Association française pour l’enseignement du français

Appels de l'AFEF

  • 27
    Sep

    Courrier de l'AFEF au Ministre de l'Education Nationale

    D'importantes régressions sont à craindre dans de nombreux domaines : littérature, grammaire, orthographe, séquences... . Un collectif vient de rédiger ce courrier envoyé au Ministre de l'Education Nationale pour demander une entrevue. N'hésitez pas à nous adresser vos commentaires ci-dessous.
    Monsieur le Ministre,

    Je m’adresse à vous en tant que présidente de l’AFEF (Association française des enseignants de français) pour solliciter une entrevue auprès de votre cabinet afin de vous faire connaître le point de vue d’une association qui, depuis près de quarante ans, accompagne l’évolution de l’enseignement du français.

    Enseigner le français est chose complexe dans le contexte du XXIème siècle avec ses classes composites, pluriethniques, les exigences nouvelles qu’impliquent une élévation de la qualification, les nouvelles technologies, le contexte européen, les mutations de l’espace francophone… Des propositions sont faites par le Ministère : de nouveaux programmes, le socle commun, l’évaluation par compétences, les parcours individualisés, l’école dans la république,… autour desquelles nous souhaitons pouvoir échanger et apporter notre contribution.

    La tradition de notre association nous a toujours portés vers ce qui est facteur de progrès pour les élèves et la nation en tentant de conjuguer tradition et modernité. Or ces avancées nous semblent menacées par des groupes, des courants qui exploitent l’inquiétude des parents et de la société et qui, sous couvert de sauver l’enseignement des lettres, s’en font les fossoyeurs, au risque de saper les choix novateurs de l’institution elle-même ! Mais est-on certain d’entendre véritablement la voix des enseignants ? Celle des milliers de professeurs de France, dont la réflexion, la capacité d’invention, le travail quotidien s’accomplit loin des déclarations fracassantes dont ils savent bien qu’elles n’aident jamais personne.
    Depuis plusieurs mois, l’enseignement du français a subi de nombreuses attaques dont les medias se font complaisamment l’écho. Ces critiques nous inquiètent, leur excès ne permet ni l’échange, ni le progrès tant la plupart affirme surtout la volonté d’un retour à des pratiques antérieures passéistes, voire archaïques, dont on ne peut ignorer qu’elles ne permettront de répondre ni aux besoins des élèves d’aujourd’hui ni aux demandes sociales.

    Notre association, depuis ses fondements, est attachée à la démocratie et aux valeurs de la République que l’école doit transmettre et dont l’enseignant se fait le médiateur… Nous tenons à faire entendre notre voix et sa spécificité dans les débats actuels et à venir sur l’enseignement du français. Ce sont ces valeurs qui fondent les bases d’une didactique, censée répondre à l’évolution des publics scolaires, en alliant les pratiques de terrain à une recherche universitaire reconnue dans le monde entier.

    Un certain nombre de principes nous semble désormais inscrit si étroitement dans les pratiques professionnelles qu’une remise en cause trop brutale risquerait de susciter, chez les enseignants, une incompréhension, voire une défiance préjudiciable à l’engagement que le pays attend d’eux. La continuité et la cohérence dans les choix sont, face aux lourds défis qui sont les nôtres, plus que jamais indispensables.
    L’interdisciplinarité, la complémentarité entre la lecture et l’écriture, une étude de la langue qui ne se contente pas d’un découpage artificiel en tâches répétitives, l’enseignement d’une littérature à la fois patrimoniale et contemporaine, ouverte aux différentes littératures de langue française ou étrangère, le décloisonnement des activités qui permet d’ancrer un apprentissage dans son usage, scolaire et social, sont des données sur lesquelles il nous sera difficile de revenir.
    Les enseignants de français que nous représentons se font une haute idée de leur métier pour l’intérêt de leurs élèves. S’ils sont conscients des difficultés concrètes auxquelles se heurtent les élèves, dans l’apprentissage de la langue et de l’orthographe notamment, ils ne sont pas prêts à revenir à des méthodes et à des démarches dont la seule vertu est de flatter la nostalgie d’un mythique âge d’or de l’école, et dont l’efficacité n’a jamais été prouvée scientifiquement, encore moins pour un enseignement de masse. Ils contestent ce modèle qui laissait trop d’élèves sur le bord du chemin de la réussite scolaire.

    L’avenir nous intéresse, la contribution à des propositions ministérielles également, et nous souhaitons faire entendre notre voix sur l’enseignement du français. C’est pourquoi, forts de notre connaissance du terrain et de la confiance que nous accordent des milliers d’enseignants nous nous adressons à vous, afin que l’AFEF prenne toute sa place dans le débat à venir.

    Viviane Youx, Présidente de l’AFEF

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