Association française pour l’enseignement du français

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  • 29
    Oct

    Entrevue de l’AFEF au Cabinet du Ministre le 23/10/2012

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    Entrevue de l’AFEF au Cabinet du Ministre le 23/10/2012

     

    La délégation de l’AFEF était composée de Viviane YOUX, présidente, Bénédicte ETIENNE, membre du CA, et Dominique SEGHETCHIAN, trésorière.

    Nous avons été reçues par Yannick TENNE : Conseiller technique au cabinet du Ministre, chargé de l'école, du collège, du socle commun, de l'évaluation et des relations avec les corps d'inspection territoriaux et les parents d'élèves etJean-Yves DANIEL : Inspecteur Général de sciences physiques, chargé de la promotion de la culture scientifique et technique.

    Nous avons d’abord repris les termes de notre courrier de demande d’audience, en rappelant qu’il faisait suite à un laboratoire d’idées.

     

    Bref rappel sur notre association :

    ·      Initialement nommée AFPF, et créée en 1967 pour répondre à une demande des enseignants de se former aux avancées de la recherche en linguistique, narratologie, didactique …et de s’adapter aux nouveaux publics issus de l’allongement de la scolarité obligatoire. Notre devise : l’enseignement du français de la maternelle à l’universitéet deux principes fondamentaux, qui conduisaient à écrire dès 1969, dans Le Manifeste de Charbonnières :

               En ce qui concerne l'ensemble de nos propositions, nous tenons à déclarer avec netteté :

    1.     L'école ne saurait à elle seule changer le monde et la vie. Il est établi que les handicaps, les blocages dont souffrent les élèves sont, pour l'essentiel, d'origine socio-économique et socioculturelle. Notre action pédagogique pour la liberté, l'authenticité, l'épanouissement des hommes ne saurait donc être dissociée du contexte économique, social et politique où elle s'inscrit.

    2.     L'école peut cependant, tout en aidant les élèves dans l'immédiat. contribuer aux prises de conscience nécessaires. L'école ne doit ni s'illusionner sur son pouvoir, ni se replier sur une formation qui préparerait exclusivement à la vie professionnelle.

    ·      Changement d’intitulé en 1973 : « enseignants » remplace « professeurs » pour signaler plus explicitement la prise en compte des élèves effective dans notre réflexion et notre action et pour englober l’ensemble des enseignants, « de la maternelle à l’université ».

    ·      Association dont la militance a toujours articulé logique d’action et logique de recherche. Revue de notre association, Le Français aujourd’hui, qui compte depuis sa création comme une référence obligée dans le champ de la recherche en didactique du français (revue classée par l’AERES). Activités de l’association : site internet, lettre mensuelle, rencontres-débats sollicitant des intervenants spécialistes de la question traitée (la dernière portait par exemple sur langue pour communiquer/langue pour apprendre : problème de la littératie et elle a bénéficié d’un compte rendu sur le site du Café pédagogique).

     

    Éléments synthétiques de discussion qui ont émergé du laboratoire d’idéesque nous avons organisé le 9 juin 2012 :  

    ·      Articulations programme/socle : les conditions de réussite des élèves, surtout de milieux populaires, sont particulièrement compromises par la difficulté de l’exercice du métier d’enseignant de français liée notamment au défaut de lisibilité des discours de prescription (programmes / socle) et de leurs mises en œuvre dans les classes.

    ·      Manque de lisibilité et d’opérationnalité des programmes de l’école et du collège : inflation des contenus, empilement de notions sans progressivité dans les enseignements-apprentissages, augmentation du degré d’abstraction à l’opposé des besoins des élèves.

    ·      Manque de prise en compte dans les programmes et la définition des compétences du socle des apports de la recherche sur les processus d’apprentissages, la didactique du français et la sociologie des inégalités scolaires.
          

     

                Depuis cet envoi, la concertation sur la refondation de l’école a eu lieu, le rapport a été publié, dans une approche généraliste nécessaire pour ne pas s’enfermer dans des approches disciplinaires, voire corporatistes, qui risqueraient de diviser au lieu d’unifier.

                Nous partageons beaucoup de constats du rapport, mais pour nous, le plus important, et qui constitue un axe majeur depuis la création de l’AFEF, est celui des inégalités scolaires, reflet des inégalités sociales alors que nous croyons que l’école devrait les compenser.

