Comment faire des préconisations en matière de lecture et d’écriture au début de l’école élémentaire sans connaitre les pratiques des enseignants, sans mesurer l’efficacité de ces pratiques, sans saisir la complexité des premiers apprentissages ? Et comment documenter les choix des enseignants ?
Dans cette perspective, le présent numéro interroge le point de vue des enseignants et cherche à comprendre comment ces derniers organisent, dans l’espace de la classe, les occasions de développer des compétences à l’écrit, avec quels objectifs, quelle progression, quels modes d’évaluation et quels choix pédagogiques. Au fond, la grande question est celle de la description mais aussi de la compréhension de la complexité des situations scolaires et des apprentissages de l’écrit dans ses diverses dimensions.
De ce point de vue, la variété et la richesse des articles de ce numéro sont prometteuses. Certains ont pour caractéristique d’aborder frontalement des questions vives comme celle de l’enseignement de la compréhension ou celle des élèves à profil particulier. D’autres s’intéressent à l’écriture, dans ses aspects graphomoteurs tout comme dans son lien à la lecture. Ont aussi été retenues des contributions analysant des dimensions de l’apprentissage de l’écrit qui défraient moins la chronique quand il s’agit du CP et du CE1 : l’étude de la langue, l’acculturation à l’écrit, la pratique de la poésie, la prise en compte des langues des élèves, l’usage du tableau.
Au travers de cinq articles qui nous livrent les premiers résultats de la recherche Lire‑écrire au CP et de cinq autres rendant compte de recherches variées, ce numéro permet d’appréhender, dans leur complexité, les pratiques enseignantes en ce qui concerne le lire et l’écrire au début de l’école obligatoire.
Pour ce qui est de l’efficacité de ces pratiques, le questionnement est ici amorcé même si les conséquences des choix des enseignants, notamment sur le développement des compétences littéraciques des élèves, demandent à être explorées plus avant. À ce sujet, le temps scolaire n’étant pas extensible, il est capital de chercher, dès à présent, des effets de seuil et d’aboutir à des propositions équilibrées. L’efficacité est sans doute en effet affaire d’imbrication, de hiérarchisation et de dosage.