'ajouter un nouvel objet d'étude sans en enlever un ; mais le choix opéré est-il le plus judicieux ? Le programme de français de première prend le risque de se scléroser s'il se réfugie dans des valeurs trop classiques. L'ouverture voulue n'aura lieu que s'il permet aux 'uvres du patrimoine, pierres d'angle de chacun des objets d'étude, de cohabiter avec des 'uvres de la littérature contemporaine française mais aussi francophone et étrangère.
Viviane YOUX
Présidente de l'AFEF