               

                Sans vouloir redévelopper ce qui est dans le rapport, il s’agit pour nous de pointer ce qui, dans notre discipline, contribue à accentuer ces inégalités, alors qu’elle devrait jouer le rôle inverse :

     

    Image de la discipline :

    -       le français tient une place particulière dans le champ des disciplines, double dénomination français-lettres, source de clivages, témoin des luttes idéologiques qui la traversent et des pressions idéologiques qui la figent (ex. toucher à un accent, évoquer la grammaire : affaire nationale ; conversations de salon ou de café du commerce relayées par les médias / le cinéma…)

    -       attentes socialesautour du français : ingérences fortes dans les contenus et méthodes èrégression dans les programmes de 2008 à l’école et au collège.

     

    Constats d’inégalités scolaires interdisciplinaires qui interpellent notre discipline et qu’elle devrait compenser :

    -       Compréhension de l’écrit, rappel PISA – question de lalittératie – faiblesse des élèves français dans argumenter et interpréter.

    -       Maitrise de la langue : interdisciplinaire, mais quelles compétences et connaissances spécifiques relèvent du français ?

    -       Inégalités culturelles : place de la lecture dans les pratiques culturelles – place de la littérature / littérature de jeunesse.

     

    Tous ces constats d’inégalités posent la question du temps, des rythmes et de la progressivité des apprentissages :

    -       temps réservé au français en constante diminution ≠inflation de contenus, demande sociale forte

    -       rythmesd’acquisition et d’appropriation pas pris en compte dans les programmes

    -       progressivité des apprentissages : continuel recommencement en grammaire, difficulté à accepter qu’il y ait des paliers, des étape.

     

     

    Propositions

    1. Les programmes/le socle

    Programmes de 2008 de l’école et du collège à réécrire en tenant compte des avancées de la recherche en didactique, en psycholinguisitique et en sociologie des inégalités scolaires

    Articulation programmes / socle commun : nous avons des propositions de réécriture de ces deux documents qui dans notre discipline permettraient de rendre lisible une articulation entre l’approche par compétences et l’approche par notions disciplinaires.

    Points à revoir :

    -       Maitrise de la langue : place respective d’une approche spécifique au français et d’une approche interdisciplinaire. Nécessité de penser la progressivité de l’acquisition et appropriation des notions et compétences sans dissocier ni opposer approche réflexive et démarches d’automatisation/mémorisation.

    -       Compréhension de l’écrit : pour une prise en compte et en charge des difficultés potentielles des élèves, il est nécessaire d’introduire dans les nouveaux programmes (en français et dans les autres disciplines) un enseignement-apprentissage explicite de la compréhension de l’écrit.

    -       Littérature : place de la littérature de jeunesse à repenser de manière pertinente dans les programmes de telle sorte qu’elle ne soit posée en dichotomie avec la littérature patrimoniale mais en complément

     

    Affirmation forte de l’application de l’orthographe rectifiée : aller au-delà d’une simple référence, demander qu’elle soit appliquée dans l’écriture de tous les programmes et textes officiels, et qu’une sensibilisation soit entreprise à destination de tous les enseignants de toutes disciplines (tremplin pour aller plus loin vers une rénovation plus profonde de l’orthographe, fortement discriminante)

    Associer à l’instance d’élaboration des programmes proposée par le Ministre :

    -       l’AFEF

    -       des didacticiens reconnus dans les différents domaines


    2. La formation

    Cahier des charges avec des priorités :

    -       enseignement-apprentissage explicite de la compréhension de l’écrit.

    -       sociologie des inégalités scolaires et psycholinguistique (sur les processus d’apprentissage).

    -       approche interdisciplinaire de la maitrise de la langue.

     

    En formation initiale :

    -       appliquer ces trois priorités.

    -       introduire dans le tronc commun un module significatif de maitrise de la langue pour toutes les disciplines.

    -       réintroduire l’écriture d’un mémoire professionnel pour développer des compétences de praticien réflexif ;

     

    En formation continue :

    -       validation dans la carrière par l’obtention de points d’indice de la formation continue. Exigence en contrepartie,  pour l’enseignant qui se forme (et obtient les points d’indice), par exemple de produire des documents écrits, bilans des savoirs et savoir-faire acquis en formation, qui puissent être diffusés et bénéficier à sa communauté éducative.

    -       modules de formation longs : deux à trois semaines dans une année, ou même une année entière, au bout de sept à dix ans d’exercice du métier, pour faire un master en didactique ou en sciences de l’éducation (remplacement par des stagiaires).

    -       conférences, séminaires universitaires, séminaires d’associations de spécialistes ou de mouvements pédagogiques qui puissent être reconnus comme modules de formation continue.

     

    3. Rôle des associations

    Place des associations dans le système : demande de reconnaissance par l’institution, partenariat comme dans d’autres pays.

     

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