Association française pour l’enseignement du français

Primaire

  • 19
    Juin

    CP, Point d'étape - Rencontre de l'AFEF à Montpellier

    Le 9 juin 2018

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    Le CP, un point d’étape…

     

    Journée organisée le 9 juin à Montpellier

     

    L’AFEF (Association française, pour l’enseignement du français) fête ses cinquante ans de réflexion, partage d’expériences, rencontres avec les chercheurs. Elle propose à ses adhérents mais aussi aux étudiants, stagiaires, et tous les enseignants et formateurs intéressés une journée d’étude sur l’apprentissage du lire- écrire au cycle 1 et 2., avec un focus sur le CP. L’accès au sens, à l’interprétation, à la compréhension du monde qui nous entoure reste l’engagement et l’enjeu de notre enseignement au quotidien. Permettre à tous d’accéder à la culture, d’aborder les objets d’apprentissage dans leur complexité, d’éveiller la curiosité au monde, reste sans aucun doute ce qui nous motive en tant qu’éducateurs. 

    On ne peut éviter de décontextualiser les apprentissages qui sont à la fois sociaux, historiques, culturels, sous peine de les appauvrir et de ne pas permettre l’accès pour tous à cette richesse. 

    De ces considérations, la question qui a émergé est la suivante : 

     Quelle place pour la compréhension dans les apprentissages du lire-écrire 

    Une question de méthodes ? De gestes professionnels ? De dispositifs ? Il nous a semblé important de faire un point sur la situation des CP. De nouvelles instructions officielles ont été édictées, des moyens déployés au niveau ministériel, mais qu’en est-il réellement sur le terrain ?

     

    Les résultats de l’enquête supervisée par Roland Goigoux montrent bien que le principal apport pour l’apprentissage du lire-écrire  est dans l’importance accordée au temps consacré à l’enseignement de la compréhension. Pourquoi est-il si faible au CP ? Comme le dit F. Jarraud, est-ce parce que ces effets sont moins spectaculaires et gratifiants à court terme que ceux de l’enseignement du déchiffrage ? Suffit-il d’imposer des outils ou des méthodes pour faire évoluer les pratiques des enseignants ? Et pour permettre aux élèves d’accéder au sens et au plaisir de lire, écrire et d’apprendre ?

     

    Les témoignages d’enseignantes en réseau d’éducation prioritaire nous permettent de parler des difficultés rencontrées. Ils nous permettent aussi d’échanger autour de pratiques propres à chacun. L’adaptabilité à de nombreuses contraintes fait naitre de nouvelles façons de faire, de nouvelles manières d’enseigner, notamment à deux avec le dédoublement des classes de CP et de CE1 en REP+. Ces « petites façons, ou manières de faire », restent une richesse que cette journée a permis de mutualiser. Le métier de l’enseignant se caractérise par les ajustements, les trouvailles, qui sont mises en œuvre parfois inconsciemment afin de s’adapter aux nouvelles contraintes, auto-prescriptions et prescriptions institutionnelles…

     

     

    Quelques points forts de la journée

    Marie Marty :  A la maternelle, comment travailler la compréhension et développer des compétences empathiques avec des textes de littérature de jeunesse ?

    Marie Marty, formatrice REP + et enseignante en maternelle nous fait part de la mise en œuvre dans sa classe de la méthode « Narramus » créée par Roland Goigoux et Sylvie Cèbe. Une maquette des personnages et du lieu où se déroule l’histoire de l’album travaillé en classe (la sieste de Moussa) permet de soutenir l’élève lors de son évocation du récit. Le travail d’enregistrement permet de travailler la posture d’écoute de l’auditoire. Cette posture prend du temps pour être acquise et nécessite chez les élèves le sentiment de pouvoir à un moment donné avoir leur propre temps pour s’exprimer.

    L’objet d’apprentissage, dans ce cadre, est : raconter.Le narrateur redit l’histoire et entre en empathie avec les personnages. Les mots sont entendus plusieurs fois et redits : ce qui permet de réactiver la mémoire du vocabulaire.

    L’atmosphère : les enfants se sentent en sécurité, ils ont plaisir à « se donner en spectacle ». Une émulation nait, les enfants racontent à la maison l’histoire travaillée en classe. Cette tâche complexe et ambitieuse est sociale et transférable ; les élèves développent des compétences de compréhension et d’oralité et des stratégies cognitives. Les émotions peuvent être un vecteur d’apprentissage ou de désapprentissage. Il faut y être attentif. Construire le récit dans le collectif permet aussi de mieux le penser. Les instants de silence autorisés permettent de laisser le temps à la pensée de s’élaborer lors de la restitution du récit. Ils créent un climat de confiance. L’auditoire respecte la règle car son tour de parole sera considéré après la présentation du narrateur. L’auditoire est attentif pour comparer l’histoire reçue à celle qui est intériorisée par les enfants qui écoutent. Ils ont le droit de faire un retour sur les éventuels oublis ou désaccords ou précisions qu’ils souhaitent apporter. Les séances permettent à l’élève d’être questionné par le maitre : comment tu as fait pour apprendre ça, pour t’en souvenir ? Et de lui faire prendre conscience ainsi de ses propres stratégies.

     

    Stéphanie Lauras et Françoise Morel : le travail sur la compréhension peut-il être continué du cycle 1 au cycle 3 à travers l’exploitation et la mise en scène de différentes interprétations des élèves face à un même texte ?

    A partir de : « Le parapluie de Mme Ho », l’Activité de la classe est appropriation, mise à distance et réécriture afin de faire un film. Ce travail a été fait par une classe de MS-GS et par un CM1.

    Le résultat obtenu est une paraphrase du texte pour le cycle 3 et  une interprétation par les élèves de maternelle.

    A la maternelle , le texte a été  travaillé à partir d’éléments marquants , qui ont fait sens auprès des élèves: « le confident », le « doudou ».

    Cela pose la question de la construction identitaire professionnelle : quel rapport au savoir ? Sur les objets comme la compréhension, l’interprétation en littérature : on fait pratiquer la littérature, car c’est un espace de liberté de penser, qui est dérangeant. Dans un cas on explique seulement les mots, dans un autre on fait penser les élèves ; ils peuvent alors s’emparer (ou pas) du texte pour en faire quelque chose.

    La réalisation du film à partir de l’album est une tâche complexe : la manipulation contribue au processus de production, à l’interprétation, le processus fait partie de l’apprentissage.

    Pour conclure : il faut éviter d’évaluer les élèves sur la compréhension si on ne leur donne pas le moyen d’y accéder. La lecture oralisée permet de travailler sur les images mentales. L’accès au sens d’un texte dépend des pratiques professionnelles de l’enseignant, de son engagement, de sa formation.

     

    Pourquoi certains enseignants bougent-ils, se forment-ils et d’autres pas ? Certains observent leurs élèves, certains dispensent un enseignement. Il faut améliorer les conditions de travail des enseignants. A travers ces tâches complexes, on construit des habiletés cognitives : il faut construire du collectif, car on voit mieux à plusieurs. Les émotions sont vecteurs d’apprentissages. Une méthode, l’exploitation d’un album ne sont pas liés à une école mais à un enseignant et à ce qu’il en fait. 

    *************

    Focus sur la mise en place des CP dédoublés en zone d’éducation prioritaire, 
    et une nouvelle forme d’enseignement : le travail à deux.

    Alain Jean, MCF, faculté d’éducation, Montpellier : « Travailler à deux, un nouveau métier ? »

    Il présente la didactique professionnelle comme une analyse du travail. L’enseignant dans sa classe est au travail, il a une action sensée dans son travail.

    Sur les sites officiels, on ne trouve pas d’informations particulières sur le travail à deux. Or pour comprendre ce qu’il s’y passe, il faut accepter que le travail à deux soit aussi une affaire de personnes.

    Les enseignants qui travaillent à deux sont amenés à faire une invention accompagnée : au niveau de la culture enseignante, les dispositifs de CP dédoublés demandent une « révolution » , il s’agira d’inventer des nouvelles postures, à deux.

    Pour « essayer de comprendre », de voir,  Il s’agira, à partir d’analyses de pratiques de trouver « l’alchimie » entre les individus en tenant compte des invariants du sujet (Isabelle Vinatier).

    Les témoignages d’enseignantes révèlent que de travailler à deux, « enlève » des tensions. Un climat de classe plus serein s’installe lorsque l’on travaille à deux, ce qui permet aux élèves d’être dans de meilleures conditions pour apprendre. Travailler à deux suppose donc de modifier ses façons de faire, de se fabriquer des instruments pour travailler ensemble. Or l’artefact va se construire pour un couple donné, mais dès qu’un enseignant va changer, il va falloir le reconstruire. (emploi du temps, régulation des temps de paroles des enseignants, distribution de rôles, regards…)

    Un GRIF (Groupe de recherche Innovation Formation) va être mis en place sur la circonscription de Montpellier Nord.

    Il faut garder à l’esprit que les élèves pour apprendre mieux doivent voir augmenter de 20 % le lire, écrire, parler en classe.

     

